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Kaitei niman mairu / 海底二万マイル (Jules Verne, Nasu Tatsuzo, 1957)


Kaitei niman mairu / 海底二万マイル (Jules Verne, Nasu Tatsuzo, 1957)
titre original :Kaitei niman mairu / 海底二万マイル
type :roman, traduction,, texte abrégé, 210 pages
année :1957
pays :Japon
auteur :Jules Verne, Nasu Tatsuzo
illustrations :Komatsuzaki Shigeru, Sawada Shigetaka, Itô Ten'an
éditeur :Kaseisha (Tôkyô)
collection :Meisaku Bôken Zenshû, n°1
site web :http://www.kaiseisha.co.jp/


A propos de cette œuvre

Ce volume auquel nous consacrons ici quelques lignes n'est pas une adaptation dans le sens que nous lui prêtons en ce site qui, nous le rappelons, est un espace réservé aux oeuvres ayant adapté ou ayant puisé pleinement leur inspiration dans les romans Vingt Mille Lieues sous les mers et L'Île mystérieuse. En effet, cet ouvrage est tout simplement une traduction en japonais de Vingt Mille Lieues sous les mers. Toutefois, comme de nombreuses publications de ce genre, il entre dans la dénomination de l'adaptation de par un contenu différent du roman original : il s'agit d'un texte abrégé accompagné d'une iconographie réalisée à cette occasion pour les éditions Kaseisha / 偕成社.

Cette édition de Vingt Mille Lieues sous les mers est le premier volume sur 45 de la collection pour la jeunesse « Meisaku Bôken Zenshû » / 名作冒険全集 (Les Oeuvres complètes des grands chefs-d’œuvres de l'aventure, 1957-1960) qui proposera six autres « Voyages extraordinaires » de Jules Verne. Ce dernier y côtoyait, et ce parmi les plus représentés, Arthur Conan Doyle (5 volumes), H. G. Wells (4 volumes), Maurice Leblanc (4 volumes), Jack London (2 volumes), ou encore Robert Michael Ballantyne (2 volumes).

La traduction japonaise signée par l'écrivain pour la jeunesse Nasu Tatsuzô / 那須 辰造 (なす たつぞう, 1904-1975) a certainement été rédigée à partir d'une version abrégée, peut-être au travers d'une édition publiée dans l'hexagone. A cet égard, Nasu Tatsuzô, diplômé en littérature française à l'Université impériale de Tôkyô, a notamment traduit de cette langue Sans Famille d'Hector Malot, Le Grand Meaulnes d'Alain Fournier, des albums de Babar de Jean de Brunhoff ou, en version très abrégée à destination de la jeunesse, Les Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas. De Jules Verne, il traduira également Voyage au centre de la Terre en 1962 pour Shueisha, Deux ans de vacances en 1964 pour Kôdansha, Les Enfants du capitaine Grant en 1964 pour Gakken, et De la Terre à la Lune en 1968 pour Kaseisha. Il signa aussi en 1964 les documentaires pour les romans de Jules Verne dans la collection pour la jeunesse étant consacrée à ce dernier « Shônen shôjo Berunu kagaku meisaku zenshû » aux éditions Gakken.

Les illustrations internes en couleurs sont signées par le peintre Komatsuzaki Shigeru / 小松崎茂 (こまつざき しげる, 1915-2001), l'un des plus grands illustrateurs japonais dans le domaine de la SF et de ses représentations de toutes sortes (robots, vaisseaux spatiaux, véhicules et bâtiments militaires, espaces urbains et autres décors futuristes, ou encore parmi sa prolifique production la reprise des créations UFO et Thunderbirds de Gerry et Sylvia Anderson...). Il est notamment des plus célèbres au travers de ses travaux réalisés pour ses créations couvrant des boites de maquettes et de modèles réduits, ou encore ses publications dans des magazines pour lesquels il réalisa de nombreuses histoires sous la forme de l'emonogatari / 絵物語 (récit conté en images avec quelques écrits accompagnant ou mêlés plus ou moins aux dessins, que l'on peut appréhender – note personnelle – comme une sorte d'intermédiaire entre le kamishibai et le manga). Il sera d'ailleurs également l'un des plus célèbres représentant de ce type d'histoires illustrées avec, dans un genre différent, Yamakawa Sôji (Shônen Kenya, Shônen Ôja, Shônen Taïga), auteur et dessinateur dont on connaît en France Koya no Shônen Isamu de par son adaptation en série d'animation, et ayant pour titre dans l'hexagone celui de Willie Boy emprunté au film d'Abraham Polonsky (courte évocation de Yamakawa il y a quelques années, dans ce texte, à la page 7 : « Les Premières adaptations de manga »). Bien que défini comme mangaka, on peut également considérer Fukushima Tetsuji / 福島鉄次 (ふくしま てつじ, 1914-1992) comme un artiste proche des récits illustrés, ses oeuvres telle celle de Sabaku no maô / 砂漠の魔王 (Le diable du désert, 1949-56) qui inspira Miyazaki Hayao, notamment au travers de sa pierre magique et de quelques autres aspects de son univers, empruntaient ses formes d'expressions et de compositions à la fois au manga, au comics, mais aussi dans un sens large aux emonogatari.
Komatsuzaki Shigeru se fera également connaître au travers d'autres médias, tel le cinéma pour lequel il oeuvrera à la conception du sous-marin volant pour le film Kaitei Gunkan / Atragon réalisé en 1963 par Honda Ishirô, ce long-métrage s'inspirant du roman éponyme d'Oshikawa Shunrô, lui-même puisant son inspiration chez Jules Verne. A cet égard, Komatsuzaki avait déjà signé de nombreuses illustrations pour le roman d'Oshikawa lors d'une nouvelle publication en 1952-53 pour le magazine Omoshiro, et il reprit cette histoire en 1954-55 sous le titre Kaitei okoku / 海底王国 (Le Royaume sous-marin), cela en l'adaptant à sa manière, de celle qui donnera justement naissance au scénario du film de Honda Ishirô (Kaitei okoku ou le long-métrage ont peut-être quelque peu inspiré Matsumoto Leiji pour son Submarine Super 99 en 1964, bien qu'à l'époque il ait pu avoir d'autres influences, les civilisations sous-marines étant alors assez présentes dans ce genre de productions de divertissements...). Pour le même réalisateur, célèbre notamment pour ses Godzilla et autres Mothra, mais aussi pour avoir travaillé avec Kurosawa, Komatsuzaki fut également à la création artistique sur Chikyû Bôeigun / Prisonnières des martiens en 1957 et Matango en 1963, mais aussi Uchû daisensô / Bataille dans l'espace en 1959, l'un des premiers long-métrages au cinéma à proposer, comme son titre le suggère, des combats entre vaisseaux spatiaux de type Star Wars, cela avant que ne s'impose 18 ans plus tard ce genre de ballet en cette dernière trilogie.

En ce volume de Vingt Mille Lieues sous les mers, Komatsuzaki Shigeru s'inspira pleinement du long-métrage dirigé par Richard Fleischer pour Walt Disney. On retrouve ainsi des plans et leurs atmosphères proches de certaines photographies du film, des personnages ressemblant quelque peu aux acteurs, et pour le Nautilus, la copie exacte magnifiquement peinte de celui dessiné par Harper Goff pour le grand studio américain. Comme pour l'ensemble des créations de l'artiste, la vitalité des couleurs exposées impose de vives émotions, cela de par l'utilisation et des choix de mise en scène explosant d'une certaine magnificence au regard. Au sein de l'ouvrage, quelques autres illustrations furent réalisées par Sawada Shigetaka / 沢田重隆 (1918-2004), et Itô Ten'an 伊藤展安 (1936-), ce dernier ayant illustré de nombreuses couvertures ainsi que des boites de modèles réduits comme Komatsuzaki, certaines de ses oeuvres étant dans la mouvance de celles de ce dernier, de même que vivement colorées.
Pour Jules Verne à nouveaux, et peu après en 1959, Komatsuzaki Shigeru illustra six romans sur douze que comptait la collection pour la jeunesse « Berunu bôken meisaku senshû » / ベルヌ冒険名作選集 (Anthologie des classiques de l'aventure de Jules Verne, 1959-60) aux éditions Iwasaki Shoten, à savoir De la Terre à la Lune / Gessekai ryokô / 月世界旅行 (volume 1), Cinq semaines en ballon / Afurika ôdan sanjûgonichi / アフリカ横断三十五日 (volume 3, La traversée de l'Afrique en trente-cinq jours), Le Tour du monde en quatre-vingt jours / Hachi-jû nichikan sekai isshû / 八十日間世界一周 (volume 5), Voyage au centre de la Terre / Chitei no tanken / 地底の探検 (volume 6), Vingt Mille Lieues sous les mers / Kaitei niman mairu / 海底二万マイル (volume 7) et Face au drapeau / Akuma no hatsumei / 悪魔の発明 (volume 9, L'Invention du diable). Son dernier ouvrage lié au romancier français des « Voyages extraordinaires » se situe dans le domaine du modélisme, en 2001, peu avant qu'il ne quitte notre monde le 7 décembre de cette année-là. Il réalisa en effet, en sa 86ème année, l'illustration décorant la boite d'un modèle réduit représentant le Nautilus disneyen d'Harper Goff, cela pour la compagnie japonaise X-Plus qui le distribua à partir de 2001-2002.

Komatsuzaki, passé également maître dans l'art de la représentation de l'univers militaire, signera au cours des années 70 une magnifique série de tableau ayant l'imposant cuirassé de la Marine impériale japonaise – le Yamato – comme axe central. Il représenta ainsi les événements du Pacifique auxquels ce plus puissant des vaisseaux de guerre du moment prit part jusqu'à sa fin au fond des eaux... C'est également lors de cette décennie qu'il illustra en 1974, pour une sortie en décembre via Bandai, dans la collection « Media series » n°113, la boite du tout premier modèle réduit du Yamato de fiction et de surcroît de science-fiction, celui de la fameuse saga spatiale Uchû Senkan Yamato / Yamato le cuirassé de l'espace (du moins de la première série éponyme car à l'époque nul ne pouvait prévoir son évolution). Il s'agissait d'un kit constitué de quelques pièces, bleues pour les unes, rouges pour les autres, et l'ensemble ainsi monté donnait forme à un jouet plus qu'une maquette, des roues et un système de clé permettant au vaisseau, non pas de voler mais de rouler. Esthétiquement, si la forme simple est relativement respectueuse du vaisseau ayant atterri sur le petit écran japonais quelques mois plus tôt, les deux couleurs sont loin d'être à la hauteur d'autant que le rouge est absent d'un endroit des plus imposants, à savoir l'étrave, sur toute sa longueur, du bulbe à la partie arrière. De fait, si quelques passionnés prennent tout de même plaisirs à posséder un tel modèle à l'attrait divertissant et ludique destiné à l'époque aux jeunes adolescents ayant suivi la série, ils ont certainement tout autant de contentement d'avoir acquis l'objet avec sa boite et la superbe illustration flamboyante de Komatsuzaki la décorant, celle-ci transmettant toute la puissance enthousiasmante de cet emblématique vaisseau de l'animation japonaise. On rappellera que l'on doit la création de la saga Yamato, entre autres à Matsumoto Leiji, artiste que nous avons évoqué pour avoir imaginé son propre capitaine Nemo et son Nautilus sous la forme d'une baleine lors de l'édition DVD japonaise du film La Ligue des gentlemen extraordinaires, cela en vous présentant également d'autres baleines de l'espace, ainsi que les liens unissant fortement le capitaine Nemo à son personnage tout aussi emblématique, le captain Harlock / Albator.

Comme déjà évoqué pour d'autres éditions japonaises dont le format proposait un texte abrégé, nous ne pouvons que déplorer cela, comme avec les nombreuses éditions abrégées qui furent jusqu'à la fin des années 50 les seules existantes aux États-Unis. Mais certaines des publications de ce genre restaient acceptables de par divers aspects de leur conception, comme celle présentée en ces lignes avec les illustrations de Komatsuzaki. Sans pouvoir goûter aux subtilités de ses récits étoffés en de riches descriptions et autres développements, ces éditions permettaient tout de même d'appréhender l'univers littéraire de l'auteur. Ainsi, en 1957, pour lire Vingt Mille Lieues sous les mers, il n'y avait pas d'autre choix pour le lectorat de l'archipel que ce genre de publications destinées à la jeunesse, et de quelques autres traductions plus étoffées, mais toutefois également abrégées. Fort heureusement, en 1967, Eguchi Kiyoshi / 江口清 (1909-1982) traduira plus respectueusement ce roman à partir du texte original français dans une édition intégrale publiée par Shûeisha...

Ce volume vernien illustré par Komatsuzaki Shigeru sera réédité en 1972 dans la collection « Jidô meisaku shirizu » / « 児童名作シリーズ ».

Jacques Romero, 08/2012

Les images de la galerie sont © Kaseisha


Galerie

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