film

Disneyland: Our Friend the Atom (Hamilton Luske, 1957)


Disneyland: Our Friend the Atom (Hamilton Luske, 1957)
titre original :Disneyland: Our Friend the Atom
type :documentaire, 53 minutes
année :1957
pays :États-Unis
réalisation :Hamilton Luske
musiques :Georges Bruns
interprètes :Walt Disney, Heinz Haber, Paul Frees (narration)
producteur :Ward Kimball
studio :Walt Disney Productions, ABC
collection :Disneyland


A propos de cette œuvre

Il était évident que le capitaine Nemo avait découvert ce que les hommes cherchaient depuis toujours, le véritable pouvoir dynamique de l'Univers. Ce secret à lui seul lui conférait la maitrise des mers... (Professeur Aronnax : Paul Lucas).

C'est un secret à révolutionner le monde (Professeur Aronnax : Paul Lucas).
Ou à le détruire (Capitaine Nemo : James Mason).

Le documentaire Disneyland: Our Friend the Atom produit par le studio Disney dans la série Disneyland (14ème épisode de la 3ème saison diffusé à la télévision américaine le 23 janvier 1957) expose en son sujet l'avènement de l'ère atomique. Comme en de nombreux autres documentaires de ce genre, Disney fait intervenir un éminent scientifique pour que les propos énoncés le soient sous couvert d'une autorité en la matière, ici en l'occurrence l'auteur même du livre adapté en ce film. Ainsi, c'est le Dr Heinz Haber (1913-1990), physicien allemand et consultant scientifique chez Disney depuis déjà quelques années qui, avec un certain sens enthousiasmant de la pédagogie, explique dans cet épisode ce qu'est l'énergie nucléaire. Il compare tout d'abord celle-ci à un génie qui, sortant de sa lampe magique à l'appel de son maître – ici un pêcheur ayant trouvé l'objet par hasard –, exécuterait les ordres de celui-ci, qu'ils soient axés sur le bien ou le mal, si tant est que l'on puisse toujours distinguer l'un de l'autre (on peut émettre ici l'hypothèse que l'ouvrage graphique réalisé sur la création du génie a pu influencer quelque peu les animateurs du long-métrage Aladdin de John Musker et Ron Clements). Le message du Dr Heinz Haber est dès plus optimiste. De fait, il considère que si l'homme développe cette énergie en la maîtrisant avec le plus de sécurité possible, alors ce peut être un futur radieux que cette science encore inexplorée dans nombre de ses aspects pourrait offrir au monde. Bien évidemment cette vision positive du nucléaire, et abrutissante d'une manière certaine sur les masses de la population que l'on voulait alors endoctriner, a bien changé... Il n'en reste pas moins que ce film aborde son sujet de façon didactique, et la puissance de suggestion de l'image abonde techniquement et artistiquement dans le sens des propos qui y sont liés. Outre l'aspect de la recherche théorique, le métrage souligne également l'évolution de l'atome dans une perspective historique honorant à cet égard les scientifiques ayant rendu possible sa compréhension comme John Dalton, Amadeo Avogadro, Henri Becquerel ''c'est extraordinaire'', Pierre et Marie Curie, Albert Einstein, et enfin Lord Ernest Rutherford, ainsi que même, en amont, Démocrite pour sa vision de l'univers.

Si nous évoquons ce documentaire en notre site, c'est bien évidemment en rapport avec l'oeuvre vernienne de Vingt mille lieues sous les mers. En effet, l'introduction de ce film rappelle et souligne la présence de l'énergie nucléaire au sein du fameux Nautilus de la version cinématographique disneyenne adaptant le roman de Verne trois ans plus tôt, cela bien que cette énergie ne soit pas explicitement cité dans le long-métrage de Richard Fleischer. On découvre alors dans la présentation du documentaire, après les quelques extraits du film de fiction, Walt Disney (1901-1966) lui-même induisant dans son commentaire le lien avec le long-métrage 20,000 Leagues Under the Sea qu'il produisit (Walt Disney présenta la série Disneyland jusqu'à sa mort). Bien évidemment, à l'époque où Jules Verne écrivit son roman, les travaux sur l'atome n'en était qu'à leur début, et les scientifiques du XIXe siècle ne devinaient pas encore les possibles maîtrises et utilisations de celui-ci. Jouant sur la différence de temps – le film s'inscrit au sens large du terme comme l'une des premières oeuvres cinématographiques de style steampunk – l'adaptation disneyenne remplacera l'électricité qui était le moteur du Nautilus sous l'écrit de Jules Verne par l'énergie de l'atome (le roman laisse toutefois légèrement en suspend une éventuelle autre source d'énergie...). De fait, si l'adaptation de Vingt mille lieues sous les mers en 1954 peut laisser un infime doute quant au fonctionnement du Nautilus, le documentaire se charge de mettre clairement en lumière la source de celle-ci. C'est justement en 1954 que le véritable sous-marin à propulsion nucléaire nommé USS Nautilus (SSN-571, nomination déjà employée pour le SS-168 ou celui encore de l'explorateur Sir Hubert Wilkins que Disney rencontra justement lors de la fameuse expédition du sous-marin et que nous évoquons dans l'article Pôles et Nautilus) sera mis en service : sous-marin dont la maquette, après celle du Nautilus disneyen signé Harper Goff, est présentée également par Walt Disney dans ce documentaire diffusé en janvier 1957. En août de la même année, l'USS Nautilus nourri à l'énergie nucléaire tentera de réchauffer la nation américaine dans sa fierté face à l'URSS et son Spoutnik en naviguant sous le pôle Nord, ce qui n'avait jusqu'alors jamais été réalisé, cela pour y parvenir seulement en avril de l'année suivante, laissant en août de cette année-là, le soin à l'USS Skake (SSN-578) de faire surface en ce lieu.

On apprend dans la version disneyenne s'adaptant à ce nouvel élément que c'est suite à cette découverte que le capitaine Nemo a perdu ses proches (sans que ne soit évoqué son ascendance indienne que l'on découvre seulement à la lecture de L'île mystérieuse), la grande nation anglaise qu'il ne nomme pas ayant tout tenté pour lui arracher le secret qu'il ne voulait révéler, et pour lequel il sera emprisonné : Nous approchons de Vulcania, Je tiens à ce que vous vous rendiez compte de l'importance des secrets que j'ai réussi à découvrir et pour lesquels on m'a jeté en prison, de cette science qui a coûté la vie aux êtres que j'aimais, de ce pouvoir qui est encore le mien, qui suffirait à tirer l'humanité du fin fond des enfers pour l'entrainer au ciel, ou la détruire. Après peut-être vous sentirez-vous moins enclin au partage d'une telle trouvaille. Les derniers mots également du capitaine Nemo, avant qu'il ne meurt de sa blessure, sont particulièrement mis en relief dans l'avant-propos du documentaire ...mais dans l'avenir peut-être, si jamais le monde est prêt pour une vie meilleure que la notre, tout ceci deviendra une force bienfaisante, si Dieu le veut. Enfin, la destruction de l'île Vulcania où fut conçu le Nautilus, et où résidait encore le secret du sous-marin, fera écho une dernière fois à l'énergie nucléaire dans le panache de fumée produit par l'explosion. L'œuvre disneyenne en adaptant avec force belle manière le roman de Jules Verne, plongeait celui-ci dans un tout autre siècle que celui d'où il immergea, passant d'une science à une autre, de la lumière et de l'énergie électrique à la source atomique de la matière, prônant une ère nouvelle où l'humanité entière allait aborder le futur en façonnant des cathédrales au Dieu nucléaire...

Bien que l'adaptation disneyenne marquera fortement les suivantes, peu d'entre elles souligneront la présence de cette énergie pour faire fonctionner le sous-marin. On citera tout de même parmi les oeuvres usant de cet aspect chacune à des degrés divers de leur inspiration, la série canadienne The Undersea Adventures of Captain Nemo (1975) ou la série d'animation japonaise Nadia et le secret de l'eau bleue (1990).

Le documentaire Disneyland: Our Friend the Atom était une transposition du livre The Walt Disney story of our friend the atom publié en 1956 (Golden Press / Simon and Schuster, New York). Il fut traduit l'année suivante en France sous le titre Walt Disney nous conte l'histoire de notre ami l'atome chez Hachette. On découvre par ailleurs l'ouvrage dans le documentaire, le livre étant feuilleté au fil du métrage par son auteur, le Dr Heinz Haber.

Jacques Romero, 01/2012

Les images ci-dessous sont © Walt Disney Productions, Disney Enterprises, Inc


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