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A propos de cette œuvreTout comme le capitaine Nemo muni d'une lunette observant l'horizon océanique, un instrument empruntant quelque peu sa forme et sa vision aux jumelles permit également à tout un chacun, en 1954, de découvrir les aventures dudit capitaine. Cet objet, créé en 1939, et qui devint rapidement célèbre dès l'après-guerre, certes quelque peu oublié aujourd'hui, mais toujours exploité, c'est tout simplement la fameuse visionneuse stéréoscopique en 3 dimensions de View-Master (propriété de Mattel / Fisher-Price depuis 1997). Ainsi, parmi la multitude de titres édités pour divers modèles de View-Master, et dans un panel de thèmes proposés comme la géographie et les voyages au travers de la photographie, de nombreuses fictions seront également réalisées, soient reprenant des images extraites de films, ou adaptant ceux-ci dans une nouvelle forme (comme pour les magnifiques dioramas disneyens), ou encore proposant de célèbres histoires sans se reposer sur un ouvrage cinématographique préexistant. C'est justement de par cette dernière approche que le 20,000 lieues sous les mers exposé en cet article fut réalisé. C'est donc bien avant les récentes adaptations en 3D, telle celle du long-métrage Voyage au centre de la Terre réalisé en 2008 par Eric Brevig, qu'un roman de Jules Verne fut agrémenté pour la première fois d'un tel visuel, et ce avec un procédé dès plus simple produisant une certaine magie, voire une certaine poésie : deux photographies d'un même plan prises avec un court écart et exposées aux regards au travers de la visionneuse, dont le système stéréoscopique permet, comme pour des jumelles classiques, une vision avec une certaine perspective de la profondeur. On est fort éloigné des effets spéciaux numériques actuels mettant l'accent sur la 3D, et étant dans une certaine mesure, malgré diverses exceptions (les productions Pixar notamment), d'un aspect relativement froid, cela du à la nature intrinsèque de l'image de synthèse... mais cela est un autre sujet.Quoique cette oeuvre ait été conçue la même année que la production cinématographique de Walt Disney, elle n'est aucunement liée à celle-ci – tout du moins, aucune indication, quelle qu'elle soit, ne mentionne sur l'emballage ou le support du produit un quelconque lien entre les deux. De fait, de par sa conception et ses choix graphiques, cette série de diapositives offre un ouvrage visuellement original avec ses dioramas – plateau présentant diverses scènes du roman – composés des protagonistes et décors faits de diverses matières (résines, bois, argiles...), avec de même un Nautilus nouvellement créé à cette occasion. Le submersible adopte à cet effet une forme très effilé et quelque peu aplatis sur la partie haute du batiment, le pont étant orné à l'avant d'un ciselé de dents en pointes accentuant sa forme hydrodynamique. A propos de ce design, on notera également que les dessins, représentant ce Nautilus sur les boites des deux éditions (Sawyer et GAF Corporation), ne font pas apparaître la tourelle rétractable que l'on découvre alors dans quelques scènes en visionnant les diapositives. On remarquera également que le Nautilus était affublé sur sa coque de quatre éléments (projecteurs) dont la forme ovoïde sera caractéristique de l'imagerie futuriste qui allait alors évoluée au sein de l'illustration dans les divers domaines de la SF dans les années 60/70, allant pour exemple de l'univers des Thunderbirds à certaines oeuvres d'animation japonaises, en passant par la peinture, tout cela en s'inspirant entre autre d'éléments issus de l'aéronautique de l'après-guerre. Concernant le capitaine Nemo, et plus particulièrement l'uniforme de capitaine de la Marine dont il est vêtu – veste croisée avec double rangée de boutons, pantalon assorti et casquette à visière –, on pense quelque peu à James Mason, celui-ci portant dans la production Disney un habit assez similaire, mais ayant tout de même quelques différences, le sien étant plus court, et n'étant orné que d'une seule rangée de boutons. Quant au céphalopode représenté, contrairement à la production Disney qui a mis en scène un calmar géant, les artistes ont ici choisi de donner forme à une pieuvre. On peut tout de même voir en cette oeuvre que le capitaine Nemo et le Nautilus partagent quelques accointances avec ceux de la production du studio Disney pour lequel justement Lee et Ingaborg Green ont adapté quelques oeuvres. On pourrait ainsi supposer que la série de dioramas verniens a été créée en ayant connaissance du projet cinématographique, sans toutefois savoir si leurs créateurs ont eu accès à quelques travaux préparatoires du film de Richard Fleischer... Concernant l'énergie dont dépend le Nautilus de cette oeuvre, il est indiqué dans le commentaire du 4ème diorama du premier disque, alors que le professeur Aronnax visite le sous-marin avec pour guide le capitaine Nemo, qu'il s'agit de l'énergie atomique : Atomic power is the secret of the Nautilus!. C'est de fait une des premières fois où une adaptation évoque clairement cette source permettant au sous-marin du capitaine Nemo de se mouvoir. En cette même année de 1954, la production cinématographique disneyenne de Richard Fleischer en suggérait explicitement son rôle, sans toutefois la nommer, ce que fera concrètement Disney trois ans plus tard de manière didactique dans Disneyland: Our Friend the Atom, documentaire totalement dédié à la puissance engendrée par la fission nucléaire. Bien évidemment, cette adoption de l'atome par les studios Green et Disney pour le Nautilus de Jules Verne était en partie influencée par l'actualité, le sous-marin à propulsion nucléaire USS Nautilus (SSN-571) faisant parlé de lui depuis le début de la décennie. Il venait justement d'être inauguré le 21 janvier 1954 par Mme Dwight Eisenhower, lors du lancement du navire, à Groton, dans le Connecticut. Le studio Green, à qui l'on doit la conception de cet ouvrage, produira bien d'autres adaptations de ce genre. Ainsi, comme Florence Thomas et Joe Liptak, illustres créateurs de magnifiques dioramas reprenant des oeuvres de Disney ou Hanna & Barbera, Lee Green et son épouse Ingaborg Green feront de même pour de nombreux titres comme Robin des Bois, Robinson Crusoé, Rintintin, Rudolph le petit renne au nez rouge, ou encore Donald Duck, Peter Pan et Bambi. Lors de son passage dans la célèbre émission télévisée de divertissements des années 50 - You asked for it - présentée par Art Baker, sur la chaîne ABC, Lee Green donna justement quelques explications quant à la conception des marionnettes de 20,000 Leagues under the Sea pour le View-Master. Il précisa notamment, que par économie, le corps des personnages était conçu en général en un seul exemplaire, mais que chaque modèle avait tout de même des têtes interchangeables pour y faire figurer les différentes expressions que leur visage pouvait adopter au fil des situations. Parmi encore les artistes ayant officié à la conception des personnages, on soulignera la présence de Martha Armstrong-Hand (1920-2004) qui oeuvra notamment sur le modèle du capitaine Nemo. Cette artiste de renom fit de même avec Woody Woodpecker, Bugs Bunny, Rudolph le petit renne au nez rouge, ou encore pour Disney, avec Donald et Oncle Picsou. Parmi ses travaux les plus estimés, elle réalisa des poupées de porcelaine, dont elle apporta en ce domaine diverses évolutions, avec notamment l'utilisation des joints sphériques. Cette oeuvre était exposée sur trois disques composés de 7 doubles diapositives chacun. Un livret de 16 pages accompagnait l'ensemble : il contenait tout simplement un texte narrant l'histoire se déroulant au fil des diapositives, et découpé en autant de parties que de dioramas. Comme de nombreux autres titres du View-Master, ce 20,000 lieues sous les mers connaitra une version française (GAF packet-book – édition pour divers pays d'Europe, dont la France et la Belgique). Jacques Romero, 06/2010 Galerie d'images ci-dessous : Première ligne 1 : illustration de la boite (Sawyer Inc.) / 2 : illustration de la boite (GAF Corporation) / 3 : illustration de la couverture du livret. Seconde ligne 1 : image issue du disque 1 - The Secret of the Sea Monster / 2 : image issue du disque 2 - Battling the Giant Octopus / 3 : image disque 3 - Captain Nemo's Final Act. © Sawyer's Inc., GAF Corporation Galerie![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]()
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