film

Journey 2 – The Mysterious Island (Brad Peyton, 2012)


Journey 2 – The Mysterious Island (Brad Peyton, 2012)
titre original :Journey 2 – The Mysterious Island
titre français :Voyage au centre de la Terre 2 : l'île mystérieuse
type :94 minutes
année :2012
pays :États-Unis
réalisation :Brad Peyton
scénario / adaptation :Richard Outten, Brian Gunn, Mark Gunn
musiques :Andrex Lockington
interprètes :Dwayne Johnson, Josh Hutcherson, Michael Caine, Vanessa Hudgens, Luis Guzmán
producteur :Beau Flynn, Tripp Vinson, Charlotte Huggins
studio :New Line Cinema, Contrafilm
site web :http://www.imdb.com/title/tt1397514/


A propos de cette œuvre

Tel le premier volet réalisé en 2008 par Eric Brevig s'inspirant du Voyage au centre de la Terre de Jules Verne, ce long-métrage d'aventure qui en est la suite n'est pas une adaptation de L'Île mystérieuse. Il s'agit en fait d'une histoire se déroulant à notre époque avec un scénario revenant sur les traces des écrits du romancier, comme si celui-ci avait conté des voyages ayant véritablement eu lieu. Jules Verne est ainsi présenté pour avoir, sous couvert de la fiction, exposé des récits fantastiques mais néanmoins réels dont il aurait eu connaissance, et de plus, en ce film, associés à d'autres créations littéraires. Cela rejoint quelque peu les oeuvres de science-fiction tournant autour d'un univers tel le World Newton de Philip José Farmer, comme quelques autres artistes ont pu le faire sur de précédentes adaptations ou utilisations de l'univers du capitaine Nemo (notamment Alan Moore). De plus, la robinsonnade vernienne y est exposée très librement, mais totalement expurgée de son atmosphère originale, de même que de ses réflexions sur la nature humaine et de bien d'autres sujets évoqués dans le roman au travers des aventures de Cyrus Smith et de ses compagnons. Cela n'en demeure pas moins une oeuvre cinématographique divertissante que le jeune public appréciera plus particulièrement de par ses scènes d'action, mais manquant tout de même d'une épaisseur certaine dans son sujet comparé à la densité de l'oeuvre qu'elle évoque.

L'aventure débute avec une idée de base originale : Sean Anderson (Josh Hutcherson), le jeune héros du premier métrage reçoit un message radio crypté de son grand-père Alexander Anderson (Michael Caine) qui lui envoie les coordonnées du lieu où il se trouve depuis sa disparition, il y a deux années. Avec l'aide de son beau-père Hank Parsons (Dwayne Johnson), il découvre que la position géographique est celle d'une île située dans le sud-est asiatique à quelques 150 kilomètres des archipels de Palau, et qu'il s'agit non pas seulement de la véritable île mystérieuse du roman de Jules Verne, mais que celle-ci correspond également à celle de l'île au trésor de Robert Louis Stevenson, de même qu'à l'île de Lilliput des voyages de Gulliver de Jonathan Swift. Les trois cartes de ces îles ayant été assemblées forment ainsi une seule et même île qui indique la longitude et la latitude de cette dernière. Les situations ou plutôt les zones géographiques de ces différentes îles, quoique approximativement évoquées dans leur roman respectif (dans l'océan Atlantique pour Lilliput, et sans en faire mention pour l'île au trésor car il y est encore...), ne correspondent pas vraiment à celle qui les relit ici, même si le choix reste relativement judicieux, ce qui s'explique facilement si l'on suppose que les écrivains ont intentionnellement brouillé les cartes... Par ailleurs, lorsque Hank Pearsons expose ces cartes entre elles issues de trois éditions différentes, rien n'indique sur ces dernières l'échelle de représentation de ces terres ; elles sont donc supposées être du même ordre de grandeur. Les détails de ce genre sont tout de même à mettre de côté pour profiter au mieux de l'idée générale de cette découverte. Rappelons toutefois que Jules Verne situe l'île Lincoln plus au sud, au large de la Nouvelle-Zélande, sous un ciel austral, comme le récit d'une aventure réelle qui l'inspira Les Naufragés, ou vingt mois dans les Îles Auckland, 1863-65, écrit par François Raynal en 1866. Cyrus Smith émet également l'hypothèse que l'île où lui et ses compagnons séjournent n'est peut-être que le sommet d'un ancien continent, comme celui de l'Atlantide : « – Il est assez singulier, fit observer Gédéon Spilett, que cette île, relativement petite, présente un sol aussi varié. Cette diversité d'aspect n'appartient logiquement qu'aux continents d'une certaine étendue. On dirait vraiment que la partie occidentale de l'île Lincoln, si riche et si fertile, est baignée par les eaux chaudes du golfe mexicain, et que ses rivages du nord et du sud-est s'étendent sur une sorte de mer Arctique. – Vous avez raison, mon cher Spilett, répondit Cyrus Smith, c'est une observation que j'ai faite aussi. Cette île, dans sa forme comme dans sa nature, je la trouve étrange. On dirait un résumé de tous les aspects que présente un continent, et je ne serais pas surpris qu'elle eût été continent autrefois. – Quoi ! un continent au milieu du Pacifique ? s'écria Pencroff. – Pourquoi pas? répondit Cyrus Smith. Pourquoi l'Australie, la Nouvelle-Irlande, tout ce que les géographes anglais appellent l'Australasie, réunies aux archipels du Pacifique, auraient-ils formé autrefois une sixième partie du monde, aussi importante que l'Europe ou l'Asie, que l'Afrique ou les deux Amériques ? Mon esprit ne se refuse point à admettre que toutes les îles, émergées de ce vaste Océan, ne sont que des sommets d'un continent maintenant englouti, mais qui dominait les eaux aux époques anté-historiques. – Comme fut autrefois l'Atlantide, répondit Harbert. – Oui, mon enfant... si elle a existé toutefois… » (L’Île mystérieuse, 1ère partie, chapitre 21). Cette idée est de fait suggérée dans le film L'Île mystérieuse réalisé en 1961 par Cy Endfield, où l'on peut voir au fond de l'océan Pacifique des ruines antiques renvoyant à celles de l'Atlantide de Vingt Mille Lieues sous les mers, le roman, mais aussi au film de Richard Fleischer. C'est donc fort naturellement que cette île découverte par Alexander Anderson nous sera présentée également comme abritant la cité évoquée par Platon dans le Timée et le Critias.

On retrouve ainsi sur cette île mystérieuse et autres des caractéristiques étant issues des quatre mondes précédemment évoqués. Tout d'abord l’aspect de gigantisme et de nanisme de la faune et de la flore pour les îles découvertes par Gulliver et qui est aussi, pour le gigantisme, le point fort du film L'Île mystérieuse de Cy Endfield, celui-ci renvoyant à La nourriture des dieux de H. G. Wells (traduit en France sous le titre Place aux géants), le capitaine Nemo y ayant expérimenté et transformé le métabolisme de certains animaux pour lutter contre la faim dans le monde. Les abeilles géantes qui étaient présentes dans ce métrage sont à nouveau de service dans Voyage au centre de la Terre 2 : l'île mystérieuse, mais sensiblement moins dangereuses. Concernant l'île au trésor et l'or convoité par Long John Silver, le précieux métal se trouve ici sous la forme d'or volcanique, ce qui fait référence également au roman Le Volcan d'or de Jules Verne. Enfin, pour ce qui appuie l'identité de l'île découverte par le capitaine Nemo, on peut souligner évidemment la présence de la tombe dudit capitaine dans une grotte où ses hommes d'équipage ont déposé son corps après sa mort, alors que dans le roman, c'est le capitaine Nemo, le dernier survivant du Nautilus, qui se meurt lorsqu'il reçoit en son navire Cyrus Smith et ses compagnons ; le Nautilus qui deviendra sa tombe alors qui l'île qui l'abrite est engloutie sous les flots. On peut voir par ailleurs en cette manifestation d'un Nemo mort depuis longtemps, un écho à la présence du corps du capitaine et de son fantôme dans le jeu vidéo français Retour sur l'île mystérieuse réalisé par Kheops Studio en 2005 via les éditions canadiennes The Adventure Compagny. Quant à l'Atlantide, quatrième identité de l'île englobant les autres, les ruines typiques de la cité antique sont marquées, sur son sol en son centre, d'un sceau où figure le nom de ce lieu qui appose ainsi la véritable identité première de l'île.

Concernant encore L'Île mystérieuse de Cy Endfield, le compositeur Andrew Lockington qui signe la bande originale de Voyage au centre de la Terre 2 : l'île mystérieuse désirait produire une composition, quoique sans s'en inspirer et y faire écho, au moins digne dans la perspective de cette adaptation de celle que Bernard Herrmann produisit pour le film de Cy Endfield, comme il avait adopté cette démarche sur Voyage au centre de la Terre - 3D, en référence au Voyage au centre de la Terre réalisé en 1959 par Henry Levin, et dont la musique fut de même composée par Bernard Herrmann. Si dans le premier opus il a utilisé des tambours japonais, dans ce second volet, il a introduit et mêlé à l'orchestration classique des percussions originaires de Nouvelle-Guinée (lire à cet égard un bel article consacré à la bande original du film sur Goldenscore. On soulignera encore que le réalisateur Cy Endfield dirigea Michael Caine dans Zoulou en 1964, l'un des premiers grands rôles de l'acteur dont on rappellera que celui-ci a également interprété le capitaine Nemo en 1997 dans le téléfilm 20 000 Lieues sous les mers réalisé par Rod Hardy.

Ainsi, après avoir décrypté le message d'Alexander Anderson, Sean et Hank partent très rapidement pour la république des Palaos. Sitôt arrivés, cherchant un guide, ils louent les services de Gabato (Luis Guzman, un des éléments comiques du film), un pilote d'hélicoptère pour touristes sans peurs, ou plus exactement ce dernier les invite expressément à le faire, ce qu'ils acceptent, surtout Sean, lorsque celui-ci aperçoit Kailani (Vanessa Hudgens, l'élément de charme du film), la fille de Gabato. Vanessa Hudgens, devenue célèbre avec les Hight School Musical, jouait en 2009 dans College Rock Stars, film produit par le studio Walden Media a qui l'on doit ce Voyage au centre de la Terre 2 : l'île mystérieuse ainsi que, outre la saga de Narnia ou Le secret de Terabita avec Josh Hutcherson, l'adaptation du Tour du monde en 80 jours avec Jackie Chan.
Kailani, malgré le prix que Sean est prêt à payer, est toutefois réticente à une telle excursion dans une zone connue pour son extrême dangerosité, mais son père l'en persuade, les études de sa fille étant sa préoccupation première. L'hélicoptère, arrivé près des coordonnées envoyées par Alexander, subit alors les effets d'une tempête, comme la montgolfière dans le roman de Jules Verne, et les passagers devenus des naufragés des airs se retrouvent sur une plage. Peu après avoir pénétré dans les profondeurs de l'île et en avoir découvert quelques particularités, le grand-père de Sean ne tarde pas à apparaître en sauvant nos héros des ''griffes'' d'un lézard géant (celui-ci est un clin d'oeil au lézard se trouvant sous un coffre de bois dans la grotte de L'Île mystérieuse de Cy Endfield). Le lendemain, après les avoir accueillit pour la nuit dans sa ''propriété'' avec tout le confort moderne qu'il souligne de son humour, Alexander leur fait découvrir les vestiges d'une cité qui n'est autre que celle de l’Atlantide, dont Jules Verne avait fait une des étapes de l'odyssée sous-marine du capitaine Nemo (dans le roman Vingt Mille Lieues sous les mers, l’Atlantide se situe dans l'océan Atlantique, comme de nombreuses hypothèses parmi les plus courantes le suggèrent, le sud-est asiatique où se déroule cette aventure n'étant toutefois pas exclu). Mais contrairement aux calculs d'Alexander qui l'ont conduit à estimer que l'île suit un cycle qui engloutira à nouveau cette terre dans quelques années, Hank s'aperçoit de par son expérience professionnelle qu'il n'en est rien et qu'il ne reste en fait que quelques heures avant que l'île ne se retrouve sous les eaux. Fort heureusement, et après l'avoir récupéré – ce qui donne l'occasion de voir Vanessa Hudgens se faufiler dans une galerie étroite –, grâce au livre de bord que le capitaine Nemo tenait encore entre ses bras dans la grotte lui servant de tombeau, les naufragés du ciel apprennent que le sous-marin Nautilus est caché sur l'île, sous la falaise de Poséidon. Cette recherche du vaisseau, ultime solution pour quitter l'île à temps, occupera la seconde moitié du métrage. Ainsi comme dans le roman de Jules Verne, l'île est vouée à sombrer au fond de l'océan, mais cela très peu de temps après l'arrivée des naufragés, donnant une histoire se déroulant sur quelques heures, et donc un rythme d'action rapide au contraire du roman.

Quoique très prévisible, tant de par l'aventure que de par la nature psychologique des personnages dans ce genre de divertissement, l'ouvrage reste agréable à suivre si l'on se prête au ludisme de celui-ci, jouant beaucoup sur l'humour plus ou moins amusant selon les répliques, et bien évidemment sur ses décors naturels et les effets spéciaux accompagnant l'ensemble. Parmi ceux-ci, en admettant que l'on puisse s'installer sur le dos d'une abeille géante sans que cela n'incommode celle-ci comme le feront les héros de cette aventure, on trouvera tout de même improbable de contrôler également sa conduite. Mais l'improbabilité dans cette oeuvre n'est pas ce qui indispose les scénaristes, et pour les besoins de l'entertainment, et dans un tel univers fantastique, on peut se permettre ce genre de chose même si un certain degré de ridicule survole la scène. A cet égard, à propos de la course poursuite entre les abeilles poursuivies par des volatiles, la version française qui reprend la terminologie de la version originale reprend également l'erreur de taxinomie de celle-ci en nommant les poursuivant de martinet épineux noir au ventre blanc, alors qu'il s'agit de guêpiers aux magnifiques couleurs. Cette scène s'accorde tout de même à la personnalité d'Alexander Anderson qui passe à merveille au travers d'un Michael Caine qui s'est amusé avec ce rôle dont les répliques drolatiques sont parmi les plus spirituelles du film.

On notera tout de même parmi quelques faiblesses des dialogues, des propos peu précis comme lorsque Alexander dit qu'au chapitre 16 (sans mentionner qu'il s'agit de la troisième partie), Jules Verne a écrit que le Nautilus est caché sur l'île, alors qu'au chapitre précédent Cyrus Smith et ses compagnons ont déjà pénétré l'engin. De même, juste avant cela, Sean évoque, via la version française, la date de 1887 pour la construction du sous-marin, bien que dans la version originale étasunienne il indique 1870, alors même que le roman de Jules Verne se déroule de 1865 à 1869. Cette date de 1870, pourrait-elle être une erreur reposant sur une ancienne traduction anglaise sur laquelle le scénario du film reposerait également ? ou serait-ce en référence à certaines étrangetés temporelles créées par Jules Verne entre son roman Vingt Mille Lieues sous les mers et sa suite L'Île mystérieuse dont les dates précèdent dans le temps la narration du premier récit...

Les trois ouvrages que l'on aperçoit dans ce film

Concernant le livre de Mysterious Island que l'on voit dans le métrage, il correspond au volume 1 sur 3 intitulé Mysterious Island: Shipwrecked in the Air édité sans autorisation en 1875, à Boston, par Henry L Shepard and Company avec les illustrations d'origine, la même année où l'éditeur new-yorkais Scribner, Armstrong & Co. faisait de même officiellement, cela en parrallèle de la première édition londonienne Sampson Low, Marston & Company Ltd (le roman fut publié à l'origine en feuilleton dans le Magasin d'Éducation et de Récréation entre septembre 1874 et octobre 1875 pour connaître une première édition en volume en décembre 1875). On pourra voir également une illustration semblant issue du récit vernien, et de fait de ce volume que compulse Hank alors que le groupe se dirige en direction de la falaise de Poséidon, mais le dessin ne correspond à aucun de ceux de Jules-Descartes Férat, illustrateur de l'original des éditions Hetzel, que cela soit dans son sujet ou dans sa technique. Peut-être vient-il d'une autre édition étasunienne du roman avec de nouvelles illustrations ? Quant au livre de Treasure Island apparaissant à l'écran, il s'agit de l'édition de 1899 de Cassell & Company de Londres, l'éditeur d'origine de ce roman publié en 1883. Cette réédition était accompagnée par des illustrations de Wal Paget. Enfin, le volume de Gulliver's Travels est celui de The World Syndicate Publishing Company (Cleveland / New York City) publié en 1892.

Cet article se poursuit sur la page consacrée au capitaine Nemo et au Nautilus qui sont présents en ce film. Il vous suffit de cliquer sur le nautile bleu en bas de page.

Jacques Romero, 10/2012


Galerie

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