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Taina Dvukh Okeanov / Тайна двух океанов (Konstantin Pipinachvili, 1955)


Taina Dvukh Okeanov / Тайна двух океанов (Konstantin Pipinachvili, 1955)
titre original :Taina Dvukh Okeanov / Тайна двух океанов
titre français :Le mystère des deux océans
type :film, 152 min. (en deux métrages)
année :1955
pays :Géorgie (URSS)
réalisation :Konstantin Pipinachvili
scénario / adaptation :Vladimir Alexeyev
musiques :Alexi Macevariani
interprètes :Sergei Stoliarov, Igor Petrovich Vladimirov, Sergei Golovanov, Pyotr Sobolevsky, Antonina Maksimova,
studio :Grouzia-Film
site web :http://www.kinoexpert.ru/index.asp?comm=4&num=3669


A propos de cette œuvre

Si dans le roman original datant de 1939 il s’agit d’un récit d’aventure mêlé au genre militaire, avec en l’occurrence un espion japonais, l’adaptation cinématographique insérera l’intrigue dans le contexte d’alors, à savoir la Guerre Froide. L’histoire débute avec la destruction de deux navires : le bateau français le Victoire est coulé dans le Pacifique, et le bâtiment russe Arctique sombre dans l’Atlantique. Le sous-marin soviétique Pionner part alors à la recherche de ce qui a pu provoquer ces disparitions. Pendant leur voyage océanique, les membres de l’équipage seront amenés à sauver des marins qui allaient sombrer avec le cachalot qu’ils avaient harponné. Ils navigueront également aux travers des glaces où ils découvriront à la surface de l’océan, une petite barque occupée par un jeune enfant naufragé du navire Arctique. Le jeune garçon aidera l’équipage à démasquer l’espion dont la nationalité restera inconnue dans le scénario, tout en étant plus ou moins suggérée. Découvert, il se réfugiera dans une base située sur une île abritant des statues très proches de celles de l’île de Pâques, mais toutefois s’en différenciant quelque peu.

Le film fut primé au Festival de Damas en 1956 pour ses effets spéciaux. On notera pour ceux-ci une maquette du submersible qui pour les vues extérieures se marie bien à l’élément liquide. Les détails sont assez définis pour offrir des plans rapprochés. L’intérieur du submersible est également agrémenté de quelques décors, qui même s’il manque d’une certaine identité, n’en sont pas moins appréciables. Les prises de vues à la surface ne sont pas tout à fait réussies, le contraste entre l’océan et l’image de la maquette manquant de cohérence visuelle, mais toutefois les plans de pieds du sous-marin flottant sur l’eau sont réalisés avec un modèle en taille réelle. Dans sa globalité, l’ensemble ne manque pas de charme, même si l’on sent que le studio Grouzia-Film avait des moyens plus réduits que ceux de Disney.
A cet effet, cette adaptation du roman russe Taina Dvukh Okeanov, qui lui-même s’inspirait de l’œuvre de Jules Verne, s’inspire également quelque peu de précédentes adaptations cinématographiques ayant transposées les deux romans qui nous intéressent ici. A savoir Mysterious Island de Lucien Hubbard en 1929 (on peut y voir par exemple des scaphandres de forme et de constitution assez proches et tout aussi peu flexibles) et plus encore 20000 Leagues Under the Sea de Richard Fleischer. Cette production fut d’ailleurs lancée, on peut le suggérer, peut-être en réaction au succès disneyen et américain sorti sur les écrans un an plus tôt. On pourra y voir à cet égard quelque emprunt ou inspiration, comme la scène où un membre de l’équipage du Pionner prend son accordéon, joue et chante une chanson plus mélancolique tout de même que celle que chantonnait Kirk Douglas.
Tourné en deux parties, cumulant plus de deux heures de métrage, cette production de la République Socialiste de Géorgie ajoutait à l’aventure une nouvelle dimension, celle liée à la Guerre Froide commencée quelques années auparavant. Ainsi l’espionnage y est pleinement développé, cela au détriment de l’exploration, mais aussi des éléments fantastiques dont on aurait apprécié quelques arrangements supplémentaires. En cela, il est une petite déception sur l’apparition du calmar géant moins impressionnante que son homologue américaine. Elle est également assez courte et quelque peu occultée, d’autant plus qu’elle concluait le premier film avec suspens, la créature s’étant accrochée à un module, et dont on pensait revoir la scène dans le film suivant, mais où elle sera absente visuellement.

On soulignera encore que ce film fut réalisé en Géorgie, qui était alors une République de l’Union Soviétique (devenue indépendante en 1991), peu après la mort de Staline qui était un enfant du pays caucasien. Les géorgiens, tout au moins une partie de la population, protestèrent en 1956 offusqués par le discourt de Nikita Khrouchtchev condamnant ‘‘l’homme d’acier’’ après sa mort, soulignant les exactions criminelles du ‘‘petit père des peuples’’ avec les purges staliennes.

Bien évidemment on est très loin des aventures du capitaine Nemo et de son Nautilus, mais il est indéniable que le souffle vernien qui avait traversé le roman d’Adamov, même s’il s’est atténué au travers de ce film, est toutefois encore perceptible de par entre autre les influences picturales citées plus haut.

Jacques Romero, 09/2007

Pour compléter cet article, voici une petite biographie de Sergei Stoliarov, interprète du capitaine du Pionner, illustre acteur ayant notamment joué dans l’un des chefs-d’œuvre du merveilleux d’Alexandre Ptouchko, Le tour du monde de Sadko (1952) : http://www.kinoglaz.fr/u_fiche_person.php?num=662

Images de la galerie : 1. Affiche russe / 2. Affiche française / 3. Affiche roumaine


Galerie

Taina Dvukh Okeanov / Тайна двух океанов (Konstantin Pipinachvili, 1955) Taina Dvukh Okeanov / Тайна двух океанов (Konstantin Pipinachvili, 1955) Taina Dvukh Okeanov / Тайна двух океанов (Konstantin Pipinachvili, 1955)

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