pièce de théâtre

20 000 Lieues sous les Mers (Sydney Bernard, 2005)


20 000 Lieues sous les Mers (Sydney Bernard, 2005)
titre original :20 000 Lieues sous les Mers
type :pièce de théâtre, 65 min
année :2005
pays :France
mise en scène :Sydney Bernard
musiques :John Scott
direction artistique :Hubert Patrice, Ronan Mahéo, Loïc Le Cadre, Amélie Michel
interprètes :Sydney Bernard, Thierry Le Gad
éditions :Cité des Augustes de Brest, Océanopolis de Brest


A propos de cette œuvre

Ce spectacle pour tous publics, créé et mis en scène par Sydney Bernard, adapte le roman de Jules Verne sous la forme d'une conférence. Celle-ci est donnée par le professeur Pierre Aronnax (interprété par Sydney Bernard lui même), de retour de son voyage auprès du capitaine Nemo. Ainsi, en ce 22 décembre 1868, soit quelques six mois après le périple sous-marin, on apprend ce que fut cette aventure quelque peu imposée par l'énigmatique capitaine, au professeur et à ses deux compagnons, Ned Land et Conseil.
Le professeur Aronnax sera tellement pris par l'évocation de son récit et des souvenirs qui le marquèrent, que ceux-ci commenceront à prendre véritablement forme. C'est ainsi qu'il utilisera son bureau de conférencier comme passerelle imaginaire entre le lieu présent et le Nautilus où il fut témoin de toutes les merveilles qu'il a pu observer. Ainsi, sur celui-ci, en tôle d'acier dépoli et orné de hublots, on pourra observer divers objets issus de l'univers du naturaliste, comme un poisson diodon symbolisant Conseil, dont on sait qu'il connaissait par coeur les différents noms de toutes les espèces vivantes du milieu marin, une huître opiniâtre à l'humour anglais pour Ned Land, ou encore un renard pour le journaliste du New York Herald Tribune. Ce pupitre qui jouera également le rôle de l'orgue fera apparaître le poulpe géant, allant même jusqu'à entrer en contact avec l'assistance. Un grand moment de surprise, tout aussi grand que les treize mètres de longueur des tentacules dont les spectateurs subiront une amusante menace. Le public sera ainsi à plusieurs reprises sollicité, entrant encore un peu plus dans cet univers fantastique. Les principales étapes du voyage seront conservées, de la découverte des ruines de l'Atlantide à la conquête du Pôle Sud, en passant par l'attaque du requin lors de la visite faite aux pêcheries des perles de Ceylan. Visite qui sera évidemment l'occasion d'enfiler un scaphandre. L'épisode concernant Vanikoro et la fin tragique de l'expédition de La Pérouse est également évoqué, alors que le printemps précédent la première représentation de ce spectacle, une sixième expédition à bord du Jacques Cartier avait eu lieu en cet endroit, pour à nouveau enquêter sur le déroulement de ce naufrage datant de 1788. Quant au capitaine Nemo, il est représenté par un crâne de tigre. Ce choix rejoint celui des bédéistes Rochette et Hugot pour leur bande dessinée Nemo le capitaine vengeur, où le visage du capitaine Nemo était celui d'un tigre. Au-delà de la symbolique qu'évoque ce félin, le crâne représentera également l'inéluctabilité de la voie prise par Nemo, celle d'un homme qui a fait un choix face à l'humanité qu'il voit comme une sorte de maelström qui s'engloutirait lui-même, et dont au final il ne pourra échapper.

Ce spectacle, s'il est un divertissement des plus ludiques faisant usage de lumières et moult effets spéciaux, se veut également le théâtre de réflexions sur notre monde actuel, appuyant les propos de Nemo quant aux nombreux problèmes écologiques que celui-ci prévoyait. Il sera ainsi évoqué les excès de la pêche ou les dérangements que l'homme fait subir aux climats, tout en soulignant bien d'autres problèmes comme l'esclavagisme, le colonialisme ou la guerre. Le montage est ainsi fait que pas un seul instant de répit n'est alloué sur toute la durée du spectacle. Cela pourrait être quelque peu contraignant ou fatiguant, mais les idées, autant scénaristiques que visuelles, sont amenées de manières originales et avec une certaine légèreté poétique dont il ressort tout simplement un grand moment d'enchantement. Le spectacle s'adapte aux possibilités techniques de chaque salle, et peut se jouer également avec un minimum d'effets spéciaux, donnant à ce conte un aspect plus oral. A cet effet, sa durée peut varier selon sa mise en scène.

L'accompagnement musical reprenait des compositions écrites par Patrick John Scott pour le documentaire Expédition Jules Verne : à bord du trois-mâts Belem (2003). Ayant beaucoup écrit pour le cinéma et la télévision (Greystoke, Nimitz retour vers l'enfer), ce compositeur avait déjà navigué dans l'univers océanique avec notamment ses très belles partitions sur de nombreux épisodes de la série de documentaires Cousteau à la redécouverte du monde (1984). De même, il avait déjà côtoyé l'univers de Jules Verne en composant pour le film Rocket to the Moon (1967) et le téléfilm 20000 lieues sous les mers de Michael Anderson (1997). Il participa également au 13ème Festival du Film Jules Verne en 2005.

Créé lors du centenaire de la mort de Jules Verne, ce spectacle ponctuait à merveille cette fin d'année commémorative. Celle-ci fut marquée par quelques autres créations artistiques, dont on peut citer pour exemple Voyage au centre de la Terre mis en scène au Stade de France par Philippe Corbin et Stéphane Vérité.


Sydney Bernard

Sydney Bernard est le créateur, metteur en scène et interprète de ce spectacle. Il est le co-directeur de la Cité des Augustes à Brest, compagnie de spectacle qu'il créa en 1993, après avoir été le directeur du Théâtre de l'Ombre à Paris. C'est un artiste qui prend ses racines dans l'art de la scène et ses multiples facettes, telles le cirque, le théâtre de rue et l'art du conteur. Ainsi il a étudié et mis en pratique de nombreuses formes artistiques vivantes comme la pantomime, le jeu du clown au-delà de son image classique, celui des marionnettes ou encore celui des masques. Sa formation, il l'acquière aux Ateliers du Théâtre dirigés par Rose Belmas, dernière élève de Charles Dullin (1885-1949, il enseigna Jean Marais ou Marcel Marceau, et joua auprès de Louis Jouvet) qui comme Jean Vilar que nous avons évoqué dans l'article consacré à Jean Topart, fera beaucoup pour la décentralisation théâtrale. Ses dernières créations reposent également sur de grandes personnalités artistiques. La Mouche et autres nouvelles de l'Anti-Monde adapte ainsi trois nouvelles de l'écrivain et journaliste Georges Langelaan (1908-1972) qui s'est illustré dans le Réalisme Fantastique. Cette idée d'adaptation lui a été suggérée par Georges Pernoud, le créateur de l'émission télévisée Thalassa. Il est revenu ensuite à un spectacle pour tout public avec Jour de fête à Tréflez, s'inspirant du film Jour de fête de Jacques Tati. Les Astrobulles, son tout dernier ouvrage qui sera en représentation comme les précédents jusqu'en 2009, est un spectacle original qui joue à nouveau sur le fantastique, alliant déambulation, musique et danse.

La Cité des Augustes s'est installée définitivement en 2007 dans le quartier St Pierre de Brest, créant le Cabaret Fantastique du nom très évocateur Le Kraken. Pour en savoir encore un peu plus sur l'univers de Sydney Bernard et de la Cité des Augustes, nous vous invitons à parcourir le site officiel de cette compagnie théâtrale : http://www.citedesaugustes.com/

Pour conclure cet article en beauté, voici quelques mots de Sydney Bernard s'exprimant fort joliment sur son activité artistique : « "Sera nouvelle l'école qui engendrera un théâtre nouveau..." disait Vsevolod Meyerhold, un des pères fondateurs du théâtre moderne, alors je pense que sera nouveau le théâtre qui engendrera une nouvelle école... ! Depuis 20 ans, je cherche dans le métissage des Arts Vivants à créer des spectacles, des formations, des animations, destinées à un large public, qui associent le texte, le visuel, et le fantastique aux techniques de l'acteur, du mime, de la marionnette, du masque, du clown et de la musique. Mettre un peu de rue dans notre théâtre, un peu de cirque dans nos textes, beaucoup de poésie dans notre humour, le tout pour chercher à imaginer un monde plus humaniste, à apporter notre petite pierre au développement de la conscience humaine et au goût du beau, voilà peut­être le résumé de nos travaux et de notre engagement... »


Le Kraken à Paris - Eté 2009

Le spectacle de Sydney Bernard ayant toujours autant de succès, il était plus que normal que la capitale le reçoive pour ‘‘quelques’’ représentations. C’est ainsi que le 20000 Lieues sous les mers de la compagnie Le Kraken sera joué pendant toute la période estivale, du 30 juin au 26 septembre 2009. C’est le célèbre Théâtre Déjazet qui accueillera ainsi le formidable spectacle ‘‘sous-marin’’ qui a déjà embarqué tant d’heureux compagnons de voyage à son bord.
C’est une nouvelle aventure qui commence pour cette pièce. Ainsi celle-ci se verra agrémentée de nouveaux décors. De même, au-delà de la scénographie, avec la collaboration du directeur d’acteurs Patrick Pezin, la troupe d’artistes travaille actuellement à revisiter la mise en scène. L’ensemble de cette nouvelle étape artistique est parrainé par Jean Verne, arrière petit-fils de Jules Verne, qui ne tarit pas d’éloge envers la création de Sydney Bernard - « C‘est l‘une des meilleures adaptations d‘une œuvre de Jules que j‘ai vue à ce jour » - tout comme nombre de journalistes ayant eu le bonheur d’en être spectateurs.

Jacques Romero, 06/2007

Précédentes représentations du spectacle 20 000 Lieues sous les Mers :

- Océanopolis, Aquarium de Brest, Auditorium, du lundi 26 décembre 2005 au samedi 31 décembre 2005
- 60ème Festival d'Avignon, au Théâtre du Chien qui Fume, en juillet 2006
- Sous chapiteau, place Guérin à Brest, 2006 jusqu'au 7 janvier 2007
- Salle des fêtes du Lignon, à Vernier (Suisse), dans le cadre du Festival Jeunesse, le samedi 17 mars 2007 à 16h30

Prochaines représentations du spectacle 20 000 Lieues sous les Mers :

- Au théâtre du Pays de Morlaix, à 20h, du mardi 24 juillet 2007 au samedi 28 juillet 2007 et du mardi 31 juillet 2007 au samedi 4 août 2007.

[Crédits Photos : Océanopolis - Brest / Thierry]


Galerie

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