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Kaitei niman kairi / 海底二万リーグ (Uno Seiichirô, 1981)


Kaitei niman kairi / 海底二万リーグ (Uno Seiichirô, 1981)
titre original :Kaitei niman kairi / 海底二万リーグ
titre français :Vingt mille lieues sous les mers
type :radio drama
année :1981
pays :Japon
compositeur :Uno Seiichirô
interprètes :Kawakubo Kiyoshi, Wakayama Genzô, Usui Masaaki, Yagi Kousei, Tachisawa Masato, Takagiri Makoto
production :NHK-FM


A propos de cette œuvre

Il serait difficile de donner notre avis sur cette adaptation diffusée en 1981 sur les ondes radiophoniques de la NHK-FM. Quand bien même aurions-nous l'enregistrement, que mis à part la musicalité des voix et celle de la partition, nous ne pourrions en commenter peu de chose, n'étant pas japonisant.
Malgré cela, nous pouvons tout de même souligner que la radio NHK-FM avait, parmi entre autres feuilletons radiophoniques, adaptée le célèbre roman La submersion du Japon de Komatsu Sakyo, ainsi que de grands classiques tels Le conte de Monte-Cristo d'Alexandre Dumas, Dracula de Bram Stoker, Le monde perdu d'Arthur Conan Doyle ou l'adaptation de Tsutomu Ano sur le classique chinois Fengshen Yanyi (L'investiture des dieux) qui fut adapté en manga par Fujisaki Ryû, lui-même adapté avec la série d'animation Senkaiden Hôshin Engi (Soul Hunter). De nombreux romans contemporains furent également portés sur ces ondes, comme Jurassic Park de Michael Crichton, ainsi que moult romans pour la jeunesse et des manga.

Ne pouvant vous donner une petite idée de ce que fut ce programme, nous vous proposons tout de même une petite présentation de quelques personnalités qui lui ont donné vie.


Musique [Uno Seiichirô]

Uno Seiichirô L'accompagnement musical de ce feuilleton radiophonique était composé par le célèbre Uno Seiichirô, qui le 27 février 2007 a fêté ses 80 ans. Il a écrit, au cours des années cinquante et soixante, nombre de partitions pour le cinéma en prise de vue réelle, notamment sur des comédies populaires comme Tôkyô Yoitoko (1957, écrit par Sekizawa Shinichi, spécialiste du kaiju eiga) ainsi que pour la Nikkatsu et la Daiei. La télévision va lui permettre d'oeuvrer dans un autre univers, celui des programmes consacrés à la jeunesse. Il écrira ainsi ses premières compositions pour la NHK sur la série de marionnettes Chirorin mura to Kurumi no Ki (1956-1964, 812 épisodes). Se déroulant dans le cadre d'un paisible village du nom de Chirorin, cette série, de part son aspect éducatif, ses personnages aux caractères divers et de différentes natures, s'adressait à un jeune public. Il composera également le générique et l'ensemble des musiques de la courte série Tetsujin 28-gô (1960, 13 épisodes), l'adaptation du manga éponyme de Yokoyama Mitsuteru, qui prenait ici vie avec des acteurs sur la chaîne NTN.
Un grand nombre de japonais ont encore en tête ses travaux qu'il créa pour la célébrissime série de marionnettes Hyokkori Hyôtan Jima (1964-1969, 1224 épisodes). Cette série, et l'entrain qu'elle procura, se réveilla à nouveau dans les années 90 dans le coeur des nostalgiques, et notamment dans celui du réalisateur Takahata Isao (Le Tombeau des Lucioles) qui la faisait revivre dans les souvenirs de son héroïne, dans son long-métrage d'animation Omohide Poro Poro (Souvenirs goutte à goutte, 1991). Toujours dans le cadre des séries de marionnettes de la NHK, il composa des chansons pour Les 11 habitants de Neko Jarashi (1970-1973, 668 épisodes).
Dans le domaine de l'animation, il oeuvra sur des séries produites par le mangaka Tezuka Osamu, telles Wonder Three (1965-66, 52 épisodes), Gokû no Daibôken (1967, 39 épisodes) et Merveilleuse Melmo (1971-72, 26 épisodes). Du coté de Tôei Animation, il signa la partition des films tels Shônen Jack to Mahô Tsukai (1967) et Ali Baba to 40-piki no Tôzoku (1971). Il signe également les musiques et les génériques des séries Kaitô Pride (1965, 105 épisodes, le mystérieux voleurs orgueilleux de Obake Kazuhiko), Dokachin (1968-69, 52 épisodes, le petit homme primitif de la Tatsunoko) et Sarutobi Ec-chan (1971-72, 26 épisodes, le petit ninja au féminin du mangaka Ishinomori Shotarô).
Parmi les oeuvres adaptant des romans occidentaux, on peut citer ses compositions pour deux films de Yabuki Kimio, Andersen Monogatari (La Petite Fille aux Allumettes, 1968) et Le Chat Botté (1969, avec entre autre, la précieuse collaboration de Miyazaki Hayao), ainsi que pour les séries Moomin (1969-70, 65 épisodes), Andersen Monogatari (1971, 52 épisodes), Shin Moomin (1972, 52 épisodes), Yama Nezumi Rocky Chuck alias Les contes de la forêt verte (1973, 52 épisodes) et la coproduction germano-japonaise Vic le viking (1974-75, 78 épisodes, la version européenne fut composée par Karel Svoboda). Pour ce qui concerne le célèbre Chat Botté, il signa également les musiques de deux long-métrages le mettant à nouveau en scène, l'un en mousquetaire en 1972, et l'autre faisant le tour du monde en 80 jours en 1976. Il composa également pour la longue série Ikkyû-san (1975-1982, 298 épisodes), ainsi que pour ses multiples transpositions cinématographiques. Cet anime présentait l'enfance du célèbre moine zen Ikkyû (1394-1481) dont on peut lire aux éditions Vents d'Ouest, une très belle biographie romancée sous la forme du manga de Sakaguchi Hisashi.
En 1973, pour la NHK, dans la série des drama pour jeunes garçons dont chaque histoire était diffusée en deux parties, il composa pour le genre SF fantastique avec L'aube argentée d'après un roman de Mitsuse Ryu (1928-1999, Andromeda Stories). A nouveau pour la NHK, il signe en 1985 la musique de la courte série Kokugo Gannen (La première année de la langue japonaise, 5 épisodes) écrit et scénarisé par Inoue Hisashi, célèbre écrivain, qui ici se délectait à utiliser différents dialectes de l'archipel, ce qui même pour les téléspectateurs japonais demandait quelques efforts de compréhension. Inoue Hisashi avait déjà travaillé avec Uno Seiichirô sur de nombreuses chansons dont il écrivit les paroles, issus des oeuvres dont il signa également nombre de scénarii : Gokû no Daibôken, Jack et la sorcière, Hyokkori Hyôtan Jima, Moomin, Le Chat Botté ou encore Les 11 habitants de Neko Jarashi. Les derniers travaux du compositeur ont à cet effet été créés pour Inoue Hisaishi, accompagnant quatre pièces de théâtre dont ce dernier est l'auteur : Kamiyacho Sakura Hotel (avril 2001), Yume no Sakeme (mai 2001), Yume no Namida (octobre 2003) et Hakone Gora Hotel (mai / juin 2005), toutes présentées au Nouveau Théâtre National de Tôkyô.


Narrateur [Kawakubo Kiyoshi]

Kawakubo Kiyoshi Issu de la compagnie de seiyû 81 Produce, il a, entre autres travaux pour la radio et la télévision, doublé des personnages importants dans l'animation japonaise comme la hyène Bo dans Jungle Taitei (1965-66, 52 épisodes), Pietro dans Haha wo Tazunete Sanzen Ri alias Marco (1976, 52 épisodes), le professeur Simon Wright dans Capitaine Flam (1978-79, 52 épisodes), Grospoliner dans Silent Moebius (1991, film / 1998, 26 épisodes) ou encore Fuyubashi dans Paranoïa Agent (2004, 13 épisodes). On peut ajouter sa participation à de nombreuses autres oeuvres comme Gatchaman, Uchû Senkan Yamato III, L'inspecteur Gadget, Les Mystérieuses cités d'or, ou encore Cyborg 009 et du même auteur Ishinomori Shotarô, la série live Robotto Keiji. Parmi quelques programmes jeunesses dont Chirorin mura to Kurumi no Ki (1956-1964, 812 épisodes), il participe en 1991 au retour des marionnettes de la série culte Hyokkori Hyôtan Jima (1964-1969, 1224 épisodes).
Il doubla également d'illustres acteurs, tels Dana Andrews dans Crack in the world (Quand la Terre s'entrouvrira, 1965) de Andrew Marton, David Niven dans Casino Royale (1967) avec entre autre Peter Sellers et Ursula Andress, José Ferrer dans Nine hours to Rama (A neuf heures de Rama, 1963) de Mark Robson avec Horst Buchholz, Ralph Bellamy dans Dive Bomber (1941) de Michael Curtiz avec Errol Flynn, ou encore Edmond O'Brien dans Birdman of Alcatraz (Le Prisonnier d'Alcatraz, 1962) de John Frankenheimer avec Burt Lancaster.


Capitaine Nemo [Wakayama Genzô]

Wakayama Genzô Acteur et homme de radio, il a, en de multiples reprises, prêté sa voix à Sean Connery. Il interpréta le rôle du Docteur Ohara Yusuke, le père de la famille Ohara, dans la série de marionnettes produite par la NHK, Kuchû Toshi Zero Zero Hachi (1969-70, Aerial City 008, 230 épisodes), adaptation du roman Blue Sky Town Tales de Komatsu Sakyo, qui avait la lourde tache de remplacer cinq années de vie commune avec les très sympathiques habitants de l'île en forme de gourde, Hyokkori Hyôtan Jima. Sa voix fut présente également sur TV Asahi de 1978 à 2003 dans la série fleuve Abarenbo Shogun totalisant 829 épisodes, avec Matsudaira Ken, et où il officiait en tant que narrateur. Il doubla également Vic Morrow jouant le Général Garuda dans le long-métrage Uchû kara no messeji (1978, Les évadés de l'espace) de Fukazaku Kenji. Ce film se verra adapté quelques mois plus tard sous la forme de la série télévisée San Ku Kaï.
Du coté de l'animation, il est amusant de constater qu'il fut le capitaine dans le téléfilm d'animation de Tezuka Osamu, Shin Takarajima (1965, La nouvelle île au trésor) et le John Silver dans la série L'île au trésor (1978-79, 26 épisodes) de Dezaki Osamu. Plus récemment, il a travaillé sa voix pour Miyazaki Hayao dans le court-métrage Hoshi wo katta hi (Le jour ou j'ai cultivé une étoile, 2006) projeté au Musée Ghibli.


Conseil [Yagi Kousei]

Yagi Kousei Cet artiste fit ses débuts à la télévision dans les années 50, sur la chaîne NHK, notamment dans la série de marionnettes Chirorin mura to Kurumi no Ki (1956-1964, 812 épisodes). Ce programme est devenu au fil du temps une oeuvre culte, tout comme une autre série de la NHK où il officia sur un certain nombre d'épisode et usant également de poupées, Prinprin Monogatari Delhudelu Hen (1979-1982, 656 épisodes). Cette très belle série s'inscrivait sous le charme de son héroïne, la princesse Prin Prin (ce prononce en roulant la lettre r, Purine Purine) à la recherche de ses origines, dont la voix était interprétée par la non moins charmante chanteuse Ishikawa Hitomi, qui interprétait également les génériques. Seiyû affilié à la compagnie 81 Produce, il a doublé parmi ses rôles les plus importants dans l'animation, les personnages du Professeur dans Rainbow Sentai Robin (1966-67, 26 épisodes) et le grand-père dans Hoshi no Ko Chobin (1974, 26 épisodes), deux séries d'après Ishinomori Shotarô, ainsi que Senbee dans Parasol Henbei (1989-91, 200 épisodes) et dans un genre similaire Chocola-jiisan dans O-bake no... Holly (1991-92, 200 épisodes), mais aussi Jehan dans le film Un chien des Flandres (1997), ou encore Drago dans Puchi Puri de la Gainax (2002, 26 épisodes). L'une de ses récentes prestations dans ce domaine fut pour la série historique et fantastique Bakumatsu kikansetsu irohanihoheto (2006-07, 26 épisodes).


Avec également pour le Professeur Aronnax [Usui Masaaki] acteur, Ned Land [Tachisawa Masato] quelques petites prestations vocales sur Xabungle, Dirty Pair ou Crusher Joe, le Commandant Farragut [Takagiri Makoto] apparition dans Nyokei Kazoku (1963) de Misumi Kenji avec Wakao Ayako.


Note à propos de quelques oeuvres précitées :

Au contraire des séries d'animation, la production de séries japonaises de marionnettes, pour une grande part de la NHK, reste encore inconnue en France (à l'exception de la série Bomber X). Pourtant, ces oeuvres de qualité, nées une décennie avant les séries d'animation, mériteraient que l'on s'y intéresse tout autant. De part l'intérêt qu'elles suscitèrent auprès du public nippon, mais également de part l'apport culturel que l'on peut en retirer au travers de leur observation. De part même en premier lieu dans la forme en elle-même puisant dans le théâtre kabuki et le théâtre bunraku dont les premières séries s'inspiraient fortement, comme Tamamo No Mae (1953, 13 épisodes, la série débute vingt jour après l'ouverture publique de la première chaîne télévisée japonaise NHK), Shinshu Tenma Kyô (1954, 13 épisodes) et Kokusenya Gassen (Les batailles de Kokusenya, 1954-55, 15 épisodes). A cet égard, ces séries précitées s'inspiraient de grandes oeuvres classiques et les marionnettes furent conçues et dirigées par la compagnie théâtrale Youkiza, régie alors par Youki Magosaburo XII. Pour la petite histoire, Ichikawa Kon (La harpe de Birmanie) fit appelle en 1945 à cette compagnie pour animer les marionnettes de son film depuis disparu, Musume Dôjôji. Plus récemment en 2002, six marionnettistes de cette troupe participèrent à la pièce Les Paravents écrite par l'auteur français Jean Genet, et dirigée par Frédéric Fisbach. Bien d'autres séries suivirent, comme Ie Naki Ko (1955, 26 épisodes), adaptation de Sans Famille d'Hector Malot sous la forme du théâtre de silhouettes, Ginga Shônen Tai (1963-1965, 63 épisodes), une série de science-fiction de Tezuka Osamu, ainsi entre autre celles déjà citées dans les petites biographies ci-dessus, puis un retour à la tradition au travers de séries toutes aussi soignées comme Shin Hakkenden (1973-1975, 454 épisodes), adaptation d'un monument de la littérature, La légende des huit chiens de Satomi du Nansô, ou encore Sangokushi (1982-1984) adaptation de La Romance des Trois Royaumes par l'un des maîtres du cinéma d'animation de marionnettes, Kawamoto Kihachiro qui renouvellera l'expérience pour le petit écran dix ans plus tard. Un vaste domaine qui reste encore inexploré en dehors de l'archipel.


Note à propos d'une oeuvre japonaise, Godzilla :

Puisque l'on est au pays du soleil levant, profitons de souligner que le titre du projet qui aura pour nom final Gojira (Godzilla, 3 novembre 1954), fut nommé temporairement Daikaju no Kaitei Niman Maru ou dans la langue de Molière Le grand monstre venu de 20.000 lieues sous les mers. Amusant lorsque l'on songe qu'en cette même année 1954, aux Etats-Unis, Richard Fleischer proposait l'adaptation cinématographique du roman de Jules Verne. D'ailleurs, et cela explique le titre de ce film alors en préproduction, dans le premier synopsis il était question non pas d'un saurien, mais d'une pieuvre géante. L'idée de ce projet était venue à la suite d'un film américain qui avait eu quelques mois plus tôt un grand succès. Il s'agissait de The Beast from 20 000 fathoms (Le Monstre des temps perdus, 1953) mettant en scène un dinosaure réveillé de son sommeil à la suite d'un essai nucléaire au Pôle Nord, et qui ira crier sa colère à New-York. Les lieues étant ici devenus des brasses. Ce film adaptait la nouvelle La corne de brume (1951) de l'un des maîtres de la science-fiction, Ray Bradbury (cette nouvelle de l'auteur de Chronique martienne ou Fahrenheit 451 est disponible chez Gallimard Jeunesse, dans le recueil Histoires de dinosaures rassemblant plusieurs récits écrits par Bradbury, fasciné depuis toujours par ces animaux préhistoriques). Celui-ci est par ailleurs un grand admirateur de l'oeuvre de Jules Verne, et il s'est souvent exprimé à son sujet. Ce long-métrage, qui transposait l'appel du phare à la menace nucléaire, était scénarisé et réalisé par Eugène Lourié qui fit une grande partie de sa carrière en France, en tant que décorateur pour des cinéastes tels Jean Renoir, Abel Gance ou Marc Allégret, mais aussi à l'international pour Robert Siodmak ou Zoltan Korda, ou encore pour le film américain cité plus haut Quand la terre s'entrouvrira. Il fut entre autre, également directeur artistique sur le Bronco Billy de Clint Eastwood. Le monstre du film était animé par l'un des maîtres du stop motion, Ray Harryhausen, et Lee Van Cleef, alors à ses débuts, y interprétait déjà un homme très adroit avec une arme à feu. Pour la production japonaise de Gojira, l'un des choix qui détermina sans doute la préférence du dinosaure face à la pieuvre géante, permettait ainsi, comme le film de Lourié, de mettre la menace atomique au coeur de la ville.
La menace atomique sous forme de pieuvre géante prendra tout de même forme l'année suivante, en 1955, dans le film It came from beneath the sea (Le monstre qui venait de la mer) de Stuart Gordon, avec une pieuvre animée par Ray Harryhausen. Film qui comptait parmi sa distribution l'acteur Donald Curtis, dont le nom sera emprunté par Miyazaki Hayao dans Porco Rosso. Sans savoir si le réalisateur du studio Ghibli faisait réellement référence à cet acteur pour son personnage de l'aviateur américain, l'affiche fictive d'un film, que l'on peut voir dans l'anime, représente tout de même l'aviateur devenu acteur dans un genre similaire à celui du véritable Donald Curtis. En effet, on y voit le comédien en tenue de cow-boy, auprès d'une belle héroïne, et avec en arrière plan un tyrannosaure. Cela faisant également référence à des films tels The beast of hollow mountain (1956) ou La vallée de Gwangi (1969).


© 81 Produce, NHK


Note complémentaire : A propos des romans de Jules Verne au Japon


Jacques Romero, 03/2007

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