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| Le voyage à travers l'impossible (Georges Méliès, 1904) |
| titre original : | Le voyage à travers l'impossible | type : | film, 24 min | année : | 1904 | pays : | France | réalisation : | Georges Méliès | interprètes : | Georges Méliès, Fernande Albany, May de Lavergne, Jehanne d'Alcy | studio : | Star Film | site web : | http://www.imdb.com/title/tt0000499/ |
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Cette transposition plus que très libre de la pièce de théâtre
Voyage à travers l'impossible, remplace si l'on peut dire, le fils du capitaine Hatteras
par un scientifique, le professeur Mabouloff (personnage que l'on retrouve en 1912 dans A la
conquête du Pôle).
Le contexte est également très différent, et deux voyages seront plus ou moins conservés.
Le premier, dans l'espace, avec Mabouloff préparant pour l'expédition qu'il
organise, un voyage à destination du Soleil, avec le soutient de la Société
Incohérente de Géographie, celle-là même vu deux ans auparavant dans Le
voyage dans la Lune. Dans cette précédente oeuvre, dont quelques idées
seront reprises, l'obus, servant de moyen de transport, est ici remplacé par un
train. Après une première étape dans les Alpes suisses traversées à bord d'un
chariot mécanique, puis un séjour à l'hôpital à cause dudit chariot, les voyageurs
prendront leur place dans le train. Prenant son élan grâce au versant
ascensionnel d'une montagne, et aidé de deux montgolfières accrochées aux
wagons, le train traversera l'espace, pour arriver en s'écrasant, à destination
du Soleil. Passé un temps à la surface de l'astre, après avoir subi quelques
chaleurs et frissons, les voyageurs quittent l'étoile à bord d'un submersible,
qui à l'aide d'un parachute, plongera dans les profondeurs de l'océan. Au
travers d'une vitre, les occupants du sous-marin y apercevront rapidement une
pieuvre. On remarquera que le décor du sous-marin sera réutilisé en 1907, pour
l'adaptation de 200 000 lieues sous les mers.
Comme
cela était coutumier chez Georges "Mabouloff" Méliès (photo ci-contre), il
s'agit ici de proposer un programme qui offre un divertissement, où les acteurs,
toujours filmés en plan large, s'expriment avec moult gestes et mouvements des
corps. Tout est prétexte à amuser et surprendre le spectateur, tout en
expérimentant les nombreux effets spéciaux. La durée du film était alors peu
commune. Elle s'étalait sur une vingtaine de minute, permettant un
développement plus étoffé du scénario.
Concernant
l'idée du train se déplaçant dans l'espace, elle avait déjà été quelque peu évoquée
par Jules Verne dans De la Terre à la Lune, au travers du personnage
Michel Ardan, lors d'une conversation où celui-ci anticipait de futurs voyages :
« Savez-vous quel temps il faudrait à un train express pour atteindre la
Lune ? » ... « Je ne crois donc pas trop m'avancer en disant
qu'on établira prochainement des trains de projectiles, dans lesquels se fera
commodément le voyage de la Terre à la Lune. Il n'y aura ni choc, ni secousse,
ni déraillement à craindre, et l'on atteindra le but rapidement, sans fatigue,
en ligne droite, à vol d'abeille. ». L'aspect poétique de l'utilisation du
train partant pour l'espace se retrouvera chez le poète japonais Miyazawa Kenji
(1896-1933), dans son oeuvre Train de nuit dans la voie lactée. Adolescent,
celui-ci, appréciant beaucoup le cinéma, avait peut-être eu l'occasion de voir
ce film. L'oeuvre de l'écrivain inspirera le grand mangaka Matsumoto
Leiji. Ce dernier déclinera toute une pluralité d'univers au travers de son Galaxy
Express 999, encore jusqu'à aujourd'hui avec Galaxy Railways.
Jacques Romero, 02/2007
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