BD

20,000 Leagues Under the Sea (Gary Gianni, 1992)


20,000 Leagues Under the Sea (Gary Gianni, 1992)
titre original :20,000 Leagues Under the Sea
type :BD, 52 p., 1992 / 64 p., 2008
année :1992
pays :États-Unis
scénario / adaptation :Gary Gianni
dessins :Gary Gianni
éditions :Jerry Prosser, Dark Horse Comics, 1992 / Flesk Publications, 2008
site web :http://www.garygianni.com/


A propos de cette œuvre

Après une première version éditée en septembre 1992, en noir et blanc, pour le compte des éditions Dark Horse Comics (rééditée en 1000 exemplaires, en 2001, par Hyeronimus Press / 56 pages), Gary Gianni a repris en main, en 2008, ses mêmes planches adaptant Vingt mille lieues sous les mers, cela pour leur offrir une nouvelle vie chez l'éditeur Flesk Publications. L'ouvrage du dessinateur fut ainsi nouvellement proposé avec une mise en couleur réalisée par Jim et Ruth Keegan.
L'adaptation, tout en étant relativement courte pour un tel roman, y est respectueuse. Gary Gianni, qui s'est depuis illustré avec talent - sur des personnages comme Hellboy, The Shadow, Indiana Jones, Tarzan, Batman, Conan le cimmérien et Salomon Kane de Robert E. Howard, ou encore Prince Valiant, en 2004, où il reprenait avec Mark Schultz au scénario le flambeau de John Cullen Murphy, qui l'avait reprit de Hall Foster, le créateur même de cette BD -, a su, de par son style, personnaliser cette énième bande dessinée reprenant l'odyssée du Nautilus et de son capitaine. Tout en conservant un certain esthétisme issu des dessins originaux du roman, notamment pour les vêtements des personnages et les protagonistes eux-mêmes, il a introduit quelques éléments nouveaux puisés notamment dans le long-métrage produit par Disney. Mais, quoique la dernière édition ajoute de la couleur à l'ouvrage, on perd un peu du bel épiderme crayonné qui était à la base de ses planches, et qui rappelait légèrement les gravures de Neuville et Riou.

La réédition 2008 de cette bande dessinée est accompagnée par un récit de Herbert George Wells - The Sea Raiders / Les pirates de la mer - illustré bien évidemment par Gary Gianni qui, en plus d'offrir une version couleur de l'un de ses anciens travaux, y ajoutait ainsi à cette occasion, cette autre création. Le choix d'inclure une telle nouvelle au volume était d'une certaine évidence. En effet, ce court écrit de Wells, datant de 1897, est en accord avec l'oeuvre vernienne, puisqu'il met en scène une fantastique attaque de céphalopodes sur des hommes. Le cryptozoologue Michel Raynal évoque avec un certain amusement cette histoire - au travers de sa source, mais aussi de par sa réutilisation - dans son article Les pieuvres géantes de Sidmouth : une nouvelle de cryptozoologie-fiction.
Cette espèce issue de l'imagination de Wells inspirera également un certain John Flanders alias Jean Ray pour l'une des aventures d'Harry Dickson. Il faut souligner encore à l'égard de Wells, que les céphalopodes seront également présents un an plus tard dans son roman La guerre des mondes, le corps des créatures occupant les tripodes étant décrites telles des pieuvres. Cet aspect tentaculaire d'être venus d'ailleurs sera exploité par la suite dans un grand nombre de récits fantastiques et de science fiction (notamment de Lovecraft à Jean-Pierre Andrevon, en passant même dans un autre genre par Boris Vian et sa Java Martienne...).

Outre cette nouvelle de H.G. Wells, une préface est également présente dans cet ouvrage pour évoquer le romancier des Voyages extraordinaires. Elle est signée par Ray Bradbury, un des grands noms de la littérature de science fiction à qui l'on doit quelques monuments du genre, tels parmi les plus populaires Chroniques martiennes ou Fahrenheit 451. Dans ce texte, Ray Bradbury évoque Jules Verne en le décrivant comme un auteur américain, à l'image d'un Herman Melville (à qui il a par ailleurs largement rendu hommage dans La baleine de Dublin, où il évoque justement le scénario qu'il a co-écrit pour le film Moby Dick réalisé par John Huston, ou encore dans la nouvelle Léviathan 99 récemment traduite en France). Cette désignation identitaire est bien évidemment à interpréter dans un sens spirituel, soulignant par cela que Jules Verne avait une dimension ''métaphysique'' de l'ordre de celle de l'auteur de Moby Dick, ce de par la puissance évocatrice des thèmes abordés, mais aussi de par la manière de conter un récit dans un océan d'imageries baigné d'une atmosphère de mythologie. Ce texte ne fut toutefois pas écrit en cette circonstance. En effet, Ray Bradbury avait déjà signé cette préface en 1962, pour la traduction du roman par Anthony Bonner (traducteur de Villon, Balzac, Borges...), pour les éditions Bantam Books (cette même traduction fut publiée dans un volume magnifiquement illustré par Leo et Diane Dillon).

Jacques Romero, 05/2010


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