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20.000 Lieues sous Les Mers (Marc Déséchal, R. Blondeau [Jacques], 1951)


20.000 Lieues sous Les Mers (Marc Déséchal, R. Blondeau [Jacques], 1951)
titre original :20.000 Lieues sous Les Mers
type :BD, 31 pages
année :1951
pays :France
scénario / adaptation :Marc Déséchal
dessins :R. Blondeau [Jacques]
éditions :Hachette


A propos de cette œuvre

Cette bande dessinée est une fidèle adaptation du roman, même si elle se permet dans quelques détails de menus changements, comme de rajeunir, mais si peu, le professeur Aronnax, ou de donner un aspect plus contemporain à quelques bâtiments marins et autres détails. Le récit adapté et écrit par Marc Déséchal est un texte romancé se situant sous les cases, portant l’histoire à notre connaissance. Le dessin est ici accompagnateur de l’écrit, comme il l’était dans les premières bandes dessinées. Toutefois, les cases sont parfois illustrées de bulles donnant la parole aux personnages, soulignant ainsi les propos du récit, ou le prolongeant. Les dessins illustrant cette aventure sont dans l’ensemble esquissés. Les visages sont assez peu étoffés et manquent de ce fait d’une certaine personnalité graphique. Cela participe à cette forme de récit illustré pour les quotidiens, ici en bandes horizontales, et non pas au talent du dessinateur qu’il développera un peu plus dans d’autres œuvres dont le format sera plus large.

Bien que sur le livre, le nom de Blondeau soit précédé pour tout prénom de la lettre R, à la vue du dessin et de la publication de l’ouvrage, nous pouvons préciser qu’il s’agit du dessinateur Jacques Blondeau dont les lignes qui suivent tentent de présenter une partie de ses travaux.

Jacques Blondeau

Jacques Blondeau fut un prolifique dessinateur qui fit ses débuts avec des bandes dessinées pour la jeunesse. On peut citer pour cette période qui se situait juste après la Seconde Guerre mondiale, L’île aux monstres et La capture de Matras, en 1946, dans le magazine Les Trabulaires aux éditions Sépia, mais aussi Fix, le bras d’or (1947) et Dick Barney et les voleurs d'étoiles (1948) pour O.K. l’hebdomadaire pour la jeunesse, ou encore Les grandes enquêtes de Stoppy Jones (1948) pour Kid Magazine. Puis il officia durant les décennies 50 et 60 pour Opera Mundi, une agence de presse créée en 1928 par Paul Winkler, à qui l’on doit l’arrivée en France des bandes dessinées de Mickey produite par Disney, et qui donnera naissance en 1934 au Journal de Mickey. A cet effet, Jacques Blondeau illustrera pour ce magazine plusieurs aventures à partir de 1958, comme Sans famille d’après Hector Malot, son légendaire Lancelot en 1961 (dont se souvient le romancier, essayiste et éditeur Dominique Autier), le récit préhistorique Helgvor du fleuve bleu de J.H. Rosny Ainé en 1965, ainsi que Arcadius le mystérieux en 1966. Il y reprendra également les séries La petite Annie des américains Walsh et McClure (à ne pas confondre avec Annie la petite orpheline d’Harold Gray) et Tim la Brousse de l’espagnol José Larraz.

On notera plus particulièrement que l’agence Opera Mundi, dont il sera l’un des grands dessinateurs, produisit d’autres adaptations de romans de Jules Verne, notamment Mathias Sandorf sous les dessins de José Laffond, les aventures de Michel Strogoff illustrées par Pierre Degournay, ainsi que le récit minier Les Indes Noires dessiné par Walter Fahrer.
Parmi les autres artistes importants d’Opera Mundi, on soulignera l’imposant Robert Bressy qui dessinera, notamment pour L’Aurore via l’agence Opé, la première série de Docteur Claudette (1955-56, deux autres séries suivront en 1966 et 1974) sur des scénarii de la romancière Juliette Benzoni. Jacques Blondeau participera à celle-ci en dessinant les trois derniers épisodes.

Après l’adaptation en noir et blanc et quelques couleurs de 20.000 Lieues sous les Mers pour Hachette, Jacques Blondeau dessina en couleur pour ce même éditeur, et plus particulièrement pour le périodique Lecture pour tous, le récit Les grands espions (1954). Pour l’adaptation de Jules Verne, il utilisa des ballons (bulles) soulignant ou prolongeant les propos du texte situés sous l’image, tout comme pour d’autres adaptations de romans classiques qu’il illustra, comme L'assassinat d'Henry IV que l’historien Roland Mousnier écrivit en 1964, ou Les dossiers de l'Agence O de Georges Simenon. Du célèbre créateur du commissaire Maigret, il dessinera plusieurs autres adaptations dont Le chien jaune et Le petit docteur.
Il oeuvrera ainsi pendant vingt années pour de nombreux journaux, tels L’Aurore (il y dessine Lil), Le Parisien Libéré (il y adapte Arsène Lupin en 1958), Samedi Soir (il y donne un visage au commissaire Maigret), ou encore La Croix, produisant des bandes horizontales surtout dans les années 50, ou plutôt verticales dans les années 60, avec pour ces dernières de nombreuses autres adaptations de romans comme pour une grande partie de ces publications. On citera encore pour celles-ci Le cercle de famille d’après l’écrivain et biographe André Maurois, L'empreinte du Dieu de Maxence Van der Meersch, Fromont Jeune et Risler Aîné d’après l’œuvre d’Alphonse Daudet, l’adaptation du roman L'or du Cristobal d’Albert T'Serstevens, ou encore Les hommes en blanc d’André Soubiran. Les quatre dernières œuvres précitées avaient déjà connu d’honorables adaptations au cinéma.

Il dessinera également des épisodes des séries Une histoire par Semaine et Les grandes nouvelles d’hier et aujourd’hui, de même que quelques portraits pour Destins hors série dont les scénarii étaient signés par Anne Golon (Angélique) et son époux. En parrallèle de tout cela, il illustrera des couvertures de romans, du policier (Pendez-moi haut et court de Sparkia, Le meurtre de la vieille dame d’Underwood), ou des récits dans la collection Amour et violence, et où l’on peut y voir encore ses personnages féminins représentées avec beaucoup de charme et de sensualité. Malheureusement, souffrant d’une maladie, Jacques Blondeau met fin à ses jours en 1968.



Jacques Romero, 12/2007

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