A propos de cette œuvreCette bande dessinée est une fidèle adaptation du roman, même si elle se permet dans quelques détails de menus changements, comme de rajeunir, mais si peu, le professeur Aronnax, ou de donner un aspect plus contemporain à quelques bâtiments marins et autres détails. Le récit adapté et écrit par Marc Déséchal est un texte romancé se situant sous les cases, portant l’histoire à notre connaissance. Le dessin est ici accompagnateur de l’écrit, comme il l’était dans les premières bandes dessinées. Toutefois, les cases sont parfois illustrées de bulles donnant la parole aux personnages, soulignant ainsi les propos du récit, ou le prolongeant. Les dessins illustrant cette aventure sont dans l’ensemble esquissés. Les visages sont assez peu étoffés et manquent de ce fait d’une certaine personnalité graphique. Cela participe à cette forme de récit illustré pour les quotidiens, ici en bandes horizontales, et non pas au talent du dessinateur qu’il développera un peu plus dans d’autres œuvres dont le format sera plus large. Bien que sur le livre, le nom de Blondeau soit précédé pour tout prénom de la lettre R, à la vue du dessin et de la publication de l’ouvrage, nous pouvons préciser qu’il s’agit du dessinateur Jacques Blondeau dont les lignes qui suivent tentent de présenter une partie de ses travaux. Jacques Blondeau Jacques
Blondeau fut un prolifique dessinateur qui fit ses débuts avec des bandes
dessinées pour la jeunesse. On peut citer pour cette période qui se situait
juste après la Seconde Guerre mondiale, L’île aux monstres et La
capture de Matras, en 1946, dans le magazine Les Trabulaires aux éditions
Sépia, mais aussi Fix, le bras d’or (1947) et Dick Barney et les
voleurs d'étoiles (1948) pour O.K. l’hebdomadaire pour la jeunesse, ou
encore Les grandes enquêtes de Stoppy Jones (1948) pour Kid Magazine.
Puis il officia durant les décennies 50 et 60 pour Opera Mundi, une agence de
presse créée en 1928 par Paul Winkler, à qui l’on doit l’arrivée en France des
bandes dessinées de Mickey produite par Disney, et qui donnera naissance en
1934 au Journal de Mickey. A cet effet, Jacques Blondeau illustrera pour ce
magazine plusieurs aventures à partir de 1958, comme Sans famille
d’après Hector Malot, son légendaire Lancelot en 1961 (dont se souvient le
romancier, essayiste et éditeur Dominique Autier),
le récit préhistorique Helgvor du fleuve bleu de J.H. Rosny Ainé en 1965,
ainsi que Arcadius le mystérieux en 1966. Il y reprendra également les
séries La petite Annie des américains Walsh et McClure (à ne pas
confondre avec Annie la petite orpheline d’Harold Gray) et Tim la
Brousse de l’espagnol José Larraz. On
notera plus particulièrement que l’agence Opera Mundi, dont il sera l’un des
grands dessinateurs, produisit d’autres adaptations de romans de Jules Verne,
notamment Mathias Sandorf sous les dessins de José Laffond, les
aventures de Michel Strogoff illustrées par Pierre Degournay, ainsi que le
récit minier Les Indes Noires dessiné par Walter Fahrer. Après
l’adaptation en noir et blanc et quelques couleurs de 20.000 Lieues sous les
Mers pour Hachette, Jacques Blondeau dessina en couleur pour ce même
éditeur, et plus particulièrement pour le périodique Lecture pour tous,
le récit Les grands espions (1954).
Pour l’adaptation de Jules Verne, il utilisa des ballons (bulles)
soulignant ou prolongeant les propos du texte situés sous l’image, tout comme
pour d’autres adaptations de romans classiques qu’il illustra, comme L'assassinat d'Henry IV
que l’historien Roland Mousnier écrivit en 1964, ou Les dossiers de l'Agence
O de Georges Simenon. Du célèbre créateur du commissaire Maigret, il dessinera
plusieurs autres adaptations dont Le chien jaune et Le petit docteur. Il dessinera également des épisodes des séries Une histoire par Semaine et Les grandes nouvelles d’hier et aujourd’hui, de même que quelques portraits pour Destins hors série dont les scénarii étaient signés par Anne Golon (Angélique) et son époux. En parrallèle de tout cela, il illustrera des couvertures de romans, du policier (Pendez-moi haut et court de Sparkia, Le meurtre de la vieille dame d’Underwood), ou des récits dans la collection Amour et violence, et où l’on peut y voir encore ses personnages féminins représentées avec beaucoup de charme et de sensualité. Malheureusement, souffrant d’une maladie, Jacques Blondeau met fin à ses jours en 1968. Jacques Romero, 12/2007
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