film

The Mysterious Island (Lucien Hubbard, Benjamin Christensen, Maurice Tourneur, 1929)


The Mysterious Island (Lucien Hubbard, Benjamin Christensen, Maurice Tourneur, 1929)
titre original :The Mysterious Island
titre français :L'île mystérieuse
type :film, 95 min
année :1929
pays :États-Unis
réalisation :Lucien Hubbard, Benjamin Christensen, Maurice Tourneur
scénario / adaptation :Lucien Hubbard
interprètes :Lionel Barrymore, Jane Daly (Jacqueline Gadsden), Lloyd Hughes, Montagu Love
producteur :J.E. Williamson
studio :MGM
site web :http://www.imdb.com/title/tt0020198/


L'histoire

The Mysterious Island L'histoire débute avec la visite du baron Hubert Falon, habitant du royaume baltique de Hetvia, à son ami le comte André Dakkar, sur le lieu de vie et de recherche de ce dernier. Le baron Falon l'entretien sur la révolution qui s'apprête à éclater en son pays, et qu'il souhaiterait son aide pour destituer le roi qui y règne alors. Mais Dakkar ne peut accepter cette proposition car il ne veut pas s'immiscer dans les affaires politiques, et surtout il ne veut pas prendre part à une quelconque guerre, qu'en tant que scientifique, seule la paix est pour lui primordiale. L'île est ainsi un royaume indépendant dont il est le maître, à ceci près qu'il n'impose rien à ces habitants. Cette société est donc quelque peu retirée du monde, comme Nemo le sera plus tard à sa manière.
Tout en discutant au bord d'un courant d'eau, Dakkar aperçoit à sa surface un étrange objet. L'ayant attrapé, il le montre à son ami tout en lui apprenant sa nature, celle d'un os. Dakkar ne peut lui cacher que cet os n'est pas le premier qu'il découvre ainsi, que le courant se situant dans le volcan de l'île en a remonté plusieurs de ce genre, et qu'il a ainsi pu reconstituer une partie d'un squelette prouvant l'existence qu'une espèce inconnue d'êtres subaquatiques de forme humanoïde vit au fond de l'océan. Mais Falon doute qu'il pourra jamais prouver son existence. Dakkar lui apprend alors qu'il a construit un sous-marin pour partir à la recherche de ce peuple, et qu'il l'a équipé par prudence de quelques armes de défense. L'idée vient ainsi à Falon que cet engin pourrait être utilisé à d'autres fins que scientifique. Mais là encore Dakkar se refuse à utiliser sa création comme un instrument de destruction.

Cette première scène est significative par rapport au contexte de réalisation. En effet, on peut entendre le dialogue échangé entre Lionel Barrymore (Dakkar) et Montagu Love (Falon) alors que la production du film commença avant le 6 octobre 1927, date à laquelle le premier film parlant, du moins référencé comme tel, Le chanteur de jazz, fut diffusé sur grand écran (à noter que ce film, sonore plus que parlant, était alors enregistré sur un disque de courte durée, et non grâce à des micros comme ce fut le cas pour le film qui nous concerne ici). A cet égard, le film qui se devait au départ d'être muet, ne pourra se permettre d'être parlant que dans quelques situations. La mise en place des micros n'étant pas encore au point, comme cette scène le montrera, avec les deux acteurs étant proches l'un de l'autre, en tête à tête, et ne pouvant trop se déplacer, montrant également un jeu de scène entre celui plus usité par le muet, et celui permis par le son. En ce qui concerne l'ambiance sonore, un grand nombre de scènes étaient animées des bruits produits par les nombreux éléments en action à l'écran, tels le chantier naval, les machines, les coup de feu et les explosions, les bruits et les voix de la foule et quelques autres. Warner Oland, célèbre pour ses futurs et multiples interprétations du non moins fameux Charlie Chan, devait interpréter le rôle du baron Falon, mais quand la production décida d'inclure des scènes parlantes, l'accent suédois dont était originaire l'acteur ne permit pas à ce dernier d'obtenir le rôle. Le cinéma parlant allait ainsi modifier sensiblement bien des aspects de cette industrie.

Certains essaieront quelque peu de résister un temps au parlant, à l'image de Charlie Chaplin qui s'en moquera gentiment, à plusieurs reprises et sous différentes formes dans son dernier film muet Les lumières de la ville sorti en 1931, après une pré-production lancée en 1927. Le générique indiquait déjà qu'il s'agissait d'un film sous forme de pantomime, art de la gestuelle et du silence. Puis, dès la première scène, avant que l'on ne découvre Charlot dormant sous les draps recouvrant le trio de statues inaugurant un nouveau parc, trois personnalités officieuses de la ville font un discourt. Le son alors émis et remplaçant leur voix est des plus amusants.

La scène suivante porte également un élément que l'on ne retrouvera pas par la suite, celui d'une note d'humour avec deux techniciens, Mikhail (Harry Gribbon) et Anton (Snitz Edwards), faisant partie de l'équipe de Dakkar dans l'élaboration du sous-marin. En effet, ceux-ci s'amusent gentiment à voir la comtesse Sonia (Jane Daly), soeur de Dakkar, observer amoureusement le jeune Nikolaï (Lloyd Hughes) consultant, tel un médecin, une pièce mécanique importante devant gérer l'air comprimé du submersible. La tubulure ayant chuté lors d'une manipulation, le jeune ingénieur réalise quelques essais et réglages, pour ainsi s'assurer de son bon fonctionnement. La pièce reprenant sa place dans l'engin, celui-ci est alors prêt pour effectuer son premier essai.

Falon ayant quitté l'île, est revenu entre temps pour assister à cette première. Mais il aperçoit Nikolaï et Sonia s'étreignant tendrement. Cela le rendant jaloux, il invective le jeune homme. Dakkar arrive alors et calme son ami Falon, lui fait comprendre que sur son île tous les hommes sont égaux, noble ou sans titre comme Nikolaï. Falon s'étant éloigné, Dakkar conforte Nikolaï en lui accordant ses faveurs. La mise à flot du sous-marin va alors avoir lieu. Nikolaï demande à diriger ce premier essai, proposant à Dakkar de rester à la base au cas où il arriverait quelques problèmes, et s'il devait y avoir un nouveau test à effectuer avec le second prototype. Ayant une grande confiance en lui, Dakkar lui accorde cette première. Après quelques déplacements et exercices techniques sous la surface, l'équipage du submersible entre en contact radio avec la base. A cette occasion, fort logiquement, la scène sera à nouveau parlante.

Mais pour arriver à ses buts et devenir le nouveau roi de Hetvia, Falon n'hésite pas à imposer à son ami son point de vue par la force. Ainsi, pendant l'expérience, une troupe de hussards à ses ordres pénètre dans la base de Dakkar, et s'impose par la violence, en ayant reçu l'ordre de tuer ceux qui résisteraient. Dakkar, sa soeur et ses hommes sont fait prisonniers. Mais malgré la bataille, Sonia a le temps de cacher les plans permettant la construction et le maniement des submersibles. Dakkar est alors torturé, mais ayant gardé le silence, Falon s'en prend à Sonia. Celle-ci ne peut résister longtemps aux supplices et s'évanouit, son coeur ayant faillit rompre. Entre temps, ne se doutant de rien, le submersible est remonté à la surface. Nikolaï n'a pas le temps de sortir par le sas qu'une pluie de balles s'abat sur le sous-marin. Lui et son équipage comprennent aussitôt la situation et l'écoutille rapidement fermée, l'engin rejoint quelques profondeurs. Endossant des scaphandres, Nikolaï et un de ses compagnons réussissent à entrer dans la base. Ils n'ont pu retrouver Sonia, mais reparte à bord du submersible avec Dakkar qu'ils ont délivré. Peu après, le submersible reçoit un message radio de Sonia, leur demandant de la retrouver à minuit sur le port. La scène sera à nouveau parlante. Elle permettra de montrer que le son peut être utilisé comme un élément pouvant jouer sur le scénario, car le message ne vient pas de Sonia, mais de Teresa (Dolores Brinkman) qui se résout sous la torture à lancer ces mots. Le sous-marin remonte alors à la surface à l'heure dite. Malgré les cris d'avertissements de Sonia alors attachée sur le dock, le submersible ne peut réagir à temps et est reçu non plus par une pluie de balle, mais par le feu de quelques canons, dont un qui atteindra sa cible. Les dégats seront graves puisque l'engin ne peut plus faire surface, qu'une voix d'eau s'est ouverte et que l'oxygène arrivera à manquer.
Le technicien Dimitry (certains articles anglais font curieusement erreur en mentionnant pour cette scène le comédien Harry Gribbon, puisqu'il s'agissait de l'acteur Gibson Gowland : http://www.petergowland.com/PGpast.html), s'étant caché depuis la prise de la base, délivre à l'insu de l'ennemi, Sonia de ses liens. Il compte utiliser le second sous-marin pour rejoindre Dakkar, mais l'engin est sous surveillance. Avec quelques autres membres du personnel de la base, ils réussissent à monter à bord. Mais avant de fermer l'écoutille, des hussards, ainsi que Falon ont également pénétré l'endroit. Ils font feu sur les résistants, et Dimitry est mortellement touché. Sonia réussit tout de même à faire plonger le submersible. Mais ne pouvant plus échapper à Falon, elle détruit la tubulure à air comprimée, rendant impossible la navigation de même que la remontée.
Ainsi, les deux submersibles sont victimes de la même tragédie. Dakkar se préparant à vivre ses dernières heures, se console alors en déclarant à son équipage qu'ils vont découvrir un monde qui n'a jamais été visité par l'homme. Et en effet, arrivé au fond de l'océan, ils aperçoivent au travers d'un hublot, des êtres de forme humanoïde se déplaçant à leur rencontre. La peur de cet inconnu commence à prendre les hommes. Les êtres de petites tailles, et dont la tête ressemble à celle d'un canard, attachent de nombreuses amarres à ce grand objet descendu de la voûte marine, l'emmène en un autre endroit, passant devant l'épave d'une galère romaine. Ce dernier élément peut paraître historiquement quelque peu incompatible avec la référence baltique, l'empire romain ne s'étant pas aventuré dans ces eaux. Les autochtones commencent alors à utiliser un bélier romain pour voir se qui ce cache à l'intérieur de cette coque, quant arrive un lézard géant, redoutable ennemi de ce peuple sous-marin. Deux torpilles viendront à bout du monstre (il s'agissait d'un véritable alligator que l'on avait affublé de quelques artifices et autres prothèses en caoutchouc).
Ne pouvant se résigner à mourir à l'intérieur du submersible, Dakkar et ses hommes enfilent des scaphandres et mettent pieds sur le fond marin, dans l'ultime espoir peut-être de trouver une solution. Alors que le peuple des lieux leur semble reconnaissant d'avoir mis fin à leur ennemi, reconnaissance imposé par la crainte, le second submersible arrive lui aussi au fond de l'océan. Tous les essais pour le ramener à la surface ont échoué. Quand Falon aperçoit l'autre sous-marin, Sonia lui demande de la laisser aller voir si l'on peut récupérer sur l'autre bâtiment la pièce qui leur fait défaut. Falon et quelques hommes l'accompagnent. Les deux équipages se rencontrent alors au milieu des êtres aquatiques. Si Sonia et Nikolaï se jètent amoureusement dans les bras l'un de l'autre, Dakkar et Falon, ne pouvant se contenir, se jètent l'un sur l'autre. Dakkar parvient à mettre son ennemi à terre, et à l'aide d'une arme perce le casque de son scaphandre. Le traître mort, le peuple subaquatique prend alors conscience que ces créatures sont toutes aussi fragiles que le reptile géant, et les agresse. Nikolaï et Sonia, réussissant à s'éloigner de la bataille, récupèrent le compresseur d'air encore intact du 1er submersible. Pendant ce temps, une pieuvre géante impose sa présence, quelque peu maîtrisée par les petits êtres désirant s'en servir contre les hommes sur lesquels ils ne peuvent que peu de choses, ceux-ci étant protégés dans leur scaphandre de métal (c'est encore une fois un véritable animal qui est ici filmé). Ayant réussit à échapper à ces derniers, Dakkar, Nikolaï et Sonia, ainsi que leurs compagnons, se retrouvent dans le submersible n°2. Ils installent le compresseur d'air, mais avant que de pouvoir quitter les lieux, poussée par le peuple de ces fonds marins, la pieuvre géante attaque le bâtiment. Parvenant à se dégager de l'animal, le submersible remonte alors à la surface.

Dakkar et les siens découvrent le domaine du scientifique occupé par les militaires de Falon qui, ne se doutant pas des évènements, ne pensent qu'à se distraire. Ils réussissent ainsi à reprendre l'île à ces militaires. Peu après, rassemblant son peuple sur la côte, et pressentant sa fin, Dakkar fait exploser les bâtiments renfermant le fruit de ses recherches, dont celles qu'il ne souhaite pas léguer à l'humanité après sa mort, car pouvant être source de destruction. Epuisé et sentant sa fin proche, il quitte ceux qui l'on aimé, seul à bord du submersible qui lui servira de tombeau, et que personne ne pourra utiliser. Ainsi affaibli, ces jours lui semblant comptés, il décide de mourir dans la solitude, tel que cela se produisait chez certains peuples abandonnant les mourants à leur sort de moribonds. Mais cette conclusion nous laisse quelque peu en suspens, car Dakkar tout en disparaissant dans les flots mortuaires, laisse ainsi place à ce que sera Nemo. On peut également voir dans cette fin, un amalgame des dénouements des deux romans mettant en scène Nemo, car on ne sait s'il meurt véritablement comme dans Vingt mille lieues sous les mers, et qu'il fait ses adieux au monde comme dans L'île mystérieuse.



A propos de cette œuvre

The Mysterious Island Malgré un budget important, la production de ce film rencontra quelques difficultés. C'est ainsi que le metteur en scène français, Maurice Tourneur, faisant alors carrière aux USA depuis 1914, ne sera que momentanément réalisateur sur cette adaptation. Ce fut à cet égard son dernier travail aux Etats-Unis qu'il quitta en 1926. Précédemment, il avait adapté à l'écran quelques autres grands romans populaires, comme en 1920, L'île au trésor de Robert Louis Stevenson et Le dernier des Mohicans de James Fenimore Cooper, ou encore parmi d'autres, L'Oiseau bleu de Maeterlinck en 1918, et Une Victoire de Joseph Conrad en 1919. Au début de sa carrière, en France, il avait notamment adapté Alexandre Dumas et touché au genre policier avec pour exemple Rouletabille. Suite aux désaccords avec la MGM qui le conduisirent à abandonner cette production, il est remplacé semble-t-il, dans un premier temps très court voire inexistant, par Clarence Brown (monteur et assistant sur les films de Tourneur de 1914 à 1922, et futur grand cinéaste). Mais c'est véritablement le danois Benjamin Christensen qui reprendra la suite de la réalisation. Celui-ci faisait alors également carrière aux USA, dans des thrillers touchant à un fantastique ténébreux, cela après avoir créé de grandes oeuvres en son pays et en Allemagne, comme La Sorcellerie à travers les âges en 1921. Il dirigera le film sur une grande partie avant de quitter lui aussi la production, car ses objectifs étaient assez proches de ceux de Tourneur. Finalement, Lucien Hubbard prendra la direction du film jusqu'à son achèvement. S'il est le plus souvent considéré ou cité comme le seul réalisateur de cette oeuvre, notamment dans le générique, ce fut justement suite aux défections des metteurs en scènes qui se succédèrent sur cette production qu'il du superviser, mais aussi du fait qu'il en avait signé le scénario, et qu'il boucla le tournage. Sa carrière est à cet égard quasi essentiellement celle d'un scénariste et d'un producteur.
On notera également, MGM oblige, que l'imposant directeur artistique Cedric Gibbons (Tarzan et sa compagne, Les Contrebandiers de Moonfleet), ainsi que le photographe Percy Hilburn, venaient précédemment d'oeuvrer sur L'Oiseau Noir de Tod Browning avec Lon Chaney, et qu'ils se retrouveront pendant la production de L'Île Mystérieuse, avec Lionel Barrymore et Jacqueline Gadsden dans A l'Ouest de Zanzibar.

C'est après le succès de Lost World sorti en 1925, l'un des premiers grands films fantastiques américains, que la MGM décide de mettre en oeuvre une nouvelle production qui se veut aussi imposante, et dont la durée devait au départ s'étendre sur trois heures de spectacle. On retrouve à cet égard dans L'île mystérieuse, l'acteur Lloyd Hughes qui interprétait dans Le Monde Perdu le rôle d'Edward Malone.
Si le choix des réalisateurs s'est porté dans un premier temps sur des metteurs en scène européens, c'est que d'une part le cinéma fantastique du vieux continent avait à l'époque une certaine notoriété et une influence marquante sur le continent américain. D'autre part, Maurice Tourneur avait déjà quelque peu travaillé, notamment sur le film The White Heather (La Bruyère Blanche, 1919), avec John Ernest Williamson qui devait oeuvrer sur les scènes sous-marines de ce film. Ces dernières devaient ainsi bénéficier de son expérience sur le Vingt Mille Lieues sous les Mers de Stuart Paton, et encore de plusieurs autres travaux que le technicien des images sous-marines produisit pour le cinéma pendant les années 20.
Parmi les problèmes que rencontra la production, il y eu ceux liés à la météorologie. En effet, Williamson fut envoyé au mois de juillet à Nassau (Bahamas). Hélas, sur cette période, il essuie trois ouragans qui contrecarrent non seulement son travail, mais où une partie de son matériel est détruit. Au final, il y aura très peu de matière à utiliser. De plus, des problèmes de réécriture du scénario vont encore alourdir le projet. Le choix d'adapter le roman de Jules Verne, de le transposer avec moult transformations, les hésitations scénaristiques, et cette écriture qui prendra un certain retard, tout cela amalgamé à la façon de travailler de Maurice Tourneur, conduira le producteur Irving Thalberg à entrer en désaccord avec le metteur en scène, qui en s'offusquant de tous ces aléas, et ne voyant que peu d'intérêt personnel à poursuivre son activité sur ce film, quittera la production.

The Mysterious Island L'une des premières choses qui marquera dans cette adaptation apparaît dès le générique présentant les acteurs et les rôles qu'ils y tiendront. En effet, la plupart des prénoms des personnages sont d'origine slave. Les images qui suivront confirmeront cette référence avec les pays de l'est, notamment de part quelques vêtements portés par les acteurs.
Ainsi, même si le scénario est ici très éloigné de l'oeuvre originale, les choix qui furent opérés sont toutefois significatifs du soin apporté à certains aspects du script. De ce fait, le royaume de Hetvia et de son souverain qui déplait, se situant aux abords de l'île, renvoie à la première origine qu'avait conçu Jules Verne pour le capitaine Nemo, celui d'un noble polonais vivant sous la tyrannie du tsar Nikolas1er. Origine qui fut modifiée en accord avec son éditeur, suite aux alliances que la France allait entretenir avec la Russie, donnant ainsi les racines indiennes du roman original.

Sous bien des aspects, le rôle du comte Dakkar est ici assez éloigné de Nemo, ce qui est en partie logique puisqu'il fait référence à son passé. L'île en elle-même n'est en rien mystérieuse puisqu'elle abrite la demeure de Dakkar et de sa soeur, la comtesse Sonia, et qu'elle est connue d'un pays la jouxtant. Ainsi elle se situe aux abords du royaume de Hetvia régie par un roi peu apprécié, et le rôle de robinsonnade qu'elle jouait dans le roman, via l'arrivée des naufragés, est ici remplacé par un mystère, autre que celui que représentait Nemo dans l'original. En effet, Dakkar soupçonnant l'existence d'un peuple sub-aquatique, concevra alors un submersible pour explorer les fonds marins. Toutefois l'accord entre le personnage de Dakkar avec celui de Nemo se fait dans la forme que prend la vie sur l'île du comte, du moins ce que l'on en devine. En effet, celui-ci prône un système de vie politique égalitaire, comme Nemo le fit de manière assez similaire avec son équipage.

On notera que, si dans cette adaptation la présence d'êtres humanoïdes vivant sous la mer peut paraître déplacée par rapport au roman original, il n'en est pas de même avec Jules Verne lui-même, qui mit en scène un peuple vivant sous la terre, dans la pièce de théâtre Voyage à travers l'impossible qu'il écrivit en 1882. Pièce où il faisait intervenir auprès du fils du capitaine Hatteras, quelques autres des grandes figures de son univers, comme le capitaine Nemo, ainsi que son Nautilus. Cette oeuvre atypique, n'en était pas moins également personnelle, et révélait une certaine distance de l'auteur par rapport à ses précédents travaux.

En 1981, le film fantastique espagnol Le Mystère de l'île aux monstres s'inspirera quelque peu de cette adaptation, mettant à nouveau en scène d'étranges créatures à la recherche d'un magma sub-aquatique. Réalisé par Juan Piquer Simón (il avait précédemment adapté Voyage au centre de la Terre), on pouvait y apprécié, malgré le peu d'intérêt du film, la présence des acteurs Terence Stamp et Peter Cushing.

Comme le fera plus tard Disney avec l'adaptation de Voyage au Centre de la Terre, incorporant l'élément de l'Atlantide provenant du roman Vingt Mille Lieues sous les Mers, on pourra voir dans ce film, par ailleurs comme plus tard dans la version de 1961, un véritable animal, ici un alligator, faire présence de créature préhistorique, alors que justement, les seuls créatures de ce genre dans l'oeuvre du romancier se rencontre dans Voyage au Centre de la Terre. On y verra également la pieuvre géante renvoyant au calmar géant de Vingt Mille Lieues sous les Mers. Vingt-deux ans plus tard, le peuple sous-marin de cette adaptation sera, si l'on peut dire, substitué par des extra-terrestres dans le serial de Spencer Gordon Bennet. Ce film était également l'occasion de présenter une héroïne qui fait montre d'indépendance et d'un grand courage. A cet égard, l'actrice Jacqueline Gadsden (1900-1986) avait changé son nom pour ce film, devenant ainsi Jane Daly. Elle arrêtera sa courte carrière cinématographique en 1929. Les autres acteurs passeront plus ou moins bien le cap du muet au parlant, dont ce film représente une étape importante.

Si le film peut paraître en certains endroits manquer de substance par rapport à un scénario travaillé de façon quelque peu chaotique, il reste tout de même un spectacle agréable à suivre.

Jacques Romero, 04/2007


Galerie

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