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Twenty Thousand Leagues Under Seas (Ruth Sacks, 2012)


Twenty Thousand Leagues Under Seas (Ruth Sacks, 2012)
titre original :Twenty Thousand Leagues Under Seas
type :traduction / exposition, 388 pages
année :2012
pays :Afrique du Sud
auteur :Ruth Sacks
illustrations :Ruth Sacks
éditions :Garamond Press (Johannesburg)
site web :http://www.ruthsacks.net/


A propos de cette œuvre

Ruth Sacks, artiste et écrivain sud-africaine a repris à sa manière, tout en le conservant, le texte de Vingt Mille Lieues sous les mers. Cette oeuvre éditoriale particulièrement originale prend ainsi la forme d'un livre de trois cent quatre-vingt-huit pages exposant le roman de Jules Verne dont, entre autres, les quarante-six pages illustrées par l'artiste sud-africaine sont présentées depuis 2012 lors des expositions – Imperial Measures notamment – accueillant l'ouvrage artistique, celui-ci pouvant également être considéré comme une étude dans le domaine de l'interprétariat dans le processus de la traduction et de son interprétation personnelle (livre consultable sur le site internet de Ruth Sacks).
Si l'écrit en langue anglaise est la matière qui donne forme au récit vernien en ce recueil, le texte en lui-même est une ancienne traduction de Vingt Mille Lieues sous les mers sur laquelle Ruth Sacks appose quelques modifications, cela pour souligner notamment l'aspect politique de certains passages, dont ceux du romancier envers la nation Albion, ajoutant ici et là quelques termes, en remplaçant ou modifiant certains autres. Pour exemple, la première traduction anglaise du roman par le révérend Lewis Page Mercier (signant celle-ci sous le nom de Mercier Lewis), assisté par Eleanor Elizabeth King en 1873, occulte de nombreux et longs paragraphes, parmi lesquels ceux justement où l'écrivain français imprimait en son texte un antagonisme certain à l'égard de la Grande-Bretagne. Divers détails scientifiques ont également souffert lors des premières traductions, notamment le système métrique. On compte d'ailleurs quelque trente milles erreurs ou considérées comme telles dans la traduction de Mercier Lewis, celui-ci manquant notamment de certaines connaissances scientifiques.

Les illustrations, tracées avec de longs passages descriptifs écrits par Jules Verne et restés longtemps – jusqu'aux années 1960 – non traduits ou parfois maladroitement adaptés dans la plupart des éditions anglophones du roman, s'inspire dans leur forme, et les motifs décoratifs déployés, de l'Art nouveau, mouvement artistique qui fut également appelé – surtout dans la sphère parisienne et par le commissaire priseur Maurice Rheims – Style Jules Verne, cela de par sa promiscuité temporelle avec l'écrivain.
Flottant au creux de ces lignes qui sont comme autant de vagues parmi les flots, la fluidité étant justement l'une des caractéristiques de l'Art nouveau, certaines de ces courbes qui en marquent les feuilles imprimées évoquent parfois celles des tentacules de céphalopodes. Ainsi ce sont les mots eux-mêmes qui forment les dessins qui illustrent le recueil, à moins que ce ne soient les dessins qui s'expriment au travers de la forme orthographique. Parmi ces phrases s'alignant en une multitude d'arabesques, on notera douze passages qui y sont enserrés et imprimés dans la forme classique de la publication d'un texte.

Quant à la couverture du livre, ces motifs rappelant quelque ouvrage en dentelle, elle s'inspire des travaux du biologiste allemand Ernst Haeckel, celui-ci ayant illustré de nombreuses planches de dessins représentant une multitude d'espèces animales sous-marines (zooplancton, méduses ou encore mollusques), cela dans son ouvrage intitulé Kunstformen der Natur (Formes artistiques de la nature, 1904). Ces études scientifiques sur la faune aquatique furent développés trois décennies après l'odyssée sous-marine vernienne, époque correspondant également à l’ère de l'Art nouveau, les travaux illustrés du biologiste ayant justement inspiré les artistes de ce mouvement artistique.
Pour Ruth Sacks : dans les descriptions du sous-marin, en particulier ses cabines et les collections d'art, les intérieurs, de l'architecture à la décoration, sont dépeints comme s'ils avaient été conçus par des architectes de l'Art nouveau tel Hector Guimard, Émile Gallé, et Louis Majorelle de l'Ecole de Nancy ou encore Victor Horta et Henry Van de Velde. Cette intrusion anachronique d'un art d'un temps à venir entre 1890 et 1910 est en quelque sorte comme le sous-marin dans sa technicité, en avance sur son temps. Aussi, dans cette perspective, Ruth Sacks tente de révéler une certaine corrélation entre le regard que l'Occident porte sur les autres peuples, notamment d'Afrique coloniale et qui est exprimée par les personnages du roman, et l'exotisme de l'impérialisme qui inspira également les artistes de l'Art nouveau.


Exposition de cette oeuvre en France, du 2 septembre au 28 octobre 2013, à la Maison de Jules Verne, à Amiens, ce dans le cadre de la saison de l’Afrique du Sud en France, et du projet culturel "Cultures du monde - Tous Migrants" d'Amiens Métropole.

Jacques Romero, 10/2013

Les images sont © Ruth Sacks / The French Institute of South Africa, Frence-South Africa Seasons 2012 & 2013, Iwalewa Haus Africa Center of the University of Bayreuth


Galerie

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