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20,000 Leagues Under the Sea (Michael Anderson, 1997)


20,000 Leagues Under the Sea (Michael Anderson, 1997)
titre original :20,000 Leagues Under the Sea
type :téléfilm, 91 min
année :1997
pays :États-Unis
réalisation :Michael Anderson
scénario / adaptation :Joe Wiesenfeld
musiques :John Scott
interprètes :Ben Cross, Richard Crenna, Julie Cox, Paul Gross
producteur :John Davis
studio :RHI Entertainment, Hallmark Entertainment
site web :http://imdb.com/title/tt0118247/


A propos de cette œuvre

Ce téléfilm étasunien tourné dans les studios Pinewood, près de Londres, précéda de deux mois la diffusion d'une autre production télévisée de même envergure adaptant Vingt mille lieues sous les mers, à savoir celle américano-australienne dirigée par Rod Hardy, avec Michael Caine dans le rôle du capitaine Nemo : 20,000 Leagues Under the Sea (mai 1997). La présence de personnages féminins sera notamment l'une des particularités importantes que partageront ces deux oeuvres du petit écran, le roman de Jules Verne mettant en scène essentiellement des personnages masculins. De fait, si la version de Rod Hardy était illuminée entre autre par le charme naturel de Mia Sara interprétant la fille du capitaine Nemo, dans la version de Michael Anderson, c'est Julie Cox qui apportera la fraicheur de son doux visage en jouant le rôle de Sophie, la fille du professeur Aronnax, dont elle donnera une excellente interprétation. Ces deux rôles avaient connu de précédentes incarnations, notamment pour la première fois et ensemble dans l'adaptation du roman réalisée en 1916 par Stuart Paton. Point donc ici de Conseil pour former le trio qui sera accueilli à bord du Nautilus, la fille du professeur le remplaçant. On remarquera également que le sous-marin, proche dans sa forme globale à celui des illustrations originales de Neuville et Riou, partageait également quelques détails de sa composition avec le modèle présent dans le film de Stuart Paton.

Le scénario respectait dans son ensemble la trame du roman de Jules Verne. Bien évidemment les nouveaux éléments qui y étaient insérés apportaient quelques modifications à l'histoire, sans toutefois la dénaturer, ou tout au moins en conservant un certain respect envers son univers. Certaines scènes apporteront un peu de légèreté, notamment au début de l'aventure. En effet, la fille du professeur décide d'embarquer avec son père – prénommé dans ce téléfilm Henry et non Pierre – à bord du navire qui doit partir à la recherche du mystérieux animal marin faisant de plus en plus parler de lui de par ses ''exactions''. Pour cela, les femmes n'étant pas acceptées sur un tel bâtiment, et ce pour une telle mission, Sophie Aronnax s'habille en homme, se coiffe tel un jeune garçon, et est présentée au capitaine Michael Farragut comme l'assistant du professeur, prenant pour nom à cet occasion celui de Charlie Darwin. Ce patronyme est évidemment un clin d'oeil au naturaliste Charles Darwin qui entreprit à 22 ans son grand voyage sur le Beagle, et qui fut justement évoqué à de nombreuses reprises par Jules Verne dans son roman, notamment en fonction du professeur Aronnax qui de par sa discipline connaissait les travaux et les écrits du grand évolutionniste.

Parmi les originalités scénaristiques importantes, il en est une qui donnera au capitaine Nemo (Ben Cross) une personnalité fort différente de celles qui sont en général développées dans la plupart des adaptations. En effet ce dernier ressentira un sentiment d'amour envers Sophie Aronnax, à tel point que naitra en lui également une jalousie à l'encontre de Ned Land, le marin et la jeune femme éprouvant également l'un pour l'autre une grande affection. En ce sens, cette version de Vingt mille lieues sous les mers peut être plus que tout autre qualifiée de romance sous les océans. On peut tout de même évoquer d'autres adaptations où le capitaine Nemo est ainsi disposé, notamment la pièce de théâtre d'Enrique Rambal en 1928, ou de manière beaucoup plus ténue dans Le capitaine Nemo et la ville sous-marine où s'il ne semble pas avoir de sentiments envers Helena, celle-ci ressent toutefois entre-eux une certaine promiscuité affective. D'autres romances à bord du Nautilus eurent également lieu, notamment avec la fille du capitaine dans la production télévisée de la série Tales of Tomorrow en 1952, ainsi que dans le téléfilm de Rod Hardy.

La fin de l'aventure sera très différente de celle mise en perspective dans le roman, ou encore cette année-là dans le téléfilm de Rod Hardy. La dramaturgie tragique concluant l'odyssée du Nautilus est ainsi effacée pour exposer une fin plus optimiste où le capitaine Nemo donnera leur liberté à ses hôtes. A cet effet, cette conclusion sera reprise quelques mois plus tard dans l'adaptation du roman de Jules Verne dans la collection Crayola Kids Adventures (produite également par Hallmark Entertainment), et pour cause... Ce programme destiné à la jeunesse, où les personnages mêmes sont interprétés par de jeunes comédiens adolescents, réutilisait de nombreuses scènes du téléfilm de Michael Andersen, parmi celles-ci : les décors naturels sous-marins, les plans larges sur les scaphandriers se déplaçant dans ces éléments et filmés sur les fonds de la Mer Rouge – lieu qui est une des étapes du roman –, les apparitions du Nautilus dans les profondeurs, ainsi que la fameuse scène de la créature. Remplaçant ainsi les habituels apparitions de céphalopodes, c'était ici une raie géante – conçue par la célèbre compagnie Jim Henson's Creature Shop – qui s'attaquait au Nautilus, l'enserrant entre ses mâchoires. Celle-ci finira par lâcher prise grâce à Ned Land alors que tout semblait perdu. C'est ainsi que se sentant quelque peu redevable au harponneur d'avoir sauvé le Nautilus, le capitaine Nemo fera preuve de bienveillance envers ses invités en leur permettant de retrouver leur liberté.

Parmi les concepteurs de ce téléfilm, le réalisateur et le directeur de la photo signaient chacun en cet ouvrage l'un de leurs derniers travaux, mettant quelques mois plus tard fin à leur carrière. Michael Anderson (1920-), réalisateur d'un célèbre Tour du monde en 80 jours avec David Niven en 1956 ou des Chroniques martiennes en 1980 d'après l'oeuvre de Ray Bradbury grand admirateur de Jules Verne, mit ainsi en scène cette aventure avec une certaine sobriété due à des moyens et un budget assez peu important pour un résultat toutefois honnête. Alan Hume (1914-2010) qui avait déjà oeuvré dans le domaine vernien sur le long-métrage Le capitaine Nemo et la ville sous-marine (film mettant en scène également une raie géante nommée Mobula appartenant à la famille de raie Mobulidae ou Myliobatidae, dont la taille impressionnante était due aux effets de la construction de la dite ville sous-marine), apportait encore une certaine honorabilité à la lumière et la matière de l'image de ce téléfilm, cela bien évidemment de par son expérience de la photographie en ce domaine. On s'amusera par ailleurs à constater qu'Alan Hume travailla à la photographie sur Le retour du Jedi de Georges Lucas, ce dernier s'étant notamment inspiré pour la mémorable bataille contre l'Etoile Noire, dans le premier volet de la fameuse trilogie Star Wars, du film Les briseurs de barrages réalisé en 1955 par Michael Anderson, le metteur en scène de ce 20,000 Leagues Under the Sea présenté en cet article. Georges Lucas s'inspira également du film Mission 633 dont la procédure de la dite mission s'apparentait à celle du film précédemment cité. Mission 633 semble avoir également inspiré John Williams dans sa partition et ses arrangements, certains thèmes de Star Wars étant assez proche de ceux que composa Ron Goodwin pour Mission 633, inspiration pouvant aller au-delà de par des références classiques communes à ces deux artistes. Visuellement encore pour ce 20,000 Leagues Under the Sea, les décors fabriqués en partie par Brian Ackland-Snow et les divers éléments tels les costumes de Tiny Nicholls (Alien, Star Wars, Octopussy) sont agréables à voir, les uns étant notamment en accord avec les autres, surtout la couleur des vêtements de l'équipage du Nautilus étant dans la même tonalité de gris que la coque du sous-marin. Cela confère justement un aspect assez proche de l'imagerie militaire des pays de l'Est de l'Europe, voire de ceux du commandement de l'Etoile Noire dans Star Wars. Mais cette austérité est toutefois tempérée pour les uniformes de l'équipage du Nautilus, la matière utilisée pour ceux-ci étant visuellement d'un aspect quelque peu soyeux à l'écran. A propos de l'équipage, hormis les personnages principaux, on soulignera qu'il est composé d'hommes et de femmes, ce qui là encore est assez rare dans les adaptations. Ses membres resteront toutefois cois durant toute l'aventure, excepté si l'on peut dire lorsque des hommes du capitaine tenteront de dégager le Nautilus des mâchoires de la raie géante en pénétrant dans la gueule même de l'animal, ceux-ci poussant quelques cris alors qu'ils sont emportés par de fortes projections d'eau ; scène tout de même assez peu crédible à la fois dans l'idée et dans sa représentation. On regrettera également quelques incohérences et anachronismes, notamment pour prendre un exemple avec les livres trônant sur des étagères de bibliothèques, certaines collections de la seconde partie du 20ème siècle étant reconnaissables.

Malgré les grands noms du cinéma ayant officié à la conception de ce téléfilm, celui-ci est toutefois une production relativement mineure, bien que sur toute la durée du métrage, l'oeuvre reste agréable à suivre. Les comédiens réussissent notamment à imposer leur jeu même si le scénario manque quelque peu de consistance ; la réalisation et une mise en image honnêtes palliant également à cela. En outre, la partition musicale signée par John Scott (Sherlock Holmes contre Jack l'éventreur, Greystoke la légende de Tarzan, Randonnée pour un tueur) et jouée par le Philharmonia Orchestra de Londres confère à l'ensemble un charme certain, le romantisme des sentiments et la beauté des paysages aquatiques se mêlant avec légèreté en une belle symphonie sous-marine (la célèbre toccata de Bach que l'on entend dans la version disneyenne avec James Mason est également réarrangée pour Ben Cross par le pianiste Simon Chamberlain). On éprouvera à l'écoute de cette composition quelques réminiscences, John Scott ayant sans doute été inspiré, entre autre, par divers scores que Paul J. Smith composa pour le Vingt mille lieues sous les mers de Richard Fleischer et Walt Disney Productions. Dans ce même univers cinématographique, John Scott avait composé 30 ans plus tôt la bande originale du long-métrage Le grand départ vers la Lune de Don Sharp, film qui n'était pas une adaptation du roman De la Terre à la Lune de Jules Verne, mais s'en inspirait fortement. En 2002, John Scott retrouvera l'inspiration vernienne, si l'on peut s'exprimer ainsi, en composant et dirigeant la partition qu'il écrivit pour la série de six documentaires Cinq mois sur les mers - L'Odyssée atlantique du Belem (également connue sous le titre Les Expéditions Jules Verne Aventures) réalisée par le cinéaste Jean-Christophe Jeauffre, co-créateur du Festival Jules Verne. Cette grande expédition qui puisait quelque peu de son esprit dans les voyages littéraires de Jules Verne donnera aussi lieu à deux beaux livres : Esquisses d'un Voyage : Amazonie-Martinique-Açores. L'expédition Jules Verne à bord du trois-mâts Belem (Equinoxe, 2003) et L'expédition Jules Verne à bord du trois-mâts Belem (Equinoxe, 2003).

Petite anecdote en guise de conclusion : Julie Cox interprétant ici la fille du professeur Aronnax fut impératrice dans le film L'histoire sans fin 3 et princesse dans les séries télévisées de Dune. Elle avait également interprété en 1996 le rôle de la Princesse Diana dans le téléfilm Princess in love. Aussi, plus récemment, en avril 2011, le rôle du Prince Charles fut interprété par Ben Cross, le capitaine Nemo de la présente adaptation, dans le téléfilm William & Kate, production diffusée à la télévision à l'occasion du mariage princier.

Jacques Romero, 06/2011


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