film

Vingt mille lieues sous les mers (Paul Laffitte, Léon Laffitte, 1908)


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titre original :Vingt mille lieues sous les mers
type :film, projet inachevé
année :1908
pays :France
scénario / adaptation :Michel Verne, Henri Lavedan
producteur :Paul Laffitte, Léon Laffitte
studio :Le Film d'Art, Pathé Frères (éditeur)
site web :http://1895.revues.org/


A propos de cette œuvre

Sur une proposition du dramaturge Henri Lavedan (1859-1940), Michel Verne (1861-1925), fils de Jules Verne (1828-1905), écrit un scénario – ou plutôt une « succession de tableaux pittoresques » – adaptant Vingt mille lieues sous les mers pour Le Film d'Art, société de production nouvellement créée par les frères Laffitte en janvier 1908. Le projet n'ira pas plus loin, si l'on peut qualifier ce scénario comme tel, car en cette première année du studio, Henri Lavedan, le directeur littéraire du Film d'Art, lance diverses idées de sujets dont certaines feront l'objet, comme Vingt mille lieues sous les mers, d'une concrétisation en une esquisse ou un premier scénario, sans pour autant se voir adapter à l'écran. Parmi les thèmes choisis, et de par ceux à qui l'on convie l'écriture, nombre de sujets seront portés sur des dramatiques historiques, mais aussi sur quelques exploits liés à la science dont la première ascension en ballon à air chaud le 21 novembre 1783, expérience que Jules Verne avait notamment évoquée dans sa nouvelle Un drame dans les airs. Comme plusieurs personnalités à qui Henri Lavedan proposa de donner une première forme rédactionnelle à une éventuelle production cinématographique, et selon la correspondance du 21 juin 1908 de Michel Verne à Henri Lavedan, le fils de l'écrivain des « Voyages extraordinaires » restait quelque peu circonspect quant à l'ouvrage qu'il produisit sur ce qui lui fut demandé, cela sans avoir de véritable indication et, de plus, comme certains sans avoir une connaissance pointue du langage cinématographique d'alors. Si ce Vingt mille lieues sous les mers est finalement resté au stade de l'idée, Michel Verne retrouvera le cadre du cinématographe la décennie suivante en créant la maison de production Les Films Jules Verne, dont le dernier projet en 1923 restera inachevé : il s'agissait d'une nouvelle adaptation de Vingt mille lieues sous les mers.

Peut-être est-ce cette première expérience, quoiqu'il douta des possibilités de celle-ci, qui amena Michel Verne a produire peu après des films adaptant des oeuvres de son père. Bien que l'on ne peut qu'émettre que quelques suppositions, nous n'avons pas connaissance de la raison exacte – aussi simple soit-elle – qui a conduit le Film d'Art à ne pas concevoir cette adaptation sur l'aventure sous-marine. Henri Lavedan avait déjà rassemblé au milieu de l'année 1908 un très grand nombre de scénarios ou d'ébauche de scénarios que Richard Cantinelli, directeur exécutif du Film d'Art de juillet à décembre de la même année, allait soumettre à réflexion pour considérer ceux qui posaient de véritables problèmes à porter sur un écran, que cela soit lié à la morale, à la technique ou parmi divers autres critères par rapport à des sujets déjà mis en scène par d'autres studios. Si la rédaction de Michel Verne faisait encore partie des scénarios conservés, ce que l'on peut douter, celle-ci représentant tout de même de grands efforts quant à la représentation sous-marine si le but visuel avait été une approche plus réaliste que celle de Méliès, elle ne survécut pas à cette sélection qui ne dut finalement retenir qu'assez peu de ces premiers scénarios demandés dans une certaine précipitation et sans directive précise.

Pour appréhender le plus sérieusement possible et de manière très éclairée l'histoire du studio Le Film d'Art, et comprendre pleinement cette légère présence vernienne en celui-ci sous la forme du projet que nous venons d'évoquer, nous vous invitons à lire l'article rédigé par Alain Carou sous le titre « Le Film d’Art ou la difficile invention d’une littérature pour l’écran (1908-1909) », publié en 2008 dans le n°56 de la revue 1895. Mille huit cent quatre-vingt-quinze de l’Association française de recherche sur l’histoire du cinéma (AFRHC), le dit numéro étant évidemment entièrement dédié au Film d'Art : Le Film d'Art & les films d'art en Europe (1908-1911) sous la direction de Alain Carou et Béatrice de Pastre. Cette précieuse étude nous a permis de prendre connaissance de ce projet vernien et de fait de l'évoquer.

Jacques Romero, 06/2012

Pour cette adaptation qui n'a jamais vu le jour et qui donc n'a pas eu de titre finalisé, nous avons fort logiquement opté pour celui du roman pour la nommer et la présenter.

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