pièce de théâtre

Nautilus (Elio Turno Arthemalle, Felice Colucci, Veronica Sanna, 2010)


Nautilus (Elio Turno Arthemalle, Felice Colucci, Veronica Sanna, 2010)
titre original :Nautilus
type :pièce de théâtre
année :2010
pays :Italie
mise en scène :Elio Turno Arthemalle
auteur :Elio Turno Arthemalle, Felice Colucci, Veronica Sanna
musiques :Rossella Faa (chant), Giacomo Deiana (guitarre)
direction artistique :Lorenzo Perra (fournitures), Claudio Biolchini, Elvio Melas (sons)
interprètes :Rossella Faa, Cristina Maccioni, Alessandro Valentini, Massimo Zordan
producteur :Associazione Culturale Teatro Impossibile, Associazione Culturale Alfa Arte
site web :http://www.alfaarte.it/index.html


A propos de cette œuvre

Elio Turno Arthemalle (1966-), comédien, metteur en scène et dramaturge du théâtre contemporain italien, adapte ici très librement Vingt mille lieues sous les mers. Ayant travaillé à ses débuts sur de nombreuses pièces radiophoniques, il reprend en partie cette forme sonore pour donner vie à cet ouvrage scénique (à son entrée dans les studios de la RAI, à Cagliari, en 1986, il est fortement influencé par la mise en scène des pièces radiophoniques de Cesare Saliu qui, au travers de son jeu de comédien et des diverses techniques de bruitages, transformait ce support invisible en images). Ainsi, des comédiens se font lecteurs du récit devant un parterre de spectateurs à qui l'on a remis, à l'entrée de la salle, des bandeaux dont ils doivent se couvrir les yeux avant que ne commence le spectacle. L'histoire se déroule donc dans l'obscurité pour celui qui la veut suivre. Le texte et le jeu narratif des acteurs sont alors reçus dans un premier temps par des auditeurs, et tout en s'insinuant dans leur esprit libéré du sens de la vue, transforme ceux-ci en spectateurs de leur propre imagination alimentée par les voix, la musique et quelques effets sonores. De fait, ce spectacle s'apparente à celui mis en scène en 2006 par Yvan Blanloeil avec la Compagnie Intérieur Nuit qui, en adaptant le même roman, adoptait une mise en scène dans l'obscurité complète, et usait des divers éléments sonores pour conter son récit.

Dans ce Nautilus du Teatro Impossibile, on peut ainsi suivre de l'ouïe l'odyssée du submersible et de ses occupants. Le caractère du capitaine Nemo y est notamment accentué vers un pessimisme plus appuyé encore que celui mis en place par le romancier. Sa psychologie est de même plus développée et son passé évoqué. On l'entend également communiquer avec une baleine, celle-ci étant le reflet de sa conscience. L'enthousiasme de Jules Verne quant à la science est aussi plus nuancé, un siècle et demi passé depuis ayant changé bien des perspectives. Parmi quelques autres originalités, le professeur Aronnax est interprété par une comédienne – Rossella Faa, celle-là même qui interprète la conscience-cétacé de Nemo –, ce qui a déjà été le cas à quelques reprises au théâtre comme avec Elda Adriano dans la pièce musicale italienne de Marte Costa, ou au Québec avec une pétillante France LaRochelle dans la pièce de Jean Bélanger et Jacques Laroche.

Avec cette création, Elio Turno Arthemalle veut contourner le sens de la vue – et ce qui est montré à celle-ci – par l'absence d'images reçues naturellement par notre cerveau. De fait, l'esprit dégagé de toute vision imposée, le spectateur-auditeur participe lui aussi à la création. Les mots et les sons ont été composés – du moins dans la volonté – de manière à réveiller certaines images qui pour un seul élément peut être multiple, chaque personne s'imaginant notamment de différentes façons et de formes l'apparition des créatures sous-marines. De même, comme souligné par le dramaturge, il est intéressant dans le cadre de cette histoire de pouvoir jouer avec des paysages peu communs, tels le Nautilus aux prises avec les glaces de l'Antarctique, le calmar géant ou le maelström. Adapter un roman aussi populaire pour cette première expérience de théâtre sonore sur une scène était un choix bien réfléchi. Cela permettait d'aller au-delà du récit connu, pour en offrir des sensations nouvelles. Elio Turno Arthemalle a également créé cette pièce dans l'optique de toucher les personnes étant atteintes de cécité. Aussi, des organisations engagées dans la gestion de ce handicap ont également participé à sa production, telle l'association Il piacere di stare insieme (Le plaisir d'être ensemble) de l'UNIVo.C de Bologne. Le temps de la pièce, les voyants partagent ainsi certaines perceptions que peuvent éprouver les personnes n'ayant plus la possibilité de voir le monde.

Cette création prenant forme dans le cadre du projet Vedere con i suoni / Voir avec les sons se prolonge également avec la parution éponyme d'un ouvrage édité en 1000 exemplaires par l'Associazione culturale Alfa Arte. Ce volume, telle une bible, est un document informatif qui a servi lors la mise en forme finale. La pièce y est présentée avec de nombreuses notes concernant sa conception. Quelques pages en braille y figurent également, et un enregistrement sonore de la lecture du spectacle est de même joint au support rédactionnel : texte de Elio Turno Arthemalle, Damiana Culeddu, Gianfranco Lunesu, Barbara Melis et Maura Quartu ; avec des illustrations de Ilaria Calzetta ; projet graphique de Nanni Pintori ; musique du CD de Nicola Adamo.


Représentations

Première représentation sous la forme d'une répétition ouverte, le jeudi 22 avril 2010 (18h15), à la Pinacoteca Nazionale de Cagliari, dans le cadre de la 12ème édition de la Semaine de la Culture.

Présentation du projet, le 8 juin 2010 (11h30), à la Galerie Nationale des Arts de Cagliari.

Mercredi 16 et jeudi 17 juin 2010 (20h30), représentations au Palais Royal de Cagliari.

Jeudi 25 et vendredi 26 novembre 2010 (21h00), représentations au Teatro delle Saline de Cagliari.


Ont participé également à la mise en place de ce projet : Teatro delle Saline (Cagliari) / Biblioteca Provinciale di Cagliari / Fondazione Banco di Sardegna / Soprintendenza ai Beni Architettonici, Paesaggistici, Storici, Artistici ed Etnoantropologici per le Provincie di Cagliari / ANPVI Sardegna Onlus / Assessorato alla Cultura della Provincia di Cagliari / Servizi Educativi del Museo e del Territorio / Soprintendenza BAPSAE per le province di Cagliari / Mibac.

Jacques Romero, 12/2010

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