roman

Twenty Thousand Leagues Under the Sea (Jules Verne, 1925)


Twenty Thousand Leagues Under the Sea (Jules Verne, 1925)
titre original :Twenty Thousand Leagues Under the Sea
type :traduction, 407 pages
année :1925
pays :États-Unis
auteur :Jules Verne
illustrations :William James Aylward, Isaiah West Taber
éditions :Charles Scribner's Sons (New York)


A propos de cette œuvre

Ce volume auquel nous consacrons ici quelques lignes n'est pas une adaptation dans le sens que nous lui prêtons en ce site qui, nous le rappelons, est un espace réservé aux oeuvres ayant adapté ou ayant puisé pleinement leur inspiration dans les romans Vingt mille lieues sous les mers et L'île mystérieuse. En effet, cet ouvrage est tout simplement une traduction américaine du roman de Jules Verne. Toutefois, comme quelques autres, cette édition comportant des illustrations d'une grande qualité artistique, il nous semble intéressant de la présenter et d'émettre quelques commentaires la concernant.

Cette traduction du roman de Jules Verne se rapproche de celle des éditions de la John C. Winston Company qui, en 1932, accompagna le texte anglais de nombreuses illustrations du peintre Anton Otto Fischer, spécialiste de l'univers de la marine, comme le fut William James Aylward (1875-1956) illustrant le présent ouvrage de quatre magnifiques toiles (dont celle en frontispice représentant les occupants du Nautilus observant au travers d'une vitre Nicolas le Pesce, peinture ayant été choisie pour illustrer également la couverture). De même, cette édition ne fait pas mention du nom du traducteur du texte de Jules Verne et montre, comme souligner dans notre article sur l'ouvrage ou officia Fischer, un certain manque éditorial dans la procédure concernant la traduction.
Outre les planches hautes en couleurs de William James Aylward, les pages de garde – de la 1ère édition ou de l'une de ses rééditions – sont également décorées et illustrées par le grand photographe californien Isaiah West Taber (I. W. Taber, 1830-1912), celui-ci ayant fait notamment oeuvre picturale sur d'autres publications telles Captains Courageous de Rudyard Kipling, aux éditions Macmillan & Co. en 1897, ou encore en 1902 pour Charles Scribner's Sons avec Moby Dick d'Herman Melville. La date de son décès nous indique que cette production dessinée pour les pages de garde est antérieure à la première édition de cette publication en 1925. Les éditions Charles Scribner's Sons ayant déjà publié le roman de Jules Verne en 1905 (12 illustrations pour 427 pages), il est possible que cela fut à cette occasion (n'ayant pu observer les différentes publications verniennes de l'éditeur, nous ne pouvons qu'être imprécis). Plusieurs rééditions suivirent, ainsi qu'en 1916 avec une Uniform Edition, et encore en 1918 et 1921 avec les illustrations originales de Neuville & Riou. Parmi encore de nombreux ouvrages de Jules Verne, les éditions Charles Scribner's Sons publieront également Mysterious Island à partir de 1886...


William J. Aylward

Le peintre William James Aylward (1875-1956) doit quelque peu la promiscuité du monde marin dans sa vie et son oeuvre grâce à son père, celui-ci officiant comme bâtisseur sur un chantier navale, à Milwaukee, dans le Wisconsin (William Aylward père conçu notamment en 1871 la Madona, une goélette en bois de deux mats qui navigua sur le Lac Michigan jusqu'en 1914). Ce ne sera toutefois qu'à 26 ans, au tout début du 20ème siècle, qu'il décide de devenir un artiste peintre. Après avoir pris contact avec Howard Pyle qui était alors la grande référence en la matière, il part le rejoindre dans le Delaware, à Wilmington, pour devenir son élève à la Howard Pyle's School of Art in Wilmington où, à cette époque, Newell Convers Wyeth y est aussi étudiant. Ce dernier illustra Jules Verne pour Charles Scribner's Sons, quelques années avant Aylward, en 1918, avec une très belle édition de The Mysterious Island. William J. Aylward rencontrera également en cette école une élève du nom de Ida Marion Dougherty (1878-1955) qui deviendra son épouse et qui, en tant qu'artiste peintre, se spécialisera dans les portraits. Aylward étudia aussi l'art à la Art Institute of Chicago et la Art Students League. Outre de nombreux ouvrages pour des magazines, il illustra parmi ses grands travaux pour la littérature, et toujours en relation avec la mer, le roman Sea-Wolf / Le loup des mers de Jack London, cela dès 1904 lors de la première parution du roman par les éditions Macmillan Company, ou encore, en 1910, parmi des nouvelles parues dans le Harper's Monthly Magazine, The Secret-Sharer de Joseph Conrad. Il couvrira également de manière officielle la Première Guerre mondiale, puis séjournera peu après à Marseille. Là-bas, il reproduira de nombreux aspects de la ville mais aussi du port, les zones portuaires ayant été durant le conflit un des objectifs qu'il devait extraire de sa palette pour coucher sur ses toiles, comme divers témoignages des activités industrielles qui s'y déroulaient alors. Son oeuvre en générale se verra par ailleurs non seulement représenter l'univers des grands voiliers et autres bâtiments des mers, mais aussi ce lieu d'où découlent tout navire avant de fendre les flots. Enfin, à 55 ans, il deviendra enseignant dans les arts industriels (Pratt Industrial Art School, 1930-1934) puis les Beaux Arts (Newark School of Fine and Industrial Art, 1936-1955).

Concernant son ouvrage sur Jules Verne, et contrairement à la finesse du pinceau et une certaine légèreté de tons de Milo Winter le précédant dans cet exercice vernien, Aylward appose sur ses toiles une forte impression au travers de ces aplats de couleurs. Tout en donnant envers les divers éléments représentés la sensation de percevoir la présence de l'espace les séparant les uns des autres, et de même de l'observateur, il peint par delà cette épaisseur de style, l'illusion de la profondeur et, à un autre degré, du relief.
Illustrer le roman de quatre peintures réduit considérablement les choix des représentations tant celles-ci sont nombreuses en cette oeuvre littéraire, que cela soit sous la plume de l'écrivain, ou avec les gravures ayant accompagné le récit dès les premières éditions. Aylward omettra ainsi de représenter le Nautilus, si ce n'est la scène donnant sur l'intérieur du submersible, celle-ci donnant elle même sur l'extérieur l'environnant. Toutefois, il le fera apparaître menaçant sous l'aspect du monstre marin illuminant la surface des flots, tel un incendie sous les eaux. De même, s'il représente les hommes, les visages nous sont pour la plupart masqués, les personnages étant représentés de dos, ou leur regard tourné en direction de la profondeur du cadre, excepté Nicolas le Pesce vu au travers d'une vitre du submersible. Pour tenter peut-être d'évoquer plusieurs points malgré le peu de toiles illustrant le volume, il semble que W. J. Aylward est choisi de mettre en scène au moins deux sujets par toiles : deux passagers du Nautilus observant avec surprise Nicolas le Pesce ; Ned Land, harpon à la main, avec les marins de l'Abraham Lincoln face à l'étrange apparition ; les hommes dans leur barque fuyant les habitants de l'île Gueboroar ; et pour conclure, un scaphandrier observant les ruines de l'Atlantide. Bien évidemment un tel choix ne pouvait être que contraignant, et finalement peu important, le but étant avant tout, quels que soient les tableaux représentés, de donner au volume une teinte picturale digne de l'imposant texte vernien.

Jacques Romero, 11/2010


L'une des gravures de William James Aylward fut plus récemment utilisée pour illustrer la couverture de Twenty Leagues Under the Sea pour les éditions Penguin en 1994, dans la collection Penguin Popular Classics.


Galerie : ce volume fut réédité de multiple fois jusqu'aux années 60, notamment en 1928, cette édition étant celle présentée dans la collection Golden Age Comic Book Stories qui nous permet, par son biais – comme pour le volume édité par la John C. Winston Company –, de vous présenter les illustrations de William James Aylward issues de cet ouvrage.


Galerie

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