roman

Twenty Thousand Leagues Under the Sea (Jules Verne, 1932)


Twenty Thousand Leagues Under the Sea (Jules Verne, 1932)
titre original :Twenty Thousand Leagues Under the Sea
type :traduction, 385 pages
année :1932
pays :États-Unis
réalisation :Felix Riesenberg (introduction), William Joseph Pelo (glossaire)
auteur :Jules Verne
illustrations :Anton Otto Fischer
éditions :The John C. Winston Company (Philadelphia, Chicago, Toronto)


A propos de cette œuvre

Ce volume auquel nous consacrons ici quelques lignes n'est pas une adaptation dans le sens que nous lui prêtons en ce site qui, nous le rappelons, est un espace réservé aux oeuvres ayant adapté ou ayant puisé pleinement leur inspiration dans les romans Vingt mille lieues sous les mers et L'île mystérieuse. En effet, cet ouvrage est tout simplement une traduction américaine du roman de Jules Verne. Toutefois, comme quelques autres, cette édition comportant des illustrations d'une grande qualité artistique, il nous semble intéressant de la présenter et d'émettre quelques commentaires la concernant.

Ainsi, on peut déjà souligner la particularité de cette édition – Twenty Thousand Leagues Under the Sea (The John C. Winston Company, 1932) – qui, se différenciant quelque peu de celle de Rand McNally & Company illustrée en 1922 par Milo Winter, proposait un contenu iconographique réalisé par un peintre spécialisé dans l'univers de la marine, tout comme le firent précédemment les éditions Charles Scribner's Sons en 1925 avec William James Aylward (1875-1956). De plus, pour accentuer encore l'aspect naval de l'ouvrage, une introduction signée par Felix Riesenberg (1879-1939), officier de marine, précédait comme il se doit le roman. Ingénieur dans le civil, écrivain et historien des mers, Riesenberg fut également directeur de la New York Nautical School à partir de 1917, vingt ans après y avoir fait ses études. On notera qu'il participa, en tant que membre de l'équipage, à la très courte expédition de Walter Wellman en 1907 – bien plus longue fut la préparation –, celui-ci voulant faire la tentative d'atteindre le Pôle Nord en ballon dirigeable avec l'America conçu par Melvin Vaniman, après l'essai d'un premier modèle de Louis Godard, et cela 10 ans après la disparition de l'expédition aérienne de Salomon August Andrée. Hélas, comme en 1895 et 1897 par la mer, Wellman échouera à nouveau par les airs, comme deux ans plus tard alors que le Pôle à prétendument été atteint. Pour souligner encore l'élément principal du volume vernien, un glossaire sur le monde sous-marin fut également établi et adjoint au contenu rédactionnel par William Joseph Pelo, auteur et éditeur d'ouvrages scolaires sur la grammaire et l'orthographe, ainsi que de dictionnaires.


Le peintre des océans

Bien évidemment, cet ouvrage est fortement marqué par la puissance évocatrice des tableaux conçus par le peintre allemand Anton Otto Fischer (1882-1962) dont l'oeuvre picturale et maritime fut récompensée entre autre par la Garde Côtière des Etats-Unis (il vit à partir de 1903 à New York). Parmi ici les 31 planches illustrées, 5 seulement seront des toiles peintes avec une certaine magnificence, celle-ci étant notamment démultipliée par la mise en scène et les choix de couleurs pour la dernière peinture représentant, sur le dos du submersible, la force humaine se débattant entre les membres des céphalopodes. L'artiste y déployait de même en ces pages un grand talent dans le dessin brute avec, pour certaines illustrations en noir et blanc, un hommage au style de Neuville et Riou, de même qu'aux gravures de Henri-Théophile Hildibrand. Quant à la représentation du Nautilus, il semble avoir conservé la forme originale du submersible vernien, celle-ci ayant été reproduite par Milo Winter en 1922 dans la collection Windermere Stories des éditions Rand McNally & Company. De fait, on peut y voir encore la filiation avec les dessins originaux, ainsi que celle avec la seconde cabine pleinement mise en valeur par Winter (dans les dessins de Neuville, l'existence de cette seconde cabine est toutefois peu visible, si ce n'est qu'elle peut être plus ou moins appréhendée ou devinée sur l'illustration montrant le Nautilus faisant usage de son faisceau lumineux – mais c'est surtout le dessin de Jules Férat représentant le sous-marin à la fin de L'île mystérieuse qui est un peu plus détaillé sur cet aspect que l'artiste américain a observé et souligné). On remarquera que contrairement aux représentations de Milo Winter, de par certains effets de mise en scène et de plans, les dessins de Fischer concernant le submersible donneront à ce bâtiment sous-marin un aspect légèrement plus massif. Mais tout comme Winter, malgré un bien plus grand nombre de dessins le représentant, le Nautilus sera principalement exposé à la surface des eaux. On pourra toutefois l'observer en son entier dans les profondeurs, un seul dessin laissant apparaître sa forme derrière l'épaisse obscurité des fonds sableux et des scaphandriers marchant sur le sol de l'océan. Sa proue sera de même très clairement exposée alors qu'il fait surface.
Autre petite particularité, c'est au travers d'un hublot rectangulaire que le professeur Aronnax et le capitaine Nemo aperçoivent le nageur Nicolas dit le pesce, au contraire si l'on peut dire de ceux ronds vus dans les gravures originales. Rectangulaires seront également les six vitres de chacune des deux cabines apparaissant sur le pont, deux fenêtres occupant les trois panneaux donnant sur l'extérieure du submersible – alors qu'il n'y en avait qu'une et ronde chez Milo Winter et Neuville & Riou –, ce qui appuiera encore l'impression d'une plus large structure du bâtiment dans son ensemble (sur plusieurs dessins, la seconde cabine laisse apparaitre très clairement deux autres vitres donnant sur le pont intérieur du submersible).

Un an plus tôt, pour le même éditeur, Anton Otto Fischer avait orné de ses peintures le volume de Moby Dick, The White Whale d'Hermann Melville, ce qu'il fit également pour quelques autres grands classiques de ce genre ayant pour cadre le milieu marin, tels The Mutineers et The Dark Frigate (Ed. Little, Brown & Co) de Charles Boardman Hawes, ou encore parmi quelques autres The Pearl Lagoon de Charles Nordhoff. Il signera également divers travaux dans l'univers du western, illustrant de nombreux ouvrages de la romancière B. M. Bower, tels The Quirt, Good Indian, The Thunder Bird ou The Gringos.
Il oeuvra également tout le long de sa carrière artistique pour l'honorable magazine The Saturday Evening Post, y réalisant notamment de multiples couvertures, cela sur une période de 48 ans, de 1910 à 1958. Il signera de même de nombreuses illustrations pour d'autres périodiques tels Cosmopolitan, Everybody's Magazine, Life, The Metropolitan, ou encore pour le Harper's Weekly qui fut le premier magazine a lui acheter l'une de ses oeuvres en 1910. Quant à sa formation artistique, quatre ans auparavant, tout comme Henry Carl Kiefer, dessinateur d'une adaptation de Vingt Mille Lieux sous les Mers pour Classic Illustrated en 1948, Anton Otto Fischer étudia l'art à l'Académie Julian, cela pendant deux ans, avec pour professeur le peintre Jean-Paul Laurens (1838-1921).
De nombreuses sources lui attribuent l'illustration d'une édition du roman Treasure Island / L'île au trésor de Robert Louis Stevenson, sans préciser le nom de l'éditeur, mais il semble que cela soit une erreur reprise d'une note biographique à une autre, du moins nous n'avons pas connaissance de l'existence d'un tel volume dont nous n'avons trouvé, à juste titre, nulle trace après de longues recherches. Une hypothèse parmi d'autre, qui pourrait tout de même être plausible, c'est que cet ouvrage aurait pu être confondu avec l'édition de Treasure Island publiée par la John C. Winston Company en 1924, avec pour accompagner le texte, de très belles illustrations et quelques magnifiques peintures signées par le bédéiste Frank Godwin. Toutefois, nous n'excluons pas sa possible existence, même si nous émettons quelques réserves appuyées à son encontre. On soulignera tout de même que le site American Art Archive évoque également l'illustration de ce roman par Anton Otto Fischer. A cet égard, cet autre musée virtuel propose parmi sa riche collection une Galerie des plus appréciables réservée à cet artiste. Concernant encore cette incertitude, une lecture dont nous n'avons pas pris connaissance pourrait peut-être nous renseigner. En effet, en 1977, la fille du peintre – Katrina Sigsbee Fischer (1914-1998) – a écrit une biographie sur celui-ci : Anton Otto Fischer - Marine Artist - His Life and Work (Ed. Teredo Books Ltd, Brighton).


L'éditeur

Concernant les éditions The John C. Winston Company qui publièrent cet ouvrage, elles furent fondées en 1884 par John Clark Winston (1856-1920), à Philadelphie, où elles occupèrent pendant de nombreuses années le Winston Building au 1006-1016 Arch Street. Elles publieront nombre d'ouvrages dans divers domaines, du livre scolaire au livre d'Histoire, en passant par moult titres concernant la religion, particulièrement le christianisme, ainsi que de nombreuses et diverses éditions de la Bible. Quant à l'éditeur lui-même, on sait relativement peu de chose sur la vie de John Clark Winston, hormis qu'il était issu d'une famille quaker. De fait, en l'absence de notes biographiques lui étant dédiées, voici tout de même quelques liens sur sa généalogie, celle au sein de la Leanne Cragun's Family, puis dans les archives de la famille Winston-Clark de 1814 à 1900, ainsi que celle des Bartholomew, Botsord and Winston. Parmi un large panel de genres publié également par cet éditeur, la collection jeunesse Winston Science Fiction (1952-1961) verra ses romans traduits aux éditions Daniber en France. Celle-ci est présentée sur Collectors Showcase, un excellent site d'une grande valeur iconographique concernant la SF qui gravita au centre du vingtième siècle (1930-1970). Parmi les écrivains de cette collection, deux auteurs allaient devenir les dieux d'un panthéon littéraire d'une grande richesse intellectuelle et culturelle, à savoir Arthur C. Clarke et Jack Vance. Ce dernier qui avait un passé de marin, fut également un très jeune lecteur de Jules Verne, et il revint de nombreuses fois déposer ses pensées et son imagination entre les pages de L'île mystérieuse.


La traduction

On notera, avec un certain étonnement, qu'il n'est pas indiqué sur la page de garde de ce livre aucune mention quant au traducteur du texte de Jules Verne. Etait-ce une traduction empruntée à une précédente édition américaine, ou celle-ci a t-elle été réalisée par l'un des traducteurs littéraires officiant pour la Winston Company ? Nous nous garderons d'émettre la moindre hypothèse sérieuse en l'absence totale, selon notre perspective, d'aucune sorte d'indication qui pourrait éclairer ce point. Toutefois, nous soulignerons que cet éditeur publia relativement assez peu d'ouvrages non anglophones. On peut citer parmi ceux-ci Les Misérables de Victor Hugo, The Three Musketeers d'Alexandre Dumas en 1931, ou encore Pinocchio: The story of a Marionette de Collodi, avec également pour ces autres ouvrages, l'absence de mention concernant la traduction. Cette attitude éditoriale qui concernera de nombreuses éditions de romans de Jules Verne traduits aux Etats-Unis au 19ème siècle s'atténuera dans le suivant, mais des publications passant outre la signalisation du traducteur, comme celle faisant l'objet de cet article, continueront tout de même de paraître. C'est dire, comme le fera remarquer le regretté Walter James Miller (1918-2010), qu'il y avait alors un certain irrespect pour le véritable texte de Jules Verne.
Pour conclure sur ce point, on ajoutera que la John C. Winston Company racheta en 1904 les éditions Henry T. Coates & Co. (1895-1904), celles-ci ayant été actives précédemment sous le nom de Porter & Coates (1867-1895, créées au tout début en 1846), et accédait ainsi à un nouveau catalogue de titres des plus fournis. Ces éditeurs avaient justement publié quelques romans de Jules Verne, dont le voyage sous-marin Twenty Thousand Leagues Under the Seas (sea au pluriel appuyé) sous titré or, The marvellous and exciting adventures of Pierre Aronnax, Conseil his servant, and Ned Land, a Canadian harpooner (Porter & Coates, 1880). Le texte vernien de la John C. Winston Company était peut-être lié à ces dernières, voire issu des deux premières publications américaines du roman par les éditions George M. Smith & Co. (1873) qui reprenaient de suite ou en parrallèle celles de James R. Osgood and Company (1873). Elles sont présentées sur le site de la collection de Andrew Nash. Mais tout de même, il serait surprenant que cela soit le cas...

Jacques Romero, 11/2010

Les illustrations de cet ouvrage sont directement issues du blog iconographique Golden Age Comic Book Stories de Mr Door Tree. Celui-ci présente les dessins de ce volume dans leur ordre d'apparition, alors que notre galerie les dispose, quoique que librement, de par leur nature et leur format. Cet espace – Golden Age Comic Book Stories – dédiée à l'illustration expose une collection d'une très grande richesse artistique.


Galerie

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