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De Avonturen van Pinkie Pienter : 20.000 mijlen onder zee (Josef Hans Koeleman, 1956)


De Avonturen van Pinkie Pienter : 20.000 mijlen onder zee (Josef Hans Koeleman, 1956)
titre original :De Avonturen van Pinkie Pienter : 20.000 mijlen onder zee
titre français :Les aventures de Martin le Malin : Martin le Malin et le monstre marin
type :parodie, 54 pages / 3x16 pages
année :1956
pays :Pays-Bas
scénario / adaptation :Josef Hans Koeleman
dessins :Josef Hans Koeleman
éditions :Mulder & Zoon (Amsterdam) / Mulder - Albums du Gai Moulin (Paris)
collection :De Avonturen van Pinkie Pienter n°8 (22/23/24) / Les aventures de Martin le Malin n°8 (22/23/24)
site web :http://www.martinlemalin.com/index.html


L'histoire

Martin le Malin, le jeune héros de cette histoire, qui ne rate pas une occasion de partir à l'aventure où qu'elle soit, monte à bord du navire l'Amiral Barbembois dont l'objet de la prochaine sortie en mer est tenu secret. C'est d'ailleurs le pourquoi de son embarquement discret, Martin étant curieux de découvrir ce qu'il en est [au début de ce huitième album, on apprend pour la première fois que Martin est âgé de 12 années]. Bien évidemment l'équipage découvre sa présence à bord, et le capitaine qui a connaissance des précédents exploits du jeune garçon, lui explique alors la mission de cette expédition qui n'est pas sans dangers. En effet, comme Martin en avait déjà entendu parler sur le port, un monstre marin sévit en mer et s'attaque à des bateaux. Le capitaine a été chargé de découvrir ce qu'il en est, et si besoin, de mettre fin aux agissements de la mystérieuse créature. Quelques jours plus tard, sous le grade d'assistant du commandant, Martin observe l'étendue marine et découvre au loin, à la surface des eaux, ce qui pourrait bien être le monstre. Mais il n'en est rien, car il s'agit en fait d'un radeau de fortune sur lequel navigue Florisse Fidel, le grand ami de Martin, avec qui il a déjà partagé bien des aventures [sa spécialité dans les albums étant d'apparaître comme ici, tel un heureux hasard, sans que cela soit scénaristiquement logique, les histoire de Martin le Malin étant construites sans contraintes de plausibilité dans les actions se succédant, au regard même du jeune héros dont on ne sait au final que peut de chose]. Le naufragé, que l'on sait par ailleurs, un peu moins courageux que son jeune ami, contera alors que le navire sur lequel il voyageait a coulé sous l'effet d'un terrible choc.

Quelques temps plus tard, ce qui semble être le monstre est repéré s'attaquant à un navire anglais du nom de l'Albatros [nom choisi sans doute pour faire écho au vaisseau volant de Robur le conquérant de Jules Verne]. L'équipage de l'Amiral Barbembois, voulant réagir et l'attaquer, s'aperçoit alors que tous les instruments sont hors d'usage à cause d'une force magnétique agissant sur eux. Il est alors trop tard, le monstre, que le capitaine à le temps de voir comme étant en fait un sous-marin, éperonne et coule le batiment sur lequel était Martin qui en tombe à l'eau. Celui-ci trouvera une planche de salut, mais alors une tempête se lève et il se retrouve à nouveau à la mer et finit par s'évanouir et couler. Son corps tombe comme par hasard près du mystérieux submersible reposant au fond de l'océan. Un scaphandrier en sort pour sauver l'enfant. Après quelques soins, Martin retrouve la forme, et on lui présente le capitaine qui n'est autre que Boulard, son ennemi de toujours, celui-là même auquel il a eu à faire depuis le tout premier album contant ses aventures. Egal à lui-même, Boulard, qui souhaite qu'on l'appelle ici Grand Roi, veut devenir le maître du monde, et bien évidemment son désir, pour l'heure, est de couler tous les navires traversant les océans. Tel Aronnax et ses compagnons, Martin est impuissant face aux attaques de Boulard qui vient encore de couler un vapeur avec son navire atomique.

Pendant ce temps-là, à la surface, Florisse tente de pêcher quelques poissons sur le radeau qu'il avait conçu en attendant la prise du monstre marin. Par miracle - il y en a beaucoup dans ces aventures - et comme Martin pendant l'attaque, il s'est retrouvé éjecté de l'Amiral Barbembois, et depuis il est perdu, seul au milieu de l'océan [il ne semble toutefois pas être choqué à l'idée même que Martin se soit noyé, plus occupé à se remplir l'estomac. Il faut souligner que ce n'est pas la première fois que Florisse agit un peu en décalage avec les évènements se déroulant sous nos yeux]. Puis, alors qu'un gros poisson, en tirant sur la ligne, l'emmène dans son sillage, il découvre une île qui va s'avérer pour lui bien mystérieuse. En effet, il y rencontre une souris géante à laquelle il va échapper, de même qu'une araignée tout aussi grosse qu'il réussira à assommer.

De son coté, Martin est invité par Boulard à faire une promenade en scaphandre au fond de l'océan. On y apercevra notamment une pieuvre maigrichonne et peu combative, et l'on découvrira aussi un champ d'huitres perlières qui a permis au Grand Roi de faire fortune. De retour à bord, Boulard attaque un cargo, mais celui-ci était un piège à son encontre, le navire étant bourré d'explosifs qui ont gravement endommagé le sous-marin qui prend l'eau. Pour réparer la coque qui a souffert d'un énorme trou, le submersible rejoint sa base se situant sur l'île découverte par Florisse [ici, comme ce sera le cas pour d'autres aventures, il manque, entre le 23ème et 24ème album flexible, quelques scènes se trouvant originellement dans l'album présentant l'intégralité de l'histoire. Cela provient du fait que certains de ces albums à couverture cartonnée avaient un nombre de planches plus important que d'autres, et que les trois volumes flexibles rassemblant une histoire devant faire 16 pages chacun, il fallait à tout prix entrer dans cette mesure, et donc, dans les cas le demandant, ôter quelques planches en trop parmi les moins problématiques quant à la compréhension de l'histoire].
Ainsi Martin, qui a réussit à passer inaperçu depuis l'accident, retrouve son ami sur l'île. Ils sont accostés par un certain professeur Pierre Pincette (alter égo du professeur Pierre Aronnax), retenu lui aussi prisonnier du Grand Roi. Il leur propose de les aider pour quitter cette île. Après avoir encore échappé à une noyade que leur promettait Boulard, le trio se retrouve sur une plage où il prend une embarcation qui pourrait lui permettre de faire le tour de l'île pour accoster de l'autre coté. Mais c'est sans compter sans une nouvelle surprise de Boulard, qui tel un chien de garde, à créé une pieuvre géante radioactive. Martin arrivera à s'en défaire assez facilement, avant que d'être repris, avec ses compagnons, par Boulard qui les fait prisonniers dans son hélicoptère, lui aussi bien évidemment atomique. Prisonnier pour un court instant, car Martin et le professeur Pincette s'échappe à nouveau, laissant derrière eux Florisse, dont l'on sait déjà que la témérité n'est pas son point fort, celui-ci ayant eu peur de sauter de l'hélicoptère. Puis Martin réussit seul à prendre un avion et à s'éloigner de l'île. Avant que de sauter en parachute pour retrouver ses amis qu'il veut sauver, il contacte par radio des secours. Ces derniers arrivent alors en force. Boulard ne pouvant riposter, il décide de détruire toutes ses installations qu'il avait construite sur son île. A-t-il péri dans les flammes ? L'album suivant répond bien évidemment par la négative à cette question, car que serait les aventures de Martin sans son fidèle ennemi ?

Ainsi, évidemment, on est bien loin du roman de Jules Verne, puisqu'il s'agit avant tout d'une aventure de Martin le malin parodiant les deux ouvrages mettant en scène le capitaine Nemo. Si quelques passages sont des échos ''amusants'' au voyage du Nautilus, on regrettera, même si on le devinait aisément avant de l'avoir vu - et que cela est fort logique - que Boulard, et son ambition fort simple d'être le maitre du monde, remplace un tel personnage aussi complexe que Nemo, que l'on ne serait qualifier par delà le bien et le mal. Mais le lectorat de Martin le malin n'avait que faire de cela, le goût de la simple aventure et des courses poursuites abracadabrantes lui suffisant.

Le parcours du sous-marin sur quelques vingt mille lieues est lui aussi tout simplement évincé, de même que toute dimension scientifique sur l'écosystème et la géographie, les tribulations de Martin passant avant tout. Mais si absente est également la promenade dans la cité engloutie de l'Atlantide, on remarquera que quatre albums plus loin, une aventure de Martin tout simplement titrée A la recherche de l'Atlantide lui sera totalement dédiée, le sujet ayant beaucoup de succès à cette époque dans les fictions. Jules Verne sera encore présent dans cette série avec le 16ème album L'autre monde, celui-ci s'inspirant du Voyage au centre de la Terre.



A propos de cette œuvre

Cette bande dessinée aux graphismes maladroits n'est donc pas une adaptation de Vingt mille lieues sous les mers et L'île mystérieuse, mais tout simplement une parodie transposée dans l'univers enfantin de son héros, Pinkie Pienter, alias Martin le Malin en France [on notera que Bob et Bobette de Willy Vandersteen venaient quatre ans plus tôt de vivre l'aventure sous-marine de L'aigrefin d'acier. Celle-ci était influencée par l'oeuvre de Jules Verne, ainsi que celle d'Hergé pour qui le bédéiste travaillera]. Cette création s'inspirait fortement des thèmes et des aventures en vogue à l'époque, que cela soit dans la BD, où au delà de ce support, au travers de l'imagerie issue de l'imaginaire engendré par des romans populaires comme ceux de Jules Verne. La première inspiration évidente, et qui fut par ailleurs à la source du projet, était l'oeuvre d'Hergé. Le peintre et publiciste Josef Hans Koeleman (1926-), le créateur de Martin le Malin dont ce sera la seule oeuvre en ce domaine, avait voulu produire une BD dans un style plus enfantin que celle de Tintin, aussi bien sur le fond que dans la forme, cela pour ses jeunes neveux qui avaient quelques difficultés avec le jeune reporter du Petit Vingtième. Même si certains passages s'inspirent plus ou moins des aventures de ce dernier (un passage du 1èr album se situe en Afrique, le 2ème aux pays des Incas... avec quelques petits parallèles), les histoires y seront contées avec une grande simplicité, sans aucun souci de réalisme, Martin arrivant toujours grâce à son ingéniosité incroyable à surmonter tous les problèmes se présentant à lui.

On remarquera tout de même un certain manque de sérieux avec diverses erreurs, que cela soit dans le suivi scénaristique ou la composition des cases et des bulles, ou encore pour prendre quelques exemples, la disparition du chien de Martin au cours de la première aventure, et pour la suivante, celle-ci nous présentant des Incas vivant dans des tipis et chevauchant des équidés comme des Indiens d'Amérique du Nord. Ainsi, ce qui débuta en 1951 comme une simple activité pour deux enfants, se verra trois années plus tard transformée en véritable projet éditorial dont la publication perdurera jusqu'en 1960.

Cette aventure s'inspirant de Jules Verne fut la huitième de Josef Hans Koeleman qui, avant de mettre un terme à cette activité qui lui apporta quelques démêlés avec son éditeur, en concevra quatre autres jusqu'en 1958. Martin le Malin fut ensuite repris par deux autres bédéistes : Lex Overeijnder (1931-1984, jusqu'à la dix-huitième aventure) qui créera une fâcheuse polémique pour Martin en plagiant graphiquement sans vergogne Hergé (ce dernier intentera un procès à l'éditeur qu'il gagnera sans problème devant la flagrance du fait), puis Bedam pour les trois dernières. Chacun des albums à couverture rigide furent édités ensuite sous la forme de fascicules au nombre de trois, composés de 16 pages, avec une couverture souple (Koeleman désapprouvait cette nouvelle mise en forme des albums qui parfois, comme expliqué plus haut, amputait de quelques pages l'édition originale). Ainsi l'album 20.000 mijlen onder zee édité en 1956, fut publié à nouveau en 1958, en trois parties :

Albums Tricolores n°22 : Het diepzee monster (1958) / Le monstre des profondeurs (19??)
Albums Tricolores n°23 : Het avontuur onder zee (1958) / Une aventure sous la mer (19??)
Albums Tricolores n°24 : Het geheimzinnige eiland (1958) / Une île mystérieuse (19??)

Ces BD, dans leurs deux formes de publication - couvertures flexibles, en petit format / couvertures cartonnées - connurent une édition dans l'hexagone au travers des Albums du Gai Moulin, collection éditée par la filiale française des éditions néerlandaises Mulder en Zoon. On retrouve sur chaque couverture française de la série de fascicules, le logo Albums Tricolores présentant le numéro du volume, le même que sur celui de l'édition originale qui était écrit également en français.

Pour conclure, on soulignera encore la présence chez le même éditeur, d'une BD parodiant la même année L'île mystérieuse de Jules Verne. Il s'agissait de l'album De avonturen van Daantje Durf : Het geheimzinnige eiland / Les aventures de Dan Risquetout : L'île mystérieuse dessiné par celui qui succéda à Koeleman pour la conception de nouvelles aventures de Martin le malin, Lex Overeijnder (peu connu en France, on notera qu'il dessina entre autre des aventures pour Donald Duck, et adaptera de même en BD la série de marionnettes De Fabeltjeskrant que nombre de petits français découvrir en 1982 à la télévision sous le titre Le Petit Echo de la Forêt).

Jacques Romero, 02/2010

On peut lire cette aventure de Martin le malin, et quasiment toutes les autres, sur le site non officiel de ''Les Aventures de Martin le Malin – Le mystérieux site web'', réalisé à partir d'une collection personnelle. Il faut préciser que ces albums n'ont pas été réédités depuis probablement la fin des années 60, et qu'ils sont tombés dans l'oubli, mis à par pour ceux qui les avaient découvert à l'époque. Ce site – tout comme celui de Blanc Citron – à permis la résurgence de Martin sur internet où il était assez peu représenté en quantité de pages l'évoquant et le commentant amplement en notre langue. A cet égard, c'est grâce à ces deux sites que Mobilis in Mobile a appris l'existence de ce personnage.


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