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A propos de cette œuvreLa parution de cette bande dessinée est annoncée pour août 2010. Elle fait partie de la nouvelle collection 1800 des éditions Soleil (collection créée par Jean-Luc Istin à qui l'on doit également celle de Soleil Celtic). Comme son nom l'indique, cette dernière s'emploiera à proposer des aventures issues d'œuvres littéraires fantastiques du 19ème siècles. Mais il ne s'agit pas ici d'adapter tel roman, mais de lui donner une autre perspective, notamment en y faisant suite, et en usant des codes du steampunk. On retrouve ainsi le capitaine Nemo, peu après son voyage de 20.000 lieues sous les mers, en 1871, alors que les événements sanglants de la Commune de Paris font rage (voir note). Dans cette tourmente, il sauve le professeur Aronnax qui constate que l'homme, qu'il croyait à tout jamais disparu, a survécu au maelström. Le capitaine lui explique alors que le tourbillon marin a agit comme une sorte de trou noir faisant subir au Nautilus, et à ses occupants, un voyage en dehors du temps et de l'espace. Mais pendant cet ''instant'' extrait du ''tout'', l'esprit du capitaine Nemo a été effleuré par quelque entité spirituelle qui depuis, lui fait subir d'horrifiques cauchemars dont il recherche la source...Richard D. Nolane, prolifique auteur de récits de science-fiction et de fantastique, mais aussi de scénarios de bandes dessinées et de plusieurs anthologies du même genre - entre autre activité éditoriale -, s'est approprié le temps de concevoir deux albums de BD, le personnage créé par Jules Verne : le capitaine Nemo. Cet emprunt se manifeste par delà une certaine image personnalisée du sombre héros de Vingt mille lieues sous les mers, car même si certains éléments du roman se voient conservés, l'aventure est, elle, nouvelle. En effet, l'écrivain qui aborde les différents genres littéraires faisant du mystère l'un de leur principal ingrédient, a imaginé une histoire où le maître du Nautilus côtoie l'une des créatures les plus mythiques de l'univers fantastique. Il s'agit tout simplement, si l'on puis dire, de Cthulhu, entité créée par l'un des maîtres en la matière ténébreuse et oppressante, Howard Phillips Lovecraft. Ce rapprochement qui peut surprendre quelque peu, s'explique assez simplement lorsque l'on découvre les descriptions de la dite créature, telle que l'avait imaginé Lovecraft, celle-ci ayant une tête s'apparentant dans sa forme à la morphologie d'une pieuvre. Mais ce n'est pas le seul élément qui fait écho aux aventures du héros vernien. Ainsi, Cthulhu repose depuis des temps immémoriaux au fond de l'Océan Pacifique, dans une cité engloutie du nom de R'lyeh. Si cette dernière est une création de Lovecraft, celui-ci la situera dans la zone géographique bien réelle du Pôle maritime d'inaccessibilité, nommer également le Point Némo. La particularité de sa situation, au coeur du Pacifique Sud, est qu'il est le lieu océanique, de toute la surface du globe, le plus éloigné d'une terre émergée. Autre mystère issu de ce point, et qui se mêle à la science depuis 1997, un son d'ultra-basse fréquence y a été détecté cette année-là, à quelques reprises, pour ne plus jamais se faire entendre. Surnommé le bloop, la nature de ce son pourrait entrer dans des caractéristiques pouvant être produites par quelque animal, mais cela supposerait, de par les mesures sonores effectuées, l'existence d'une créature sous-marine tout aussi grande qu'une baleine... étrange tout de même d'avoir pu capter une telle source, surtout que certains hydrophones étaient distants de quelques 5000 km de l'émission, confirmant par là-même que ce ne peut être un être vivant, et cela en un tel lieu si particulièrement imprégné par l'imaginaire lovecraftien. Outre Cthulhu, quelques autres éléments de cet univers sont distillés dans le scénario de Nolane, la première étape de cette aventure conduisant le capitaine Nemo à l'Université de Miskatonic, à Arkham, lieu que Lovecraft avait imaginé et qu'il mit en perspective dans plusieurs de ses oeuvres. Cet album est la seconde expérience du scénariste avec le dessinateur Patrick Alain Dumas (Patrick Maudick, Les dossiers secrets de Maître Berger), avec qui il a oeuvré en 2009 sur Titanic, 6ème tome de la série Corpus Hermeticum naviguant dans les mêmes eaux troubles de l'étrange. L'artiste graphique, dont le style repose sur celui de la ligne claire, proche du trait d'Edgar P. Jacobs, oeuvre comme le scénariste, pour la première fois, sur un ouvrage puisant sa matière dans un des romans de Jules Verne. On peut toutefois rapprocher de l'univers vernien, l'un de ses albums dont il est également l'auteur, et qui fut une très belle réussite après quelques années d'absence dans l'univers de la BD, celui des jeux vidéo l'ayant pris pendant neuf années (1993-2001). L'œil de Shiva (2002-04, les premières planches datent des années 80), dont il s'agit, se déroule dans la première moitié du 19ème siècle, en Inde, alors sous la domination anglaise. C'est donc une aventure faisant écho à l'Histoire relatif au passé indien que l'on connait du capitaine Nemo, mais aussi à celle du roman La maison à vapeur. L'aspect mystique de ce récit se retrouve dans les travaux plus récents du dessinateur, des aventures de l'archéologue Allan Mc Bride (écrit par Jean-Yves Brouard), à celle qui nous attend durant l'été 2010 et qui nous occupe ici. Comme souligné plus haut également pour le scénariste, si Nolane n'a jamais adapté Verne, on remarquera qu'une scène de son Millénaire (dessin de François Miville-Deschênes), dans le 3ème tome, nous montre l'attaque d'un kraken - un calmar géant - contre l'embarcation viking sur laquelle navigue alors Raedwald (héros de cette histoire dont la coiffure ressemble à un certain fils des âges farouches). Bien évidemment ceci s'accorde autant à des récits anciens qu'à Jules Verne, mais cette manifestation telle qu'elle se déroule avec Arnulf, l'imposant compagnon, qui aura certes fort à faire contre la créature, mais qui avec sa hache arrivera à sauvé une de ses victimes, renvoie quelque peu au combat que Ned Land et le capitaine Nemo menèrent face au céphalopode. C'est de fait, dans cette bande dessinée annoncée comme bien énigmatique, que Richard D. Nolane a imaginé cette rencontre digne de l'univers dont l'immense et regretté Philip José Farmer (1918-2009) est à la source, le WNU. Mais en fait d'originalité, si ce n'est dans l'ensemble du traitement du scénario tel qu'il se préfigure, l'idée d'un certain croisement entre le capitaine Nemo et Cthulhu a déjà été exploité par le passé, à deux reprises, du moins à notre connaissance. La première fois, en compagnie même de Lovecraft comme personnage, en 1990, par l'écrivain allemand Wolfgang Hohlbein (voir également sa série s'inspirant de l'univers vernien Opération Nautilus) dans Der Dagon-Zyklus, 3ème tome du cycle Le Mage de Salem (volume non traduit en France), et la seconde fois, dans la nouvelle Vingt mille ans sous les mers / Twenty Thousand Years Under the Sea écrite par John Peel. Cette dernière, très différente du scénario de Nolane, est parue originellement en anglais, en 2005, dans le recueil Tales of the Shadowmen, Volume 4: Lords of Terror, puis en 2009, pour l'édition française, dans la collection Rivière Blanche dans la série Les Compagnons de l’ombre, volume 3. A cet égard, Patrick Alain Dumas a oeuvré pour la collection Rivière Blanche de Jean-Marc Lofficier en y signant quelques illustrations de couvertures. Lofficier, qui tel Nolane est un auteur tout aussi prolifique, et qui navigue dans un océan imaginaire assez proche, avait justement intitulé la deuxième aventure de son Robur, 20.000 ans sous les mers (écrit avec son épouse Randy Lofficier en 2003). Le titre de Nolane fait inconsciemment écho à celui-ci. Dans cette trilogie steampunk faisant référence à plusieurs romans de Jules Verne, et à toute une galaxie de personnages issue de la littérature fantastique, on a pu y apercevoir un certain prince Dakkar... On notera que le scénariste Sylvain Cordurié qui avait travaillé sur l'édition française du Mage de Salem de Wolfgang Hohlbein cité plus haut, deux tomes traduits par l'éditeur Oriflam qui depuis s'est éteint, est l'auteur de la BD qui ouvre le bal de la collection 1800 avec Sherlock Holmes et les vampires de Londres (dessins de Laci). On notera encore qu'une certaine journaliste du nom d'Amélie Dupin accompagnera dans cette aventure le professeur Aronnax et le capitaine Nemo. Celle-ci aurait-elle un lien parental avec le personnage du chevalier Dupin créé par l'écrivain Edgar Allan Poe, dont Jules Verne était un grand admirateur, ? Ou ce pourrait-il que cette Amélie Dupin soit à rapprocher de George Sand, de son véritable nom Amantine Aurore Lucile Dupin qui, au travers d'un courrier qu'elle envoya au romancier des Voyages extraordinaires, influença quelque peu ce dernier à écrire une aventure sous-marine ? Mais tout cela n'est que supposition, et il est heureux que nous n'en sachions pas plus - les éléments scénaristiques déjà porter à notre connaissance et le style graphique laissant attendre un ouvrage des plus agréables -, la découverte n'en sera que plus appréciable. Jacques Romero, 02/2010 Note Lire à cet égard le texte Le capitaine Nemo et la Commune de Paris de Makis Trikoukis qui met en relation la personnalité anarchisante du personnage imaginaire, face à la réalité de ce mouvement révolutionnaire historique – Bulletin de la Société Jules Verne, 1986. Lire également en anglais, dans la revue Neophilologus, vol.90, n°4, d'octobre 2006, l'article The Catastrophic Imaginary of the Paris Commune in Jules Verne’s qui évoque cet événement transposé avec ceux de la Guerre de 1870 dans Les 500 Millions de la Bégum (1877). Ce roman fut justement l'un des trois textes de Verne écrit à partir d'un manuscrit du communard Paschal Grousset (1844-1909), alias André Laurie et quelques autres pseudonymes, alors en exil en Angleterre suite à son emprisonnement découlant de son engagement pour la Commune, et qui deviendra un écrivain de romans d'anticipation très populaire. S'il est certes quelque peu oublié, il reste toutefois encore une source d'inspiration, comme pour un auteur tel que Jean-Marc Lofficier qui y puisera quelques idées pour son Robur. En 2009, le centenaire de sa disparition a été fêté dans la ville de Grisolles, où il vécu une grande partie de son enfance. Un colloque initié par Alain Braut, lié à des expositions, lui à pleinement rendu hommage, notamment au travers de nombreuses conférences et de divers travaux. A cet effet, Xavier Noël qui y était un des intervenants, a écrit la première biographie concernant Paschal Grousset. Cette publication, fruit de nombreuses années de recherches, devrait être éditée par les Nouvelles Impressions en ce début d'année 2010. Galerie ci-dessous illustrée de planches exposées sur le site du scénariste [© Soleil Prod.]. A cet égard, nous vous invitons expressément à vous promener sur les blogs respectifs de Richard D. Nolane et Patrick Alain Dumas qui s'ils fourmillent de travaux personnels, sont aussi le reflet des passions qui les animent et des personnalités qu'ils admirent. Pour exemple, avec Nolane, les sciences qu'il affectionne particulièrement comme la cryptozoologie ou l'étude des phénomènes OVNI, dont à cet égard, en cette année 2010, il rendra quelques hommages éditoriaux à Jimmy Guieu, où pour Dumas, qui a parmi ses amis un certain Pierre Pelot, l'un des plus extraordinaires écrivains français ! Galerie  
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