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Capitán Nemo (Ramón Lastra - idée, Sérgio Portela - sculpteur, 2004)


Capitán Nemo (Ramón Lastra - idée, Sérgio Portela - sculpteur, 2004)
titre original :Capitán Nemo
type :sculpture
année :2004
pays :Espagne
réalisation :Sérgio Portela - sculpteur
auteur :Ramón Lastra - idée
producteur :Xunta de Galicia, Conseil de la Culture, de la Communication sociale et du Tourisme


A propos de cette œuvre

En 2004, près de l’Ile de San Simón se trouvant à deux kilomètres environ de Redondela, ville longeant les côtes de l’intérieur de la Baie de Vigo, en Galice espagnol, un monument comptant trois sculptures, dont la plus imposante représente le capitaine Nemo, a été érigé. Sa présence en ce lieu, ainsi que la stèle l’accompagnant et présentant le Nautilus en relief, s’explique tout simplement en référence au chapitre 8 de la seconde partie de Vingt mille lieues sous les mers. En effet, celui-ci intitulé La baie de Vigo narre l’arrivée du Nautilus en ces eaux. Au travers d’une chasse au trésor sous-marine, les hommes du capitaine Nemo faisant cueillette des richesses restées dans les cales d’une épave, Jules Verne met en relief un évènement historique ayant eu lieu en cet endroit, lors de la Guerre de succession : la Bataille de Rande, plus connue sous le nom de Bataille de la Baie de Vigo. Celle-ci, qui opposa les flottes hispano-françaises aux forces navales anglo-hollandaises, à la faveur de ces dernières, se déroula le 23 octobre 1702, précisément dans la baie de San Simón. Les navires espagnoles qui y furent coulés revenaient des Indes Occidentales, les cales pleines des richesses issues de ces nouveaux territoires. Longtemps, on pensa que les bâtiments, ayant sombrés dans la baie, renfermaient encore leurs trésors. Jules Verne fera de cette légende un des moments importants de son roman, accentuant encore l’épaisseur de son mythique personnage. Ainsi celui-ci, fort de sa puissance, pourra recueillir avec facilité les richesses volées au ‘‘nouveau monde’’, et se servir de leur valeur pour combattre celle de la liberté, notamment des peuples opprimés.

Cet ouvrage fut inauguré en 2004 par Manuel Fraga Iribarne, Président de la Galice (1989-2005, Nemo ne semble pas avoir porté chance à cet ‘‘ancien franquiste’’ lors des législatives quelques mois plus tard…) et Jesús Pérez-Varela, Conseiller à la Culture, cela à l’occasion du 301ème anniversaire de la Bataille de Rande. La stèle commémorative ornée du Nautilus se situe en retrait du monument, sur la plage. Cette plaque précise le pourquoi de la présence de cet ouvrage sculptural en cet endroit, ainsi par là même que la référence au chapitre du roman. La nomination de ce dernier, ainsi que le nom de l’écrivain, y sont écrits en castillan, la langue officielle en Espagne (Veinte mil leguas de viaje submarino - Julio Verne), et non en galicien (Vinte mil leguas de viaxe submariña - Xulio Verne). Le nom de la Galice est toutefois conservé dans son appellation d’origine : Xunta, et non Junta en castillan.

Ce fut la première œuvre public imaginée par Ramón Lastra. Celui-ci aime à dire que si Nemo signifie Personne en latin, il s’agira du premier monument consacré à Personne… A ceci près que l’œuvre sculpturale Nemo et Jules Verne enfant d’Elisabeth Cibot fut imaginée dans la même période (ou tout au moins très peu de temps après), même si le Nemo de la Baie de Vigo fut conçu et inauguré un an plus tôt. Mais peu importe ces quelques variations temporelles, face à un personnage qui, au fil du temps, défie celui-ci.

Dans le détail, l’ensemble de ce monument, qui prit forme sous les mains de Sérgio Portela, présente Nemo, sur un piédestal, se tenant droit, le corps totalement dirigé vers le lieu de la bataille de la baie de Vigo. A ses pieds, ou plutôt au seuil de son piédestal orné d‘un N, quelques rochers, comme morceaux de terre en reconnaissance vers l’univers océanique. Parmi les pierres, deux scaphandriers prennent la pose dans leur recherche des trésors perdus. Ces deux autres statues disparaissent sous les eaux lors de la marée, laissant seul le capitaine Nemo au dessus des flots. Quant au physique du capitaine, on remarquera que son visage emprunte quelques traits à celui de Jules Verne lui-même, confondant ainsi en une pièce, le créateur et sa création. On peut avoir ainsi l’impression de voir en cette sculpture l’écrivain des Voyages extraordinaires, ce qui renvoie sa présence en la baie de Vigo qu’il visita en 1878, puis à nouveau en 1884, alors qu’il voyageait à bord de son yacht, le Saint-Michel III.

Comme précisé par Ramón Lastra (voir son commentaire), cette œuvre ne se laisse pas facilement approcher. En effet, ce capitaine Nemo est véritablement lié à l’élément marin et à la solitude, non seulement parce qu’il est, tel un promontoire, entouré par les eaux, mais que celles-ci, la marée étant, ne permettent d’approcher du ‘‘saint’’ personnage, qu’à certain moment de la journée. Souhaitons que sa présence réconforte dorénavant la jeune fille du poème de Mendiño (Meendinho, XIIIème siècle), celle-ci attendant son ami, seule, au milieu des flots, sur l’île de San Simón occupée alors par un Monastère. On notera tout de même que cette jeune fille n’est plus seule depuis fort longtemps, ce morceau de terre ayant été occupé un temps par une léproserie, un pénitencier, et également par un camp de concentration sous le régime de Franco. A partir de 1992, ce lieu, quelque peu délaissé, a été restauré culturellement et historiquement sous l’égide de l’architecte César Portela, père du sculpteur Sérgio Portela a qui l’on doit justement cette sculpture.




Commentaire de Ramón Lastra

L’année 2005 : Centenaire de la mort de Jules Verne

Monument pour le Capitaine Nemo
Par Ramón Lastra

Lorsque l’administration de mon pays (la Galice) me commanda l’exécution d’un monument à la mémoire de l’apatride Capitaine Nemo, ce fut pour moi une double satisfaction : l’une personnelle et naturelle puisqu’il s’agissait de ma première œuvre publique, l’autre de voir célébrer la personnalité de ce personnage hors du commun.

Si Nemo signifie Personne en latin, il s’agira du premier monument consacré à Personne ……..

La révolution industrielle du XIXème siècle aboutit aujourd’hui à la libération des peuples, par rapport aux empires, à la lutte des techno / oppresseurs contre les pauvres cherchant à se libérer des troupes d’élite contre les guérilleros.

Nemo représente un techno / guérillero hybride qui se cache au plus profond des bois ……..dans la mer, et qui s’attache à la restitution des trésors coloniaux.

Avec la collaboration de Sérgio Portela, nous avons donné vie à mes éternels projets issus de la lecture répétée de ce livre. Nous avons installé le Capitaine Nemo, le plus entouré de la mer que nous pouvions, afin que ses hommes, les scaphandriers du sous-marin Nautilus, travaillent en paix, et que sa tranquillité personnelle soit préservée, bien qu’il soit joignable toutes les douze heures grâce aux marées. Tout ceci pour se rapprocher d’un lutteur plein de ressentiment mais, comme le fut Nemo, toujours à la recherche de la Justice et de la Liberté.

Ramón Lastra

Commentaire de Ramón Lastra, traduit en français par ses soins, pour le Portail Jules Verne de Frédéric Viron (avec ajoutées, quelques petites corrections).




Jacques Romero, 05/2009

Crédits photos de la galerie : les photographies 1 et 2 ont été prises par Abuela Cris du blog La cosas de la abuela Cris. Les photographies 3, 4, 5 et 6 ont été prises par Sushi de Anguila, du blog Hora de Pensar.


Galerie

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