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Hai di liang wan li / 海底两万里 (Hu Zhaohong, 2014)


Hai di liang wan li / 海底两万里 (Hu Zhaohong, 2014)
titre original :Hai di liang wan li / 海底两万里
titre international :Twenty Thousand Leagues Under the Sea
type :animation
année :2014
pays :Chine
réalisation :Hu Zhaohong
producteur :Shanghai Animation Film Studio
site web :http://www.ani-sh.com/


L'histoire

Parmi les futurs projets d’adaptation de Vingt mille lieues sous les mers, il en est un qui, nous l’espérons vivement, verra le jour. Il s’agit de la production du Shanghai Animation Film Studio qui sera mise en scène par Hu Zhaohong / 胡兆洪. Ce maître de l’animation de marionnettes en stop motion connaît très bien l’univers de Jules Verne, pour avoir déjà porté sous cette forme artistique, et avec le soutien de Manfred Durniok, les romans suivants de l’illustre auteur des Voyages extraordinaires : Kéraban le têtu / Keraban’s Fantastic Journey (环游黑海历险记, / Jue jiang de Kailaban, 1995), Le tour du monde en quatre-vingt jours / Around the world in 80 days (游地球八十天 / 環遊世界八十天 / Reise um die Erde in 80 Tagen, 1997-98), De la Terre à la Lune et Autour de la Lune / Voyage to the Moon (登月之旅, / Die Reise zum Mond, 1999), Cinq semaines en ballon / Five weeks in a ballon (Fünf Wochen im Ballon, 2000) et enfin Les enfants du capitaine Grant / The children of captain Grant (格兰特船长的儿女们, 2005 http://post.baidu.com/f?kz=90155379) où, pour ce dernier, Hu Zhaohong était seul à la réalisation et à la production, et pour cause, hélas, Manfred Durniok n’était plus. Depuis, excepté les travaux sur la dernière partie du film Chen Xiang / Saving Mother / L'enfant prodige des monts Huashan qui fut conçu en 1985, aucun projet de cette envergure n’a été réalisé, et la section du studio spécifique à cette production a perdu une partie de ses effectifs artistiques. De plus, les investissements ne pouvant plus permettre de travailler honorablement sur une telle technique d’animation, une légère halte dans la productivité était souhaitable.

Hu Zhaohong, âgé de 57 ans, souhaiterait tout de même poursuivre sa carrière avec un ouvrage important. De ce fait, le sujet, vernien à nouveau, qu’il a décidé de mettre en œuvre, ne peut qu’être des plus enthousiasmants. Mais Hu Zhaohong est aussi très soucieux pour l’avenir des films de marionnettes en stop motion en Chine, et s’inquiète quelque peu de voir disparaître cet art. Malgré les difficultés financières qu’il a rencontré lors de ses derniers travaux, il est très heureux d’avoir pu transmettre récemment son savoir à une dizaine de stagiaires. Ces derniers ont toutefois encore beaucoup à découvrir, mais ils font, à l’heure où les artistes techniciens des films en images de synthèses bénéficient d’un salaire plus confortable, un choix professionnel guidé avant tout par la passion du stop motion.
Hu Zhaohong expérimente encore de nouvelles techniques qui seront peut-être utilisées pour son adaptation de Vingt mille lieues sous les mers. En effet, si la marionnette semble appartenir à un art du temps passé, leurs concepteurs et les marionnettistes n’ont jamais cessé d’innover dans cette pratique pour rendre le pantin aussi vivant qu’un être de chair et de sang. Cela peut se faire avec subtilité dans la manipulation, ou bien sur le matériau donnant corps à la marionnette. C’est justement sur ce dernier que travaille actuellement Hu Zhaohong. En effet, il aimerait pouvoir reproduire les muscles du visage pour ses marionnettes, pour ainsi montrer leurs émotions plus directement qu’en passant par les traditionnelles fonctionnalités des yeux ou de la bouche.

A l’heure où l’animation en volume, de même que l’animation traditionnelle, est conçue en grande partie avec l’outil informatique, Hu Zhaohong veut poursuivre sa carrière comme il l’a toujours fait, comme une sorte d’artisan, qui se plaît dans son domaine, même s’il n’est pas réfractaire aux nouvelles techniques de réalisations. Ainsi, ce projet d’adapter Vingt mille lieues sous les mers se fera comme ses précédentes œuvres, à savoir dans la plus pure tradition du stop motion. Malgré l’avancée technologique des nombreux systèmes créées pour la fabrication d’images de synthèses, malgré l’admiration que l’on peut avoir pour certaines œuvres entièrement réalisées par ce biais, telles celles du studio Pixar maître en la matière, il n’en reste pas moins que le charme de l’animation de volume est toujours bien vivant. La chaleur existentielle des véritables matériaux utilisés pour le stop motion est encore difficilement imprimable sur une image de synthèse, et malgré le perfectionnement des ordinateurs, il restera toujours quelque chose que l’image de synthèse ne pourra véritablement s’approprier. Peut-être pourrait-on appeler cela, tout simplement, l’âme des marionnettes.

Nous reviendrons bien évidemment dans les prochains mois sur ce projet.



Jacques Romero, 12/2008

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