pièce de théâtre

Nemo, 20.000 leguas de viaje submarino / Nemo, 20.000 llegües de viatge submarí (Les Bouffons teatro, Javier Mateo, 2005)


Nemo, 20.000 leguas de viaje submarino / Nemo, 20.000 llegües de viatge submarí (Les Bouffons teatro, Javier Mateo, 2005)
titre original :Nemo, 20.000 leguas de viaje submarino / Nemo, 20.000 llegües de viatge submarí
type :pièce de théâtre, 60 min.
année :2005
pays :Espagne
mise en scène :Javier Mateo
auteur :Les Bouffons teatro
interprètes :Susana Alcantud, Pablo Bermejo, David García, Pablo Gomis, Manuel Hernandez
producteur :Les Bouffons teatro
site web :http://www.lesbouffons.com/


A propos de cette œuvre

Cette pièce de théâtre est destinée en premier lieu à un jeune auditoire, à partir de cinq ans, et plus largement à un public familial. C’est à cet égard en fonction de cela que les comédiens se présenteront au public, interprétant un groupe de cinq enfants s’imaginants, à la lecture du roman de Jules Verne, voyager au fond de l’océan, à bord du Nautilus. Dans cette rêverie, où chacun d’entre eux prendra la place de l’un des personnages fictifs, le capitaine Nemo y recevra le professeur Annorak (pour Aronnax), sa fille Conseila (prenant la place de Conseil) et Ned Land, le harponneur. Il leur fera découvrir d’inestimables trésors naturels que chacun se doit de protéger. Mais en ces eaux, ils rencontreront Reven Fueloil, un être aux sombres intentions. A la lecture du nom de cet antipathique personnage, on devine que ses desseins seront de donner de bien tristes couleurs aux océans, et de même de faire réagir les jeunes spectateurs face à cet ignoble individu.
Trois ans avant cette création, en novembre 2002, on se souvient qu’entre autre côte, celles espagnoles de la Galice avaient essuyé la marée noire provoquée par le pétrolier Prestige, étalant son venin sur quelques milliers de kilomètres, de même que ses effets dans le temps. Malgré la gravité d’un tel sujet qui n’est par ailleurs évoqué qu’en surface, cette pièce est avant toute chose une joyeuse aventure sous-marine. A cet effet, les héros s’y embarqueront accompagnés par la chanson In the Navy du groupe disco Village People. De même, le méchant de service aura également son thème musical avec Paint in Black des Rolling Stones. Si cette chanson évoque de par ses paroles les noirs desseins de Reven Fueloil, elle peut aussi faire un léger lien avec le capitaine Nemo et ses origines indiennes, Brian Jones y jouant du sitar, tout comme par ailleurs un certain George Harrison quelques mois plus tôt, au sein des Beatles, pour l’interprétation de Norwegian wood.

L’humour visuel y prend une grande place, et se mêle à l’imagination qu’un jeune enfant peut porter sur les choses qui l’entoure dans sa demeure. Ainsi les personnages s’imaginant avoir pris part au roman, embarquent avec eux des objets faisant partis de leur quotidien. De la sorte un simple balai deviendra un harpon, un portemanteau se transformera en palmier, ou encore un bâton de majorette se fera périscope. Les divers éléments des décors sont de même représentés dans cet esprit, jusqu’à la mer dont la surface est une grande toile de plastique, dont la transparence et la légèreté permet de jouer sur la lumière et le gonflement des vagues. L’univers mis en place est des plus colorés, même lorsque l’on se promène au fond de l’océan, où les ténèbres abyssales s’illuminent de diverses créatures.
Cette pièce, tout en soulignant l’optimisme vernien quant à la science de son siècle, celle-ci étant appréhendée alors comme source de solutions face à tous les problèmes, accordait également au progrès scientifique sa part d’ombres. Ainsi céans et en filigrane, le capitaine Nemo jouera le rôle d’un homme de savoir conscient que la science la plus élaborée, ne peut ignorer que si ses possibilités semblent parfois infinies, elle se doit également de se contenir et d’être prévoyante quant aux conséquences négatives qu’elle pourrait engendrer. Cela ne peut que fort logiquement nous rappeler la célèbre maxime que François Rabelais ‘‘attribuait’’ au roi Salomon dans Pantagruel : Sagesse n’entre pas en âme malveillante et que Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. Tout en divertissant de la sorte, les auteurs en profitaient pour inculquer à leurs jeunes spectateurs quelques simples et essentielles notions, comme la préservation de l’environnement, l’amitié ou encore le plaisir de la lecture.

Les cinq membres comédiens de la compagnie Les Bouffons teatro ont acquit une partie de leur savoir théâtral au sein de l’E.S.A.D. de Murcie (Escuela Superior de Arte Dramático de Murcia, où ils ont obtenu leur Licence dans les Arts de la scène). Ils ont notamment eu pour professeur de prestigieux noms du théâtre européen comme Jacques Lecoq (dont l’Ecole Internationale de Théâtre se situe à Paris), Antonio Fava (dont la Scuola Internazionale dell’Attore Comico se situe à Reggio nell’Emilia), Philippe Gaulier (dont l’école portant son nom se situe à Sceaux), Eric de Bont (dont l’école Bont’s International Clown School se situe à Ibiza), Norman Taylor (actuellement membre émérite du Théâtre Organic, jeune compagnie franco-argentine), ou encore le clown Carlo Colombaioni (il a entre autre œuvré avec son défunt frère Alberto, et il a travaillé également sur plusieurs productions cinématographiques de Federico Fellini et quelques autres).
Comme leur nom l’indique, cette joyeuse troupe adopte un style de comique burlesque, entre Comedia del Arte et clownerie. Après avoir été dirigés par Antón Valén (notamment clown au Cirque du Soleil et enseignant à l’ESAD de Murcie) dans Minuta Pecata (Menu pêché), pièce qu’ils créèrent en 2001, évoquant les sept pêchés capitaux dans le style Comedia del Arte, ainsi que dans I love Canberra (où trois acteurs se présentent à un casting pour une publicité ventant de la nourriture pour chien à base de kangourou, et dont l’un des acteurs est notamment imitateur du célèbre chanteur Eros Ramazzotti) d’après un texte, ou devrions-nous dire una storia importante de l’acteur, mime, clown, metteur en scène ou encore présentateur tchèque Boleslav Polivka, les Bouffons teatro se tourne vers Javier Mateo pour leur pièce Nemo, 20.000 leguas de viaje submarino. C’est également avec lui qu’ils mettront en scène quelques mois plus tard El corazón de las maravillas (Le cœur des merveilles), une pièce s’inspirant tout aussi librement d’Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll, menant l’héroïne souffrant d’une maladie du cœur, au travers d’un autre voyage, celui à l’intérieur de son propre corps. Ce spectacle se voulait apaiser les craintes que peuvent rencontrer des enfants étant confrontés à une maladie, et incidemment à l’univers hospitalier. Des craintes, il en est également question dans La noche más larga de los hermanos Grimm (La plus grande nuit des frères Grimm, 2008), leur dernière pièce écrite par David Mamet, sous la direction de Magda Labarga, et destinée à nouveau à un jeune public. Mais dans cette pièce, ces frayeurs sont liées à la peur provoquée par le noir, les étranges lieux traversés, et les différentes atmosphères inspirées par de multiples et célèbres contes des frères Grimm.

Partant du principe que chaque éclat de rire allonge la vie, les Bouffons teatro ont pour principal objectif de provoquer au cœur de leur public, le mécanisme entraînant cette action (note à prendre au degré de la bouffonnerie : à l’heure actuelle, aucune étude sérieuse n’a clairement démontrée une nette différence sur le prolongement de la vie entre les spectateurs de leurs pièces et le reste du monde). A cet égard, en adoptant pour nom celui des bouffons du Moyen-âge, ainsi que leurs caractéristiques artistiques, ils introduisent dans leurs travaux cette notion de prolongement de la vie, car seul un bouffon pouvait se permettre de dire à son roi, ce qui pour tout un chacun lui aurait coûté la vie.


Distribution :

Susana Alcantud : Conseila
Pablo Bermejo : Ned Land
David García : Reven Fueloil
Pablo Gomis : Profesor Annorak
Manuel Hernandez : Capitán Nemo


Jacques Romero, 05/2008


Galerie

Nemo, 20.000 leguas de viaje submarino / Nemo, 20.000 llegües de viatge submarí (Les Bouffons teatro, Javier Mateo, 2005) Nemo, 20.000 leguas de viaje submarino / Nemo, 20.000 llegües de viatge submarí (Les Bouffons teatro, Javier Mateo, 2005) Nemo, 20.000 leguas de viaje submarino / Nemo, 20.000 llegües de viatge submarí (Les Bouffons teatro, Javier Mateo, 2005)

<< liste des œuvres