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Star Trek : Voyager : Year to hell (Allan Kroeker, Mike Vejar, 1997)


Star Trek : Voyager  : Year to hell (Allan Kroeker, Mike Vejar, 1997)
titre original :Star Trek : Voyager : Year to hell
titre français :Star Trek : Voyager : L'année de l'enfer
type :série TV, 172 épisodes
année :1997
pays :États-Unis
réalisation :Allan Kroeker, Mike Vejar
scénario / adaptation :Brannon Braga, Joe Menosky
musiques :Jerry Goldsmith
interprètes :Kate Mulgrew, Robert Beltran, Kurtwood Smith
producteur :Paramount Television, UPN (1995-2001)
site web :http://www.startrek.com/startrek/view/index.html


A propos de cette œuvre

Year to hell (L’année de l’enfer) : 8ème et 9ème épisode de la 4ème saison de la série Voyager dans la saga Star Trek.

Cette aventure qui se déroule en deux épisodes, sur le temps d’une année comme le titre l’indique, s’inspire du personnage du capitaine Nemo dans celui d’Annorax (anagramme d’Aronnax, le professeur dans Vingt mille lieues sous les mers), un krenim dont le peuple vit dans la partie Delta de notre galaxie. Celui-ci, voulant se défaire de la civilisation Zahl opposée à la sienne, crée une arme permettant de détruire son ennemi en l’annihilant totalement, l’effaçant de l’espace-temps, comme s’il n’avait jamais existé. Mais ce qu’il n’avait pu prévoir, c’est qu’au fil de l’évolution, cet ennemi avait créé un anticorps qui avait été transmis aux krenims, et qu’en faisant disparaître de l’existence présente, futur et passé ce peuple, il faisait également disparaître l’anticorps. Ainsi, dans son vaisseau protégé de l’espace-temps, il vit périr sa propre civilisation. Il était de la sorte responsable de la mort de sa femme, si mort il y eu vraiment, considérant que le flux temporel transformait ce qui avait été, en ce qui n’avait jamais existé. Depuis lors, Annorax n’a de cesse de modifier le flux temporel pour tenter se redonner vie à son peuple, ce qu’il réussit parfois partiellement pour quelques colonies, mais qui ne peut le satisfaire, son but ultime étant de redonner vie à sa femme.
Lors d’un nouvel essai, le vaisseau Voyager, croisant dans cette région, perturbe l’expérience à cause de ses boucliers temporels. Annorax capture par téléportation le lieutenant Tom Paris et le commandant Chakotay, afin d’en savoir plus sur ce vaisseau qui a résisté tant bien que mal à l’onde temporelle. Ces deux membres de l’équipage du Voyager feront références au professeur Aronnax pour Chakotay, et à Ned Land pour Paris. En effet, le premier tentera de comprendre Annorax, et de marchander en proposant ses services pour calculer une nouvelle ligne temporelle, qui tout en allant dans le sens de restauration du peuple Krenim, épargnerai le Voyager endommagé. Mais Chakotay sera témoin direct de la folie d’Annorax, celui-ci ayant à nouveau détruit une civilisation sous ses propres yeux, cela pour au final faire revivre une seule personne, sa femme. Le commandant permet à Paris qui en a alors les moyens, de communiquer la position du vaisseau temporel d’Annorax au Voyager.
Cette aventure soulignera la personnalité pleine de détermination du capitaine Kathryn Janeway, qui ira, après avoir récupéré Paris et Chakotay, seule, à bord du Voyager évacué, s’écraser sur le vaisseau temporel d’Annorax. Celui-ci détruit, l’espace-temps qui le concernait s’efface. Le Voyager reprend alors son périple à travers la galaxie, comme si ces évènements n’avaient jamais eu lieu. L’année de l’enfer est ainsi effacée, et Voyager peut poursuivre sa route sur l’espace-temps qui était le sien au début de cette aventure. Quant à Annorax, on le retrouve deux cent ans plus tôt, quand il travaillait à l’élaboration de cette arme, dont il semble délaisser la conception pour être plus présent auprès de son épouse.

Ainsi, le parrallèle fait avec les actions du capitaine Nemo dans l’élément océanique prend ici une dimension galactique d’une extrême ampleur. Egalement à la différence du capitaine du Nautilus, Annorax n’a pas à se venger de la mort de sa femme, si ce n’est de lui-même, car il en est le seul responsable. Mais n’attribut-il pas tout de même une part de ce malheur à ses ennemis, pour de la sorte cautionner ses ravages exterminateurs, de plus sur des civilisations en dehors même du conflit. Hélas, la contenance de son désespoir est tellement grande, qu’elle en à remplit au raz bord, la coupe de la folie. Cette aventure ne conserve de la sorte qu’un élément de la personnalité du capitaine Nemo, celui de la vengeance. Elle ne restitue pas l’opposition du personnage original face à une certaine inhumanité de l’humanité. Mais on retrouve toutefois le Nemo encyclopédiste, ici prenant la forme d’un être soucieux de préserver quelques vestiges caractéristiques des civilisations qu’il fait disparaître, comme on pourra le voir lors d’un repas qu’il offre à ses hôtes, dont les différents éléments gastronomiques ne seront pas les produits de la mer, mais ceux desdits peuples ayant été effacés. Ce qui pourrait sembler être une erreur scénaristique si l’on se réfère au fait qu’une annihilation totale d’une civilisation, dans l’espace-temps, entraîne la disparition de tout ce qu’elle a engendré. Mais cela s’explique de la même façon que pour Annorax et son équipage voyageant en dehors du continuum espace-temps, les divers vestiges ayant été préalablement protégés de ce dernier à bord du vaisseau. On peut ainsi voir un autre parrallèle entre cet Annorax et le capitaine Nemo, ces deux personnages s’étant exclus de la marche du temps, pour vivre dans un espace qui leur est propre. Leurs raisons sont toutefois quelque peu différentes, tout comme la finalité de leurs vaisseaux : le Nautilus, malgré sa terrible proue qui a fait moult victimes, étant un moyen de découvertes sous-marines, alors que le vaisseau d’Annorax fut conçu à une seule fin, celle de la guerre.

Si une telle arme n’existe pas, et espérons-le n’existera sans doute jamais sous la forme d’une conception humaine, sa finalité n’est pas illusoire. Certains fous, et le mot est plus que faible, n’ont-il pas tenté de faire disparaître des populations entières depuis que l’humanité existe. La mort d’un être doué de la conscience de l’existence, n’est-elle pas également à chaque fois qu’elle se produit, l’extinction de l’univers dans sa globalité ? L’arme redoutable d’Annorax, fait que ce qui fut, n’a jamais été. Mais ne pourrait-on pas en dire autant de nos propres vies. Malgré leurs existences plus que passagères, voire inexistantes à une certaine échelle, la mort fait en sorte que chaque être ayant un jour existé, n’a jamais existé, même s’il persiste des choses de lui après sa disparition, celles-ci disparaîtront également un jour...

Enfin, on peut s’interroger sur le nom d’Annorax pour représenter un personnage faisant référence au capitaine Nemo. Il est vrai que parmi le trio qui fut accueillit à bord du Nautilus, Aronnax était, de par ses connaissances scientifiques et culturelles, le plus proche du capitaine, dont ce dernier trouvait d’ailleurs en lui un exutoire à sa solitude, ainsi qu’au plaisir de discourir sur des sujets qu’ils avaient en commun. Car, malgré la présence de son équipage, il semble que Nemo ne conversait avec celui-ci que de manière succincte. De plus, pour son propre savoir, Aronnax s’opposa peu, du moins dans un premier temps, à sa condition de prisonnier, essayant de voiler son regard sur les actions irraisonnées et cruelles du capitaine, mais en espérant toutefois que s’apaise l’amertume du marin. On notera également que de nombreux noms de personnages créés par Jules Verne offrent très souvent une anagramme, ce qui n’est pas le cas pour Aronnax, du moins selon les diverses recherches qui ont été réalisées à ce jour, sur ce point. Ainsi les scénaristes de la série lui ont créé une anagramme, qui au contraire de ceux de l’écrivain, ne semble pas se prêter à un sens particulier, si ce n’est, et là nous ferons preuve d’une extrême légèreté, que le nom Annorax résonne un peu comme celui d’anorak, mot désignant en langue inuit, un vêtement. De là à voir un quelconque lien entre la froide personnalité de Nemo / Annorax, et le froid et le vent dont est censé protéger l’habit, nous ne nous prononcerons pas, de peur d’être à quelques milliards d’années lumière de la vérité, pour ne pas dire, de peur d’être ridicule. Il faut toutefois rappeler que le personnage du professeur Aronnax était un reflet de Jules Verne (voir par exemple les illustrations originales du roman), mais que ce dernier réfléchissait également une partie de sa personnalité dans celle du capitaine Nemo. Ainsi, lier ces deux noms, en un seul personnage, était somme tout un exercice assez logique, tout comme François Rivière ou Elisabeth Cibot, qui dans leurs œuvres respectives, lièrent Nemo à Verne.

Voici, sur le site officiel CBS - Paramount Television, les fiches techniques et informatives consacrées à ces deux épisodes diffusés originellement les 5 et 11 novembre 1997. Elles sont également accompagnées d’une galerie d’images :

http://www.startrek.com/startrek/view/series/VOY/episode/71431.html http://www.startrek.com/startrek/view/series/VOY/episode/71433.html

Jacques Romero, 02/2008

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