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Atlantis, 20.000 Mijlen Onder Zee (Annemarie Petri, 2007)


Atlantis, 20.000 Mijlen Onder Zee (Annemarie Petri, 2007)
titre original :Atlantis, 20.000 Mijlen Onder Zee
type :peinture, gravure
année :2007
pays :Pays-Bas
illustrations :Annemarie Petri
site web :http://www.annemariepetri.nl/


A propos de cette œuvre

Artiste peintre du pays de Vermeer et d’Escher, Annemarie Petri s’est plongée en 2007 dans les profondeurs sous-marines, signant une série de sept tableaux intitulée Atlantis. Ce ‘‘polyptyque’’ lui fut inspiré par les vestiges de l’Atlantide au cœur de l’œuvre de Jules Verne. Ainsi, de ses mains ont coulé les œuvres suivantes : Koraaleiland (Le pays du corail) ; Wonderreizen (Voyages Extraordinaires) où l’on peut voir au premier plan un ouvrage de Jules Verne intitulé Wonderreizen Omnibus [1] accompagné de planches sur l’ichtyologie et la malacologie ; de Coelacanth où cet illustre animal et quelques autres poissons nagent au dessous et au dessus d’un pont ; puis, au centre de cette série 20.000 mijlen onder zee (20.000 lieues sous les mers) où un livre, perdu dans les ruines sous-marines de l’Atlantide, est ouvert sur une célèbre illustration, celle du capitaine Nemo observant une pieuvre au travers d’une baie vitrée. La série se poursuit avec Verdronken stad (La ville submergée) où des méduses survolent l’épave d’un navire perdu au milieu des vestiges d’une ancienne cité, puis Atlantis où une nouvelle fois un livre y est représenté [2], ouvert et accompagné par une illustration de La Tortue, engin submersible, l’un des ancêtres du sous-marin créé en 1776 par un David Bushnell quelque peu inspiré par la machine d’Aristote, et enfin Op de bodem van de oceaan (Au fond de l’océan) où l’on peut observer un céphalopode se mouvant près de l’épave. Comme dans nombre d’ouvrages précédents de l’artiste, où elle s'inspire des sciences de la nature (Natuurwetenschappen), cette œuvre y empruntent une luminosité végétale.

Annemarie Petri fait ainsi des vestiges d’une civilisation perdue, le centre d’attraction du roman qu’elle évoque, et qui mettait en scène le capitaine Nemo, personnage qui rejoindra le destin de la mythique Atlantide. Celle-ci était également évoquée par Jules Verne dans la nouvelle L’éternel Adam qu’il écrivit à la fin de sa carrière. Le pessimisme dont elle était marquée, tout comme un grand nombre des dernières œuvres de l’écrivain, était toutefois déjà apparent au travers de la vision que le capitaine Nemo avait de l’humanité.
Le paysage de ruines est aussi un passage du roman qui permet à l’artiste de représenter différents éléments, dans un grand nombre de domaine, de l’architecture aux diverses sciences de la vie. Annemarie Petri a ainsi donné naissance à son propre univers sous-marin en utilisant les techniques de la gravure / eau forte, associant à ses dessins, des collages d’anciennes estampes, mêlant ainsi divers temps sur les strates de sa création.

1
Trois ouvrages intitulés Wonderreizen Omnibus rassemblant plusieurs romans de l’auteur ont été édités en 1956, aux Pays-Bas, aux éditions Elsevier, dont le volume représenté sur la gravure comprenait 20.000 mijlen onder zee / 20.000 mille lieues sous les mers, Michael Strogoff / Michel Strogoff, et De reis om de wereld in 80 dagen / Le tour du monde en 80 jours.

2
Il s’agit du livre De Aquatilibus du médecin, philosophe, bibliographe, et naturaliste suisse Konrad Gesners (1516-1565). Cet ouvrage est issu de son encyclopédie Historiae Animalium (4ème volume, 1558). Il fut précédé des volumes sur les quadrupèdes (1551-54), puis les oiseaux (1555), et fut suivi par celui sur les reptiles qui ne paru que plusieurs années après sa mort, en 1587. De Aquatilibus peut se traduire par Histoire naturelle des poissons marins, dont le français Pierre Belon, autre illustre naturaliste de ce 16ème siècle (avec Rondelet, Salviani et Aldrovandi), avait repris cet intitulé pour son ouvrage paru en 1551, en français, et 1553 en latin. Dans l'oeuvre de Annemarie Petrie, il était intéressant d’associer à la page du livre De Aquatilibus, le plan de La Tortue, l’homme devenant ou redevenant ainsi un animal marin de par cette invention, soulignant également que le sous-marin était de même une nouvelle forme d’être au sein des profondeurs.



Annemarie Petri

Annemarie Petri est née à La Haye en 1965. Elle y a étudié les beaux arts à l’Académie Libre (Vrije Academie) entre 1983 et 1989. Son œuvre se compose de diverse nature, allant de la gravure à la peinture, en passant par la sculpture sur bronze, ou encore la photographie qu’elle utilise, depuis 2003, comme base à des travaux associant diverses techniques. Son inspiration est soutenue par l’admiration qu’elle porte sur les gravures de Piranesi, ainsi que l’influence majeure d’artistes tels Bosch, Arcimboldo ou Rembrandt. Il en est de même dans le domaine de la musique, où elle puise quelque inspiration au sein des partitions de Bach, Schubert ou encore Beethoven. Les sciences, et une certaine nostalgie romantique à l’égard de l’Histoire Naturelle et de ses représentations, sont également pour elle source de création artistique. De même, comme on le voit avec Jules Verne, la littérature lui procure moult réflexions picturales, et les écrits de Darwin, Pline ou Marcel Proust l’accompagnent dans ses élans créateurs. On peut observer également dans la série des gravures sur l’Atlantide, un intérêt particulier pour l’architecture, mais aussi l’archéologie, ainsi que la biologie et la botanique. Elle a notamment et plus particulièrement illustrée au travers de ces deux dernières disciplines, les séries Ornithologisch Museum et Botanische tuinen.

Jacques Romero, 01/2008


~ Interview ~

Annemarie Petri nous a aimablement confié quelques mots

A propos de mon inspiration, lorsque j’étais enfant, quand ils passaient à la télévision, je regardais toujours les documentaires du commandant Cousteau. Je rêvais alors de devenir océanologue. Malgré ce désir, je ne le suis pas devenue. A la place, j’ai étudié les arts (MiM : que l’on peut comparer à une autre plongée, celle dans les profondeurs de la conscience et de l’imaginaire).
J’ai toutefois conservé la fascination que j’avais pour l'histoire naturelle, et surtout pour la vie des grandes profondeurs océaniques, où l'on ne peut aller sans un sous-marin.
J'ai lu de nombreux romans de Jules Verne, mais Vingt mille lieues sous la mer est mon préféré. J'ai toujours fantasmé sur les mondes ou des paysages qui n'existent pas. Ce qui est merveilleux dans le travail d’un artiste, c'est que vous pouvez créer votre propre monde imaginaire. C’est ce que j’ai fait avec ma série de gravures Atlantis.

Nous remercions beaucoup Annemarie Petri pour son amabilité, ainsi que le temps qu’elle a bien voulu nous accorder pour converser.



2008-01-18

Galerie : Trois des sept tableaux composant la série Atlantis : Wonderreizen, 20.000 mijlen onder zee, et Atlantis. Contempler l’intégralité de cette série de gravures sur le site de l’artiste : http://www.annemariepetri.nl/atlantis-fotos.html


Galerie

Atlantis, 20.000 Mijlen Onder Zee (Annemarie Petri, 2007) Atlantis, 20.000 Mijlen Onder Zee (Annemarie Petri, 2007) Atlantis, 20.000 Mijlen Onder Zee (Annemarie Petri, 2007)

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