pièce de théâtre

20000 lieues sous les mers (Valentin Dobrescu, Jean-Paul Lang, 1994)


20000 lieues sous les mers (Valentin Dobrescu, Jean-Paul Lang, 1994)
titre original :20000 lieues sous les mers
type :théâtre de marionnettes, 50 min.
année :1994
pays :France / Roumanie
mise en scène :Valentin Dobrescu, Jean-Paul Lang
musiques :R. Chatrin
direction artistique :Mahai Padrageniu (scénographie), Natacha Bouga (construction)
interprètes :Jean-Paul Lang (marionnettiste), Natalia Lang (marionnettiste)
producteur :Une Poignée D’images (Belfort), Théâtre Vasilache de Botosani (Roumanie)
site web :http://jeanpaul.lang.free.fr/


L'histoire

Les vingt mille lieues parcourues sous les mers nous sont ici contées par le petit fils du professeur Aronnax. Tout en revenant sur le récit de Jules Verne, que celui-ci retraçait au travers du scientifique qu’il utilisa comme narrateur, il va tenter de prouver que les mots que Jules Verne a couchés sur le papier proviennent directement des écrits du professeur.



A propos de cette œuvre

Jean-Paul Lang, metteur en scène et créateur en 1981 de la compagnie Une Poignée D’images de Belfort, adapta le récit du professeur Aronnax (dixit son petit fils) avec le Théâtre Vasilache de Botosani, troupe du pays de Kéraban le têtu, du Château des Carpathes, ainsi que du Beau Danube Jaune et de Claudius Bombarnac qui y fit un petit tour, du moins en ce qui concerne l’œuvre de Jules Verne. Très ouvert sur les différentes cultures théâtrales des marionnettes, qu’elles proviennent d’Europe de l’Est, du Mexique ou encore d’Extrême-Orient où il a beaucoup voyagé et rencontré ses homologues, il a le désir, comme pour ce qui concerne plus particulièrement cette dernière région, de s’adresser à tous les publics. Il veut aller au delà de que ce que l’on considère encore en France comme un art qui s’adresserait exclusivement à l’enfance, qu’il soit perçu comme art scénique théâtral classique, malgré sa particularité dont le jeu des acteurs au travers de leur pantin peut être tout aussi élaboré qu’un comédien.

La première représentation de ces 20000 lieues sous les mers fut donnée en 1994 au Festival de Botosani en Roumanie, lieu de résidence du Théâtre Vasilache qui coproduisait cette pièce. Pour Natalia Lang qui y était marionnettiste, ce fut sa première aventure avec la compagnie Une Poignée D’images, alors qu’elle avait précédemment passée dix ans au théâtre de marionnettes de la ville de Tchernovtsy, en Ukraine, où elle est née. Elle décidera alors de poursuivre son art auprès de la troupe française, toujours par amour de la marionnette, mais aussi du marionnettiste.

Créée en 1994, deux représentations de cette pièce furent à nouveau données le mardi 25 octobre 2005 à la MJC Jacques Tati d’Orsay, lors du festival Festi’Mômes qui eu lieu du 22 octobre au 2 novembre 2005.

Fiche artistique et technique de cette pièce issue du site de la compagnie :http://jeanpaul.lang.free.fr/francais/spectacle/20000lieues.htm




Jacques Romero, 11/2007


~ Interview ~

Entretien avec Jean-Paul Lang, novembre 2007

Jean-Paul Lang s’est aimablement prêté à nos questions. Nous l’en remercions vivement.



1/ 1994, Vingt mille lieues sous les mers, c’est un projet commun entre artistes roumains et français. C’est aussi une rencontre amoureuse ? Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur cette rencontre à la fois professionnelle et personnelle ?

Cette rencontre a eu lieu à Botosani en Roumanie où mon épouse venait avec sa troupe d’Ukraine et moi de France. Il s’agissait d’un échange culturel voulu par mon conseil général.



2/ Comment l’idée d’adapter ce roman de Jules Verne est-elle venue ? Était-ce seulement de Valentin Dobrescu, ou cela a-t-il été travaillé dès le départ ensemble ?

C’est Valentin Dobrescu qui a été le premier metteur en scène de cette pièce. Il travaille depuis toujours en chambre noire. Son père était marionnettiste également. Cependant, très vite nous nous sommes aperçu que la pièce était tres visuelle, alors que sa dramaturgie était faible. La psychologie des personnages était aussi inexistante. En fait, il a fait une illustration du roman très épurée. Nous avons retravaillé plusieurs fois sur le scénario, mais il aurait fallu refaire toute la création.



3/ Cette pièce a-t-elle été créée pour le Festival de Botosani en 1994 ? Et fut-elle jouée ailleurs avant le Festi’Mômes de 2005 ?

Nous n’avons pas joué à Festi’Mômes, mais dans beaucoup d’autres festivals dont celui de Charleville. Il existe des versions russe, roumaine, et allemande du spectacle qui a eu un énorme succès auprès du public. Nous avons joué aussi à la Réunion. Mais pour nous, le problème du manque de sens était trop important. Nous avons donc décidé d’arrêter le spectacle. Il reste tout de même pour nous un tournant dans la compagnie. L’aspect visuel que nous lui avions donné était fantastique, et le public, pendant et après le spectacle, était stupéfait.



4/ Cette adaptation du roman s’inscrit un peu dans un genre littéraire qui dévoile une vérité sur celui-ci. Ici vous rétablissez la véritable source de l’écrivain dans les écrits même du professeur Aronnax (narrateur du roman), faisant de ce personnage fictif, par ce biais, un homme ayant une plus grande réalité. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur l’évolution du scénario de cette adaptation ?

Notre idée était que le petit fils du Professeur Aronnax était invité à faire une conférence sur la vie de son grand père, et qu’il était persuadé que Jules Verne n’était pas l’auteur de 20000 lieues sous les mers, mais qu’il s’était largement inspiré des carnets de notes du professeur Aronnax. Il apparaissait ainsi de temps en temps dans le spectacle pour montrer de soit disante différences entre Aronnax et Jules Verne. [Note MiM : On peut noter ici que même si Jules Verne est bien l’auteur de ses écrits, qu’il a toutefois à quelque occasion, sur quelques lignes, recopié quelques définitions ou observations scientifiques écrites par des spécialistes, dans la mesure où cet exercice était assez courant à l’époque, comme l’a fait remarqué judicieusement Jean-Pierre Naugrette dans son introduction au roman Les aventures d’Arthur Gordon Pym d’Edgar Allan Poe, dont Jules Verne donnera une suite avec son Sphinx des glaces. Cela était également très présent à un certain niveau dans la littérature chinoise, et l’exercice était même recommandé et apprécié]
Le deuxième point était la découverte du monde sous marin. Le traitement du spectacle était visuel, avec un changement de décors toutes les minutes, et une centaine de marionnettes ou d’accessoires. L utilisation de la chambre noire donnait l’impression de la 3D, cela renforcé par la lumière en ultra violet, les fumées, ou encore les effets d’éclairages sur les rideaux. Compte tenu du nombre de marionnettes, du faible éclairage sur le plateau qui demandait une grande organisation dans le placement de chaque élément, nous décidâmes d’enregistrer les voix sur une bande son. Si nous avions continué le spectacle, nous aurions renoncé à la bande son et parlé en off, mais comme on ne voit jamais les comédiens ce n’était pas gênant. Cela nous offrait un confort qui nous permettait de nous concentrer sur la manipulation, et de créer de véritables chorégraphies avec les animaux sous marins.



5/ Comment avez-vous traité la personnalité du capitaine Nemo ? Peut-être avez-vous adouci son caractère pour le jeune public ?

Le capitaine Nemo est effectivement peut présent dans notre version. Il a un rôle secondaire et il est plutôt le guide qui fait visiter. Sa nature n’a rien à voir avec le roman. Cela nous permettait de jouer plus facilement devant un très jeune public, parfois en dessous de sept ans, même si nous indiquions cet âge de base pour le spectacle [Note MiM : L’ambiguïté du personnage original aurait été obscure, voire incomprise, pour de très jeunes enfants, c’est pourquoi cette adaptation repose surtout sur le merveilleux du roman].



6/ Quels sont les rôles que vous vous êtes partagé, vous et votre épouse ?

Nous pouvions échanger les rôles en fonction de la mise en scène. Il faut savoir que nous étions deux. Tous les gens étaient stupéfaits et pensaient que nous étions beaucoup plus.



7/ Ces aventures sous-marines ont été jouées avec des marionnettes que vous manipuliez sur une table en chambre noire. Quels on été les raisons pour adopter cette forme de manipulation ?

Le choix de la technique dépend beaucoup de l’histoire, ainsi que du nombre de comédiens y participant. Ici la chambre noire s’est imposée car elle permet des trucages, des changements de décors et donne un résultat visuel exceptionnel.



8/ On pourrait vous considérer un peu comme une sorte de Bratsch de la marionnette. Comme pour cet ensemble musical avec les instruments, vous utilisez de nombreuses techniques, de la marionnette à fil, à gaine, en passant par les marottes et les ombres, et vous travaillez très souvent avec des troupes européennes, surtout de l’Est. A cet effet, quelle a été la part de la musique dans cette pièce ?

La musique a été tres importante dans notre spectacle. Nous avons utilisé plus de 400 morceaux pour 50 minutes de mise en scène, ainsi que des effets sonores dans le style de Vangelis. Concernant la collaboration avec d’autres pays ou d’autres artistes, nous sommes toujours prêt à le faire, mais 20000 lieues sous les mers nous a beaucoup appris, et nous sommes devenus très exigeant sur le choix des personnes avec qui nous sommes amenés à collaborer. Nous avons un regard sur tous les aspects du spectacle, en particulier sur son sens, son originalité. Nous voulons être séduit et nous aimons travailler le mélange des techniques (danse, vidéo, chant, mime...).



9/ Avec quels autres pays avec qui vous n’avez pas encore travaillé, aimeriez-vous œuvrer ?

Beaucoup plus que le pays, c’est surtout les gens, alors on est ouvert, la Suisse pour le chocolat, le Japon pour le Bunraku. On aime beaucoup le soleil ...



10/ Vos pièces ont toujours quelques messages que vous voulez faire partager aux enfants. Comme les apparences qui peuvent être trompeuses dans vos Trois Petits Cochons, ou l’amitié qui apporte bien plus que la violence qui exclut dans Toi, Moi et le Marionnettiste. Vous avez même évoqué l’écologie et le respect de la nature au travers de L’île de Jeniken. Pour 20000 lieues sous les mers, que souhaitiez-vous que les enfants retiennent quelque peu ?

Pour 20000 lieues sous les mers, je pense qu’ils conserveront les images fantastiques d’un monde sous marin mystérieux, et peut être l’envie de lire Jules Verne.



11/ Comment le jeune public a t-il réagit face à cette pièce ?

Je crois dire que c’est la surprise. Peu de troupes utilisent la chambre noire qui demande une très grande rigueur, avec notamment de nombreux projecteurs réglés au millimètre. Dans cette manipulation, c’est la dramaturgie de l’image qui créait les émotions. Les enfants en avaient plein les yeux, et à la fin, ils étaient de vraies mitraillettes à questions, surtout sur la technique qui les avait impressionné, et assez peu sur l’histoire en elle-même. On a également constaté que peu d’enfants lisent Jules Verne, et très peu connaissaient le roman et l’auteur.



Mr Jean-Paul Lang, merci encore de nous avoir accordé ce petit entretien.

2007-12-26

Galerie : images issues du site de Jean Paul Lang et de la Compagnie Une Poignée D’images.


Galerie

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