L'histoirePrenant pour base le roman Deux ans de vacances de Jules Verne, cet autre voyage extraordinaire conte l’aventure de collégiens partis en classe de mer. Embarqués à Oakland, il se retrouve le lendemain en pleine mer démontée par une terrible tempête. Celle-ci les conduira à s’échouer sur une île où ils rencontreront d’autres naufragés d’infortunes. Après quelques aventures telles la découverte d’un squelette et une confrontation des pirates, la nuit tombe. Ils se retrouvent alors autour d’un foyer, évoquant et s’imaginant des voyages extraordinaires. Ainsi seront mis en perspectives les romans De la Terre à la Lune, Le Tour du Monde en 80 jours, Robur le Conquérant, Maître Zacharius et Vingt mille lieues sous les mers.A propos de cette œuvreCette œuvre, dont la première représentation public fut donnée le vendredi 10 décembre 2004, n’est pas uniquement une pièce de théâtre. Elle y inclut l’opéra et la danse avec respectivement pour l’un et l’autre, les chanteurs de la Maîtrise des Hauts-de-Seine (Chœur d’Enfants de l’Opéra National de Paris) dirigé à cette occasion par Alexandre Grandé, ainsi que Eve Favorel de l’atelier de danse du SEL et co-créatrice de la compagnie Brindezingues.Outre ses nombreuses créations théâtrales pour la troupe des Enfants de la Comédie (Le petit Poucet de Charles Perrault ou Chantecler d’Edmond Rostand), Karin Catala a également mis en scène quelques opéras comme Brundibar de Hans Krasa, Marco Polo et la princesse de Chine (2005), ainsi que Didon et Enée, unique opéra de Purcell, encore en représentation à cette heure, comme Marco Polo qui sera en mars 2008 à l’Opéra de Massy. Elève de Francis Huster, Raymond Aquaviva et Jean-Claude Jay, elle est depuis 1992, après avoir joué dans quelques pièces et pour la télévision, enseignante dans la section théâtre du SEL (Sèvres Espace Loisirs) où elle créa l’Ecole du Spectacle devenue depuis Les Enfants de la Comédie. Elle y conçoit ses propres pièces comme L’esprit de Noël en 2004 et ce Voyage extraordinaire la même année. Elle se consacre ainsi depuis 1992 essentiellement à l’enseignement et la mise en scène. Appréciant
le coté aventure pour la jeunesse du roman Deux ans de vacances, même
s’il est un des voyages les moins extraordinaires de Jules Verne, ne faisant
que relativement peu appel à la science, et la robinsonnade adolescente en
étant le thème central, il permettait à la metteur en scène de diriger de
jeunes comédiens de sept à dix sept ans issus des Enfants de la Comédie. Son
adaptation incluait sa désignation d’extraordinaire au travers des histoires
qui allaient y être contées. Il y a donc d’un coté le voyage du départ
d’Oakland à l’île et ses rencontres, puis l’extraordinaire qui ne semble plus
faire partie de la réalité, mais des histoires évoquées. On peut également
l’appréhender de la façon suivante, la tempête pouvant être qualifiée de
situation extraordinaire et les histoires racontés, des voyages de
l’imaginaire. Le décor était conçu de manière à évoquer un navire. Ainsi de grandes voiles furent disposées au fond de la scène mais aussi sur les cotés, voilures agrémentées de haubans et autres cordages illustrant le gréement d’un bateau. Ces toiles serviront également d’écran lors de la projection des cinq films d’animation s’inspirant des illustrations des éditions Hetzel et évoquant les romans précités dans notre résumé. Ces films avaient une durée moyenne de quatre minutes chacun Les décorateurs et réalisateurs des films d’animation Agnès Caillou et Christian Bourdin travaillèrent la même année avec Karin Catala pour le spectacle pour enfants Brundibar, de même qu’en 1998 où Christian Bourdin avait dessiné les décors pour Le Petit Poucet. Ils ont considérablement œuvré pour le metteur en scène Uta Taeger et le Théâtre de Porcelaine, de La Tempête de Shakespeare en 1997 à C’est Woody qui l’a dit de Jean-Claude Damal en 2004, en passant par Les cuisinières de Goldoni, Quisaitout et Grobêta de Coline Serreau ou encore T’es un chic type Charlie Brown d’après la bande dessinée de Schulz. Ils ont également travaillé à plusieurs reprises pour le metteur en scène Nicolas Bataille, notamment sur En route vers le Tokaïdo ! adaptation des récits burlesques de Jippensha Ikku, œuvre maintes fois adaptée au Japon, comme en 1958, au cinéma, avec le grand Mifune Toshirô dans Yajikita dochu sugoroku. Pour en savoir un peu plus sur leurs travaux, voici le site
où ils présentent leurs réalisations passées, présentes et à venir, et où vous
pourrez visionner les séquences d’animation projetées lors du spectacle Un
voyage extraordinaire :http://www.decorspectacles.com/index.htm.
Jacques Romero, 10/2007 ~ Interview ~Entretien avec Karin Catala, septembre 2007Karin Catala s’est aimablement prêtée à nos questions. Nous l’en remercions vivement. 1/
Les romans De la Terre à la Lune, Le Tour du Monde en 80 jours, Robur
le Conquérant, Maître Zacharius, et plus particulièrement Vingt
mille lieues sous les mers, sont-ils seulement évoqués par le biais des
films d’animation réalisés par Agnès Caillou et Christian Bourdin, où sont-ils également
mis en perspectives dans les dialogues des acteurs ou encore au sein de la
partition musicale ? Toutes
les parties animées sont soutenues par une partition musicale écrite pour
orchestre et voix, choeur d'enfant de l'Opéra de Paris. L'idée est que la pièce
est rythmée par ses "nuits" pendant lesquelles les collégiens
naufragés rêvent aux moyens de retourner chez eux. Je leur prête l'imaginaire
de Jules Verne. C'est clairement ainsi que sont
utilisés De la Terre à la Lune, Le tour du Monde en 80 Jours et Vingt
mille lieux sous les mers. 2/
Adapter au théâtre Deux ans de vacances vous a permis de faire jouer de jeunes
comédiens issus des Enfants de la Comédie. Un autre roman de Jules Verne aurait
été moins évident pour de jeunes rôles ? Cette
pièce est au service du génie de Jules Verne. J'ai redécouvert, voir découvert,
son oeuvre au moment de la préparation de cette adaptation qui m'a demandée
deux ans. Deux ans de vacances n'était pas forcément l'œuvre la plus significative
mais elle était idéale pour ma distribution. J'ai ensuite voulu enrichir le
tout et élever l'intrigue en y mêlant ces autres extraits. Ce spectacle est
destiné à tout public, il fallait que chacun puisse s'y retrouver car Jules
Verne n'est pas qu'un auteur pour jeune, cela va bien plus loin! L’Ecole
du Spectacle des Enfants de la Comédie est une école de formation pour jeunes
comédiens entre 7 et 18 ans qui ont la passion du théâtre au point de vouloir y
consacrer leur vie. Une grande partie tourne régulièrement dans les spectacles
parisiens, à l'Opéra Comique ou pour le cinéma. Au sein de l'école nous
produisons et créons des spectacles qui permettent aux apprentis (les élèves)
de mettre en pratique très vite leurs qualités et de se former aux techniques
de la scène. Nous ne cherchons pas à faire jouer des rôles d'adultes aux
enfants, nous souhaitons des spectacles cohérents et crédibles, et comme peu de
pièces existent pour cette population, nous sommes nos propres fournisseurs de
textes. Les rôles adultes de la pièce sont donc tenus par des adultes et c'est le
cas pour toutes nos productions. 3/
Comment avez-vous choisi ces romans parmi le grand nombre de voyages extraordinaires
que Jules Verne a écrit ?
Pour
les raisons précédentes et la cohérence et la structure de l'histoire ensuite. 4/
Etait-ce la première fois que vous utilisiez l’élément ‘‘cinématographique’’
pour l’une de vos créations ? Oui,
la première fois, ce qui n'a pas été simple car la technique de projection est
assez difficile à gérer et nécessite une belle précision puisque que les films,
les musiques et les textes sont enchevêtrés. 5/
Ces petits films ne montrent d’ailleurs que l’élément de transport et le
déplacement de celui-ci dans le voyage. Y a t-il une signification à l’absence
des personnages dans ces métrages ? Oui,
c'est basé sur le transport puisque cela illustre le désir du départ, du retour
à la maison et toutes les idées sont les bienvenues. Nous sommes partis des
gravures des éditions originales de Hetzel. Je souhaitais avoir ce grain, ne
pas chercher à faire du racolage mais à rester fidèle à l'univers de Jules
Verne. Ces films n'ont pas vocation à illustrer les collégiens. Ce sont des
rêves impossibles symbolisant leur fuite, mais qu'ils savent bien irréels, donc
ils ne s'y voient pas... 5/
Vous êtes une grande lectrice de Jules Verne. Vers quels romans vont vos
préférences ? Je
suis très touché par Le voyage au centre de la terre. J'ai trouvé extrêmement
truculents les récits inédits tels que San
Carlos, les aventures de Pierre-Jean, Le mariage de M. Anselme
des Tilleuls... (Cherche Midi), les poésies inédites, La Pérouse et les navigateurs
français (Zulma)... et évidemment les ouvrages les plus connus.
Quand
je lis, je suis sensible à la taille du livre et à la qualité du papier mais là
j'ai surtout fait avec ce que j'avais pu trouver. Je ne suis pas collectionneur
de romans. Par contre pour le théâtre, je cours les éditions (celles dans lesquelles
je travaille, celles dans lesquelles je lis et celle que je garde précieusement
dans ma bibliothèque...). 6/ Y aura-t-il d’autres représentations de cette pièce ?
Pour
l'instant nous sommes sur une autre création, mais cette pièce est en attente
de tournée. Nous sommes en réécriture d'une des parties musicales. Je serai
ravie de vous informer de toute reprise. Karin
Catala, je vous remercie encore de nous avoir accordé ce petit entretien. Nous nous ferons une joie de communiquer à nos lecteurs les
dates et les lieux des prochaines représentations de votre pièce 2007-10-01 Galerie : décor dessiné par Agnès Caillou et infographie de Christian Bourdin. Galerie
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