pièce de théâtre

Un voyage extraordinaire (Karin Catala, 2004)


Un voyage extraordinaire (Karin Catala, 2004)
titre original :Un voyage extraordinaire
type :pièce de théâtre, 60 min.
année :2004
pays :France
mise en scène :Karin Catala
auteur :Karin Catala
musiques :Alexandre Grandé
direction artistique :Agnès Caillou, Christian Bourdin
producteur :Marie de Sèvres, SEL, Maîtrise des Hauts-de-Seine, Enfants de la Comédie, Conservatoire de Suresnes
site web :http://www.enfantsdelacomedie.asso.fr


L'histoire

Prenant pour base le roman Deux ans de vacances de Jules Verne, cet autre voyage extraordinaire conte l’aventure de collégiens partis en classe de mer. Embarqués à Oakland, il se retrouve le lendemain en pleine mer démontée par une terrible tempête. Celle-ci les conduira à s’échouer sur une île où ils rencontreront d’autres naufragés d’infortunes. Après quelques aventures telles la découverte d’un squelette et une confrontation des pirates, la nuit tombe. Ils se retrouvent alors autour d’un foyer, évoquant et s’imaginant des voyages extraordinaires. Ainsi seront mis en perspectives les romans De la Terre à la Lune, Le Tour du Monde en 80 jours, Robur le Conquérant, Maître Zacharius et Vingt mille lieues sous les mers.



A propos de cette œuvre

Cette œuvre, dont la première représentation public fut donnée le vendredi 10 décembre 2004, n’est pas uniquement une pièce de théâtre. Elle y inclut l’opéra et la danse avec respectivement pour l’un et l’autre, les chanteurs de la Maîtrise des Hauts-de-Seine (Chœur d’Enfants de l’Opéra National de Paris) dirigé à cette occasion par Alexandre Grandé, ainsi que Eve Favorel de l’atelier de danse du SEL et co-créatrice de la compagnie Brindezingues.

Outre ses nombreuses créations théâtrales pour la troupe des Enfants de la Comédie (Le petit Poucet de Charles Perrault ou Chantecler d’Edmond Rostand), Karin Catala a également mis en scène quelques opéras comme Brundibar de Hans Krasa, Marco Polo et la princesse de Chine (2005), ainsi que Didon et Enée, unique opéra de Purcell, encore en représentation à cette heure, comme Marco Polo qui sera en mars 2008 à l’Opéra de Massy. Elève de Francis Huster, Raymond Aquaviva et Jean-Claude Jay, elle est depuis 1992, après avoir joué dans quelques pièces et pour la télévision, enseignante dans la section théâtre du SEL (Sèvres Espace Loisirs) où elle créa l’Ecole du Spectacle devenue depuis Les Enfants de la Comédie. Elle y conçoit ses propres pièces comme L’esprit de Noël en 2004 et ce Voyage extraordinaire la même année. Elle se consacre ainsi depuis 1992 essentiellement à l’enseignement et la mise en scène.

Appréciant le coté aventure pour la jeunesse du roman Deux ans de vacances, même s’il est un des voyages les moins extraordinaires de Jules Verne, ne faisant que relativement peu appel à la science, et la robinsonnade adolescente en étant le thème central, il permettait à la metteur en scène de diriger de jeunes comédiens de sept à dix sept ans issus des Enfants de la Comédie. Son adaptation incluait sa désignation d’extraordinaire au travers des histoires qui allaient y être contées. Il y a donc d’un coté le voyage du départ d’Oakland à l’île et ses rencontres, puis l’extraordinaire qui ne semble plus faire partie de la réalité, mais des histoires évoquées. On peut également l’appréhender de la façon suivante, la tempête pouvant être qualifiée de situation extraordinaire et les histoires racontés, des voyages de l’imaginaire.

Le décor était conçu de manière à évoquer un navire. Ainsi de grandes voiles furent disposées au fond de la scène mais aussi sur les cotés, voilures agrémentées de haubans et autres cordages illustrant le gréement d’un bateau. Ces toiles serviront également d’écran lors de la projection des cinq films d’animation s’inspirant des illustrations des éditions Hetzel et évoquant les romans précités dans notre résumé. Ces films avaient une durée moyenne de quatre minutes chacun

Les décorateurs et réalisateurs des films d’animation Agnès Caillou et Christian Bourdin travaillèrent la même année avec Karin Catala pour le spectacle pour enfants Brundibar, de même qu’en 1998 où Christian Bourdin avait dessiné les décors pour Le Petit Poucet. Ils ont considérablement œuvré pour le metteur en scène Uta Taeger et le Théâtre de Porcelaine, de La Tempête de Shakespeare en 1997 à C’est Woody qui l’a dit de Jean-Claude Damal en 2004, en passant par Les cuisinières de Goldoni, Quisaitout et Grobêta de Coline Serreau ou encore T’es un chic type Charlie Brown d’après la bande dessinée de Schulz. Ils ont également travaillé à plusieurs reprises pour le metteur en scène Nicolas Bataille, notamment sur En route vers le Tokaïdo ! adaptation des récits burlesques de Jippensha Ikku, œuvre maintes fois adaptée au Japon, comme en 1958, au cinéma, avec le grand Mifune Toshirô dans Yajikita dochu sugoroku.

Pour en savoir un peu plus sur leurs travaux, voici le site où ils présentent leurs réalisations passées, présentes et à venir, et où vous pourrez visionner les séquences d’animation projetées lors du spectacle Un voyage extraordinaire :http://www.decorspectacles.com/index.htm.



Jacques Romero, 10/2007


~ Interview ~

Entretien avec Karin Catala, septembre 2007

Karin Catala s’est aimablement prêtée à nos questions. Nous l’en remercions vivement.

 

1/ Les romans De la Terre à la Lune, Le Tour du Monde en 80 jours, Robur le Conquérant, Maître Zacharius, et plus particulièrement Vingt mille lieues sous les mers, sont-ils seulement évoqués par le biais des films d’animation réalisés par Agnès Caillou et Christian Bourdin, où sont-ils également mis en perspectives dans les dialogues des acteurs ou encore au sein de la partition musicale ?

Toutes les parties animées sont soutenues par une partition musicale écrite pour orchestre et voix, choeur d'enfant de l'Opéra de Paris. L'idée est que la pièce est rythmée par ses "nuits" pendant lesquelles les collégiens naufragés rêvent aux moyens de retourner chez eux. Je leur prête l'imaginaire de Jules Verne. C'est clairement ainsi que sont utilisés De la Terre à la Lune, Le tour du Monde en 80 Jours et Vingt mille lieux sous les mers.
Robur le Conquérant nous aide à illustrer la fabrication de la machine infernale qui, survolant l'île, permettrait de situer le camp des brigands et peut être de voir les côtes d'un continent proche. Maître Zacharius intervient en fin de pièce pour soutenir le noeud final : le temps qu'il reste, le temps qui se précipite, le temps qui s'affole... le moment ou les enfants prennent leur destin en main et se sauvent des brigands. Ces oeuvres sont donc plus dialoguées.
On imagine que ces ouvrages sont connus des collégiens. Jules Verne est alors un auteur de contes "fantastiques" et "d'aventures" à la mode. C'est donc naturellement que les enfants en rêvent ou s'y réfèrent.

 

2/ Adapter au théâtre Deux ans de vacances vous a permis de faire jouer de jeunes comédiens issus des Enfants de la Comédie. Un autre roman de Jules Verne aurait été moins évident pour de jeunes rôles ?

Cette pièce est au service du génie de Jules Verne. J'ai redécouvert, voir découvert, son oeuvre au moment de la préparation de cette adaptation qui m'a demandée deux ans. Deux ans de vacances n'était pas forcément l'œuvre la plus significative mais elle était idéale pour ma distribution. J'ai ensuite voulu enrichir le tout et élever l'intrigue en y mêlant ces autres extraits. Ce spectacle est destiné à tout public, il fallait que chacun puisse s'y retrouver car Jules Verne n'est pas qu'un auteur pour jeune, cela va bien plus loin!
La musique est aussi très contemporaine donc pas très facile. Le tout donne un spectacle qui appelle la réflexion. La partie de mise en scène est d'en faire une histoire crédible et pas du tout enfantine. Les petits s'y retrouvent car ils ont en face d'eux des enfants; les adultes s'y identifient.

L’Ecole du Spectacle des Enfants de la Comédie est une école de formation pour jeunes comédiens entre 7 et 18 ans qui ont la passion du théâtre au point de vouloir y consacrer leur vie. Une grande partie tourne régulièrement dans les spectacles parisiens, à l'Opéra Comique ou pour le cinéma. Au sein de l'école nous produisons et créons des spectacles qui permettent aux apprentis (les élèves) de mettre en pratique très vite leurs qualités et de se former aux techniques de la scène. Nous ne cherchons pas à faire jouer des rôles d'adultes aux enfants, nous souhaitons des spectacles cohérents et crédibles, et comme peu de pièces existent pour cette population, nous sommes nos propres fournisseurs de textes. Les rôles adultes de la pièce sont donc tenus par des adultes et c'est le cas pour toutes nos productions.

 

3/ Comment avez-vous choisi ces romans parmi le grand nombre de voyages extraordinaires que Jules Verne a écrit ?

Pour les raisons précédentes et la cohérence et la structure de l'histoire ensuite.

 

4/ Etait-ce la première fois que vous utilisiez l’élément ‘‘cinématographique’’ pour l’une de vos créations ?

Oui, la première fois, ce qui n'a pas été simple car la technique de projection est assez difficile à gérer et nécessite une belle précision puisque que les films, les musiques et les textes sont enchevêtrés.

 

5/ Ces petits films ne montrent d’ailleurs que l’élément de transport et le déplacement de celui-ci dans le voyage. Y a t-il une signification à l’absence des personnages dans ces métrages ?

Oui, c'est basé sur le transport puisque cela illustre le désir du départ, du retour à la maison et toutes les idées sont les bienvenues. Nous sommes partis des gravures des éditions originales de Hetzel. Je souhaitais avoir ce grain, ne pas chercher à faire du racolage mais à rester fidèle à l'univers de Jules Verne. Ces films n'ont pas vocation à illustrer les collégiens. Ce sont des rêves impossibles symbolisant leur fuite, mais qu'ils savent bien irréels, donc ils ne s'y voient pas...
Le seul personnage que l'on aperçoit, c'est dans le Nautilus... mais c'est furtif et mystérieux. Ce film est comme une histoire racontée par les plus grands la première nuit sur l'île pour endormir les plus petits.

 

5/ Vous êtes une grande lectrice de Jules Verne. Vers quels romans vont vos préférences ?

Je suis très touché par Le voyage au centre de la terre. J'ai trouvé extrêmement truculents les récits inédits tels que San Carlos, les aventures de Pierre-Jean, Le mariage de M. Anselme des Tilleuls... (Cherche Midi), les poésies inédites, La Pérouse et les navigateurs français (Zulma)... et évidemment les ouvrages les plus connus.
J’ai passé 6 mois à dévorer tout Jules Verne en ayant toutes les peines du monde pour trouver tous les ouvrages. J’ai donc pris tout ce que je pouvais quelque soit l'édition. J’ai la chance d'avoir quelques éditions Hetzel, premier Jet, dont j'ai adoré les gravures. J’ai été déçue par quelques éditions qui s'étaient permis des coupes (sacrilège!) comme les rééditions Hetzel!

Quand je lis, je suis sensible à la taille du livre et à la qualité du papier mais là j'ai surtout fait avec ce que j'avais pu trouver. Je ne suis pas collectionneur de romans. Par contre pour le théâtre, je cours les éditions (celles dans lesquelles je travaille, celles dans lesquelles je lis et celle que je garde précieusement dans ma bibliothèque...).
Je suis surtout une grande lectrice de théâtre et j'oriente mes lectures en fonction de mes créations. Actuellement je suis en plein 19ème pour une opérette d'Hervé pour le Choeur de jeunes filles et jeunes hommes de l'Opéra de Paris... vous voyez, les univers se bousculent...

 

6/ Y aura-t-il d’autres représentations de cette pièce ?

Pour l'instant nous sommes sur une autre création, mais cette pièce est en attente de tournée. Nous sommes en réécriture d'une des parties musicales. Je serai ravie de vous informer de toute reprise.
Cette pièce a été un des tournants majeurs de notre école. Je crois que nous n'étions jamais allés aussi loin dans l'interprétation, les apprentis ont été tous très bouleversés par cette aventure.

 

Karin Catala, je vous remercie encore de nous avoir accordé ce petit entretien. Nous nous ferons une joie de communiquer à nos lecteurs les dates et les lieux des prochaines représentations de votre pièce



2007-10-01

Galerie : décor dessiné par Agnès Caillou et infographie de Christian Bourdin.


Galerie

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