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L'histoireL'action de ce drame se déroule au fond de l'océan. Vêtus de leurs scaphandres, deux plongeurs découvrent le spectacle effroyable d'un navire ayant fait naufrage. Au milieu des débris de l'épave, gisent les corps d'un marin, d'une femme et d'un enfant. Près d'eux se trouve un coffret remplit de pièces. L'un des plongeurs voyant cette fortune à porter de mains, prend dans les siennes la hachette dont il est équipé, et assène un coup du tranchant de l'instrument sur l'arrivée d'air du scaphandrier qui l'accompagne. Celui-ci n'étant plus alimenté en oxygène, il rejoint les corps sans vie des trois noyés. L'assassin s'empare alors de son butin et remonte à la surface...A propos de cette œuvreFerdinand Zecca (1864-1947), illustre producteur et réalisateur des studios Pathé Frères, ainsi qu'acteur à ses débuts, réalise ici l'adaptation d'un texte écrit en 1877 par Richard Cortambert (1836-1884). Ce dernier était auteur d'ouvrages éducatifs sur la géographie, ainsi que de textes ethnographiques, notamment pour L'Illustration. Il écrivit cette histoire qui fut adaptée sous la forme d'une pièce en 5 actes et 6 tableaux par le dramaturge et metteur en scène Ferdinand Dugué (de celui-ci quelques pièces écrites avec Anicet-Bourgeois seront adaptées sur le petit et le grand écran, telles La bouquetière des Innocents ou La fille des chiffonniers). L'une des dernières adaptations de cette pièce, le fut par le théâtre de papier de la compagnie Pollidor, compagnie de la ville de Preetz en Allemagne, sous la mise en scène de Dick Reimers.Si certaines listes rassemblant les adaptations cinématographiques de Jules Verne notent Un drame au fond de la mer comme une adaptation de Vingt mille lieues sous les mers, c'est peut-être à cause de son titre évocateur, mais aussi parce que Ferdinand Zecca adapta également Les enfants du capitaine Grant (1901), A la conquête de l'air (1901), ou encore une Excursion dans la Lune (1909, s'inspirant du Voyage dans la Lune de Méliès). De même, certaines sources font une confusion entre Un drame au fond de la mer (1901) et Le pêcheur de perles (1907) réalisé également par Ferdinand Zecca. En effet, Le pêcheur de perles est un film qui s'inspire de par ses naïades du Vingt mille lieues sous les mers de Georges Méliès, sans en conserver toutefois les quelques échos verniens. ![]() L'expédition arrivant dans la zone où le câble a rompu lors des précédents essais, Henri de Sartène ne voit qu'une seule solution : accompagner physiquement le câble au fond de l'océan, pour ainsi le déplacer manuellement s'il se pose en quelque endroit pouvant lui faire défaut. Avec ses deux compagnons et Dick, un marin plus expérimenté, Henri de Sartène décide alors de descendre en tenue de scaphandriers, pour la première fois, à plus de 3000 mètres au dessous des flots. Mais le jeune ingénieur en chef ne remontera pas à bord, Dick ayant été témoin de son assassinat pendant l'exploration d'une épave où la mort était encore présente. En effet, sans distinguer le visage du tueur caché par le casque du scaphandre, il a vu celui-ci asséner un coup de hache sur le tube d'arrivée d'air d'Henri de Sartène, et s'emparer d'une cassette remplie de pièces que ce dernier avait découverte. Trop éloigné pour être aperçu, il est remonté peu après sur l'Argos, confiant au capitaine l'horrible vision qui s'était offert à son regard. Une question se posa alors. Qui de l'abrupte William Norton ou du paisible George Stevens était le tueur ? La mission terminée avec succès, et de retour en Irlande, Norton est arrêté. Tout semble l'accuser, sa personnalité indépendante et le peu de respect qu'il voue à ses supérieurs et à l'autorité en général, sa dispute avec Henri peu avant de plonger au fond de l'océan, les soupçons de Dick et du capitaine, ainsi qu'un avertissement qu'avait reçu Henri sur son ami. Le procès soulignera également que Norton n'était pas croyant, ce qui au regard de certains étaient déjà un écart de conduite. Jugé coupable, l'exécution a lieu, mais au dernier moment elle est interrompue, mettant à la connaissance du lecteur un rebondissement qui permettait de mettre en relief les courants du Golf Stream. En effet, Henri de Sartène était revenu du fond des mers et bien vivant. Il avait vu son assassin, celui que personne ne soupçonnait. On émettra ici un doute quant à l'accusation porté sur Norton, car même si ce qui lui était reproché plus haut était la stricte vérité, cela n'en faisait aucunement une source de preuves, d'autant plus qu'il n'était pas seul sur le lieu du crime. Ainsi son arrestation puis son jugement semble quelque peu sans fondement. L'auteur aurait pu créer une autre preuve, moins faillible, mais alors cela aurait été peut-être à l'encontre de sa démarche qui consistait à montrer que la justice pouvait se contenter des apparences. La dernière scène pourra également surprendre. Tout au long de cette aventure de nombreuses références inspiratrices furent distillées. Seront par exemple présentes lors d'une assemblée de la Société de navigation, des personnalités telles Nadar, Flammarion ou Jules Verne lui-même. Norton évoquera également le duel ayant opposé Giliatt à la pieuvre dans Les travailleurs de la mer de Victor Hugo. Avec cela, Richard Cortambert s'inspire pleinement de tous les procédés narratifs utilisés par Jules Verne, et lui emprunte également ses traits d'humour, sans toutefois apporter une certaine épaisseur à son aventure. L'image, ou plus exactement la gravure sur bois illustrant cet article, représente la scène du 3ème acte accompagnant le texte de la pièce de Ferdinand Dugué. On retrouve ce dessin dans le texte original de Richard Cortambert imprimé dans le premier numéro du Journal des Voyages et des Aventures de Terre et de Mer en juillet 1877, se poursuivant en 19 chapitres jusqu'au n°18, en novembre 1877 (un seul autre dessin illustre cette histoire à la page 76 de cette publication). Entre écrits de fiction et articles sur la géographie du monde, on pouvait trouver également dans cette revue hebdomadaire et populaire d'une quinzaine de pages, une série d'études géographiques sous l'intitulé évocateur de Le Tour de la Terre en quatre-vingts récits. Cette gravure était le fruit du grand artiste Daniel Vierge (1851-1904) qui parmi un nombre considérable d'ouvrages et de magazines, illustra l'édition de 1876 du roman Les travailleurs de la mer (1866) de Victor Hugo, et où l'un de ses dessins représentait Giliatt luttant contre une pieuvre. Lire à cet égard l'excellent article L'année Don Quichotte et Daniel Vierge signé par Markus Osterwalder [http://www.dictionnaire-des-illustrateurs.com/] brossant le portrait de cette illustre artiste. Pour en revenir à Victor Hugo et son roman Les travailleurs de la mer, il est indéniable que Jules Verne, immense adorateur du poète, fut marqué par cette oeuvre, ainsi que l'une, si ce n'est la première des apparitions d'une pieuvre dans la littérature française. Ne retrouve t-on pas le roman sur une étagère de la bibliothèque du Nautilus, auprès entre autre de ceux de George Sand, qui pour cette dernière, par l'entremise d'un courrier où elle exprimait son admiration à l'écrivain, amena Jules Verne vers cet élément qu'il n'avait alors effleuré qu'en surface. Jacques Romero, 05/2007 Remerciement à Mr Wilfrid-Emmanuel Marty [http://www.galaxidion.com/marty/] pour l'image illustrant cet article. La nouvelle Un drame au fond de la mer est disponible sur Gallica, le site de la Bibliothèque Numérique de la Bibliothèque Nationale de France, dans le périodique Journal des Voyages et des Aventures de Terre et de Mer, du n°1 au n°18, entre les pages 8 et 288.
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