TV

The Mysterious Island (Mark Sheppard, 2012)


The Mysterious Island (Mark Sheppard, 2012)
titre original :The Mysterious Island
type :téléfilm
année :2012
pays :États-Unis
réalisation :Mark Sheppard
scénario / adaptation :Cameron Larson
musiques :Kenneth Hampton
interprètes :Gina Holden, Lochlyn Munro, Pruitt Taylor Vince, Susie Abromeit, Mark Sheppard, W. M. Sheppard
producteur :George M. Kostuch, Matt Keith, Cameron Larson
studio :K2 Pictures, Leverage Entertainment
site web :https://sites.google.com/site/julesvernesthemysteriousisland/home


A propos de cette œuvre

The Mysterious Island – Sheppard, père & fils

Les créateurs de cette adaptation ont désiré rester fidèle à l'esprit du roman, du moins l'ont-ils tenté sincèrement, bien que cela soit peu marquant, et quoiqu'il reste relativement peu de chose de ce dernier sur la pellicule. En effet, la majeure partie de l'intrigue est fortement portée du côté du fantastique puisque sur l'île, outre les naufragés de l'air fuyant leur condition de prisonniers par les confédérés, on découvre plusieurs épaves issues de différentes époques ayant été transportées en ce lieu comme la montgolfière et son équipage via une brèche spatio-temporelle. Cela est notamment le cas des sœurs Abby et Julia Fogg (petit clin d'oeil à Phileas) venant de notre présent : elles se sont écrasées sur l'île alors qu'elles survolaient en avion – un petit bimoteur – la région des Bermudes, et plus particulièrement le fameux triangle. Livrés à eux-mêmes en cette île dont les abords sont gardés par une pieuvre géante empêchant toute fuite, les survivants devront affrontés divers dangers de mort, à la fois contre des pirates et d'effrayantes créatures, mais aussi contre l'île elle-même, son volcan se réveillant... L'unique espoir semble venir d'un mystérieux capitaine qui a fait de cette île sa résidence. Celui-ci est interprété par William Morgan Sheppard apportant au personnage une certaine gravité, tout en étant plus proche de l'humanité que le Nemo de Jules Verne dans Vingt mille lieues sous les mers, et de fait ressemblant beaucoup plus à celui de l'île Lincoln. Sa demeure est par ailleurs de style coloniale des états sudistes bien qu'au début de l'aventure on ne sache pas à quelle époque appartient ce lieu, et de plus le costume qu'il porte est un uniforme ayant quelques accointances avec celui des confédérés. Le tournage eut lieu justement à Bâton-Rouge (où se situe les studios de K2 Pictures produisant ce téléfilm), la capitale de la Louisiane, et c'est peut-être également un clin d'oeil au rôle que Sheppard interpréta en 1993 dans le film Gettysburg. Ce capitaine Nemo nous apprendra ainsi qu'à ses hôtes que c'est lui qui, pour échapper à une pieuvre géante pouvant retenir le sous-marin en un seul de ses tentacules, a ouvert une brèche spatio-temporelle grâce à la technologie dont est conçu son Nautilus, mais que celui-ci est devenu depuis inutilisable... On notera encore que, sans y voir de ressemblance, les créatures anthropomorphes peuplant l'endroit rappellent quelque peu dans leur apparition celles de l'île du docteur Moreau ou de quelques autres êtres ornant les films verniens de Juan Piquer Simón ou encore de quelques autres productions du genre comme celles de Kevin Connor. En fait, on apprendra de leur ancien capitaine que ce sont les membres de l'équipage du Nautilus qui au fil du temps, et étant prisonniers de l'île, se sont transformés en des êtres dépourvus d'humanité, un peu comme ce que devient l'équipage d'un certain Dr. Hans Reinhardt dans Le trou noir, oeuvre cinématographique disneyenne faisant également référence au capitaine Nemo et son Nautilus.

Hélas, bien que d'un aspect divertissant, ceci étant le but d'une telle production, la réalisation manque d'une certaine consistance, de même que la mise en scène est peu étoffée, et que le scénario de Cameron Larson aurait également gagné à être beaucoup plus attractif. Ce dernier avait précédemment signé l'écrit du film Xtinction: Predator X / Jurassic Predator produit comme Mysterious Island par K2 Pictures – studio spécialisé dans ce genre de productions que l'on peut qualifier de type ''nanar'' – et où jouait notamment Mark Sheppard, ainsi que Lochlyn Munro, le Cyrus Harding alias Cyrus Smith de Mysterious Island. De plus, les personnages manquent d'épaisseur dans leurs caractéristiques et leur personnalité, le jeu des acteurs dans l'ensemble assez peu convainquant n'arrangeant pas cet état (William Morgan Sheppard offre tout de même une honnête prestation). Cela est peut-être du au relatif manque d'expérience quant à la direction d'acteur de Mark Sheppard – il s'y essaie ici pour la seconde fois – dont nous apprécions tout de même son enthousiasme à communiquer sur son ouvrage. A cet égard, selon ses propos, il semble avoir pris grand plaisir à diriger son père parmi la troupe de comédiens (comme il le fit en 2001 dans le film Room 101), ainsi qu'à mettre en oeuvre cette production, qui selon encore notre appréciation a semble-t-il manqué cruellement de moyen. Pour conclure sur une note amusante concernant ces petites critiques, on peut encore écrire que ce téléfilm qui se veut d'aventures et d'actions manque de rythme, alors que Mark Sheppard exploitait cet élément au début de sa carrière artistique quand il était musicien, et qu'il fut un temps le batteur du groupe Light A Big Fire comme on peut le voir sur cet extrait du clip Mr Twilight datant de 1986, et où on peut lui trouver quelques traits physiques s'accordant à ceux d'un Robbie Williams...

Ainsi de l'acteur Mark Sheppard, que l'on apprécie beaucoup pour divers rôles de ''méchants'' dans lesquels il excelle dans des séries télévisées depuis sa fabuleuse interprétation de l'incendiaire dans X-Files à celui de ce diable de Crowley dans Supernatural, en passant entre autres par Médium et 24 heures chrono, on espérait peut-être une adaptation correspondant un peu plus à la forme de son jeu qu'il transmet aux personnages qu'il incarne, et donc à ce qu'il représente ainsi au travers des diverses séries auxquelles il a participé. Mais cela n'est pas le cas, le métrage étant juste satisfaisant dans le strict cadre de sa production et de son genre. Si le résultat n'est pas à la hauteur de nos espérances, Mark Sheppard a tout de même pris plaisir de son côté à oeuvrer sur un tel projet et à interpréter ici un jeune capitaine Nemo dans une séquence de flashback, alors qu'il y dirigeait son père William Morgan Sheppard dans le rôle dudit capitaine ayant quelques décennies de plus. Encouragé par l'ouvrage fourni et le succès de sa diffusion, Mark Sheppard envisagerait une suite qui, souhaitons-le si elle a lieu, pourrait lui permettre d'améliorer sa vision de la mise en scène. Il a de fait quelques idées bien précises, voyant cela même avec deux autres métrages où l'on pourrait apprendre notamment que les anciens hommes d'équipage du capitaine Nemo seraient les ancêtres des Morlocks, et faire ainsi comme un croisement avec l'univers de H. G. Wells et de sa machine à explorer le temps. Celui-ci justement nous dira ce qu'il en est en temps voulu...

Jacques Romero, 04/2012

<< liste des œuvresvisite du Nautilusvisite du Nautilus