A propos de cette œuvreLe chant des abysses, œuvre théâtrale, s’inspirant quelque peu du roman de fiction Vingt mille lieues sous les mers de Jules Verne, repose pour une grande part sur les écrits et les travaux scientifiques que sont Vingt mille vies sous les mers de Lucien Laubier (Ed. Odile Jacob, 1992), La Vie dans les Abysses de Patrick Geistdoerfer (Ed. Pour la science, 1995), ainsi que sur les Études des chercheurs de la Station Marine de Wimereux et des professionnels de l’Ifremer.C’est donc entre rêve et réalité que nous convie la Compagnie des Mer du Nord. Rêve apporté par la présence du héros mythique créé par Verne, et réalité issue des connaissances actuelles que les sciences des fonds marins nous apprennent. Ainsi, le capitaine Nemo et une jeune océanographe prénommée Océane se partagent cette aventure écrite par Elsa Myleene et mis en scène par Brigitte Mounier. Prenant place à bord d’un bathyscaphe de l’Ifremer, ils ont pour mission de rapporter les informations qu’ils auront puisées au gré de leurs observations. De la sorte, nous étudierons par leur entremise et en leur compagnie, les divers aspects scientifiques que recèlent ces lieux, comme l’étude de la tectonique des plaques sous l’analyse de la lithosphère et de l’hydrosphère, ou bien encore le biotope. Puis, tout en s’enfonçant dans les profondeurs océaniques, lieux qui virent naître les premières formes de vie terrestre, ils remonteront le temps, et débattront sur les diverses théories de la création du monde. Brigitte Mounier La comédienne et metteur en scène Brigitte Mounier a étudié l’art de la scène à l'Ecole du Théâtre National de Strasbourg. Celui-ci était alors dirigé par Jean-Pierre Vincent de 1975 à 1982. L’enseignement qu’elle y reçoit de ce dernier lui permet de s’affermir dans cette discipline. Elle va alors commencer à la fin des années 70 sa carrière artistique, égrenant sur les planches ses talents de comédienne, cela jusqu’au début des années 90. Puis, toujours dans une perspective scénique mais quelque peu différente, elle est engagée dans le cirque de Jean Richard où elle officie au trapèze. Elle débarque ensuite à Dunkerque, en 1995, pour créer l’année suivante la Compagnie des Mers du Nord, où elle met en scène des pièces contemporaines et quelque peu engagées, tout en désirant au-delà de la scène conserver une certaine proximité avec le public. Jacques Romero, 11/2007 ~ Interview ~Entretien avec Brigitte Mounier, décembre 2007
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Dans votre pièce, mis à part la présence du capitaine Nemo, qu’avez-vous
conservé du roman de Jules Verne ? J'ai
conservé le dépassement de la dernière limite connue. L'idée que la science n'a
pas encore dit son dernier mot et donc, il y a encore l'espace de découvrir du
fantastique. Également les descriptions de l'ivresse des grands fonds, qui chez
notre personnage Nemo/Haddock remplace volontiers l'ivresse de l'alcool. Oui, Nemo est resté chez nous Misanthrope et .......machiste. La surprise de la fin, c'est que notre jeune scientifique qui l'accompagne finit pas enlever sa salopette jaune Ifremer, cela après une évolution à rebours (sa queue pousse) et quelques borborygmes dignes du "phone home" (celui du film E.T. l’extra-terrestre). Elle rejoint alors sa famille primitive, les femmes poissons, les sirènes.
Il a
paru indispensable d'ouvrir le propos scientifique vers une fiction
intemporelle mais plausible. Les 11 000 mètres sont la dernière limite
connue aujourd'hui ; la science n'est pas un dogme fini, elle accepte la
possibilité qu'on puisse découvrir encore... Jules Verne porte en ce texte
cette idée là : le fantastique est peut-être scientifique. Nous avons utilisé plusieurs extraits de la bande son de Nausicaa (le Centre National de la Mer à Boulogne-sur-Mer). Le compositeur a travaillé avec plusieurs enregistrements live des fonds sous marins à bord d'un navire en Océan Indien. Nous avons également employé des dialogues enregistrés en fond, dans le Bathyscaphe de l'Ifremer, au cours de leurs descentes.
Oui,
c'est bien le squelette d'une baleine (pour mêler tous les imaginaires
et aussi avoir peu de place physiquement pour les occupants/acteurs),
c'est aussi Moby Dick, mais surtout un mammifère marin. L'homme
retourne dans la matrice pour s'enfoncer dans le placenta originel et retrouver
son origine. Il y a aussi l'idée du cimetière des éléphants qui est venue
parfois. Aller mourir là où on se sent le plus à l'abri, dans le ventre de la
mère/mer.
Tout
était dans le texte et le jeu, mais l’élément dramaturgique/scénique essentiel
était la lumière. Nous avions un cyclo et un éclairagiste génial qui a restitué
toutes les nuances de vert, de bleu,
bleu noir, noir lumineux et d’autres encore. La lumière était en mouvement tout
le temps et créait un sentiment peu à peu d’enfermement dans la beauté. Cela
n’est pas évident à décrire. Je
m'insurge contre de qualificatif de "social" pour décrire mon
théâtre. J'utilise et préfère de loin le terme de "politique".
Rappeler
que la mer est source de la vie, de vie, de nourriture et de poésie n'est hélas
pas inutile. C’est
sur ces bien belles paroles que nous remercions à nouveau Brigitte Mounier, de
nous avoir accordé un peu de son temps, pour répondre à ces quelques questions. 2008-01-07
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