TVL'Île Mystérieuse (Pierre Badel, 1963)

Le Nautilus (Michel Hennique) - L'Île Mystérieuse (Pierre Badel, 1963)Le Nautilus (Michel Hennique)Le capitaine Nemo (René Arrieu) - L'Île Mystérieuse (Pierre Badel, 1963)Le capitaine Nemo (René Arrieu)


A propos de ce Nautilus / capitaine Nemo

Le capitaine Nemo, apparaissant à la fin de cette aventure, est interprété par René Arrieu (1924-1982), grand acteur de théâtre de la Comédie-Française, où il entra en 1957, pour y devenir en 1970, le 447ème Sociétaire. Au Conservatoire, où il fit ses classes jusqu’en 1946, il eut deux grands maîtres : Julien Bertheau, puis André Brunot. Sur les planches, il joua notamment les tragédiens avec des rôles tels celui de Maxime dans Cinna de Pierre Corneille, où dans le théâtre de Jean Racine, interprétant Bajazet dans la pièce homonyme, Pyrrhus dans Andromaque, Abner dans Athalie, ou encore dans des rôles de confidents, tels Théramène dans Phèdre, ou Burrhus dans Britannicus. Il jouera pour bien d’autres illustres auteurs, des classiques comme Molière, William Shakespeare, Paul Claudel, Alfred de Musset ou Victor Hugo, et parmi ses contemporains, Jean Anouilh ou François Billetdoux. Il eut également quelques rôles au cinéma, ainsi que pour le petit écran, où il interpréta notamment pour ce dernier, en 1961, le rôle de Darius dans le mythique téléfilm Les Perses de Jean Prat. Il prêta également sa voix à quelques grands acteurs, tels Errol Flynn (Capitaine Blood, second doublage), Montgomery Clift (La loi du silence), Henry Fonda (Le faux coupable), Jason Robarts (Il était une fois dans l’Ouest), Walter Matthau (Charade), ou encore Charlton Heston (Major Dundee) et Lee Marvin pour une grande majorité de ses films. Il fit de même pour quelques personnages de dessins animés, de Bagheera dans Le livre de la jungle de Walt Disney, à Gimli dans Le seigneurs des anneaux de Ralph Bakshi, ou encore dans le domaine de l’animation japonaise où il doubla le président et l’empereur de l’espace dans Capitaine Flam, ainsi que Jean Valjean dans Les Misérables, téléfilm produit par Tôei en 1979.

Dans L’île mystérieuse, la prestation de René Arrieu arrive fort logiquement en fin d’ouvrage (contrairement à celle d’Omar Sharif dix ans plus tard), et elle est comme pour l’original, de courte durée, le temps au capitaine de conter son passé indien et le périple sous-marin qu’il a accompli avec son submersible, de dévoiler également les mystères qui entouraient les naufragés, et dont il était à l’origine. L’interprétation du comédien est des plus sobres, soulignant la fatigue, autant morale que physique du personnage qui, épuisé par celle-ci, sent ses forces l’abandonner. Sa prestance pour ce rôle est quelque peu dans la continuité de celle de James Mason, dix ans plus tôt, dans le Vingt mille lieues sous les mers de Richard Fleischer, où les deux comédiens partagent une silhouette assez proche, enveloppée dans un vêtement analogue, de même qu’une barbe courte et soignée. On peut ajouter qu’en 1964, René Arrieu doubla James Mason dans la version française de La chute de l’empire romain d’Anthony Mann. Mais ce qui est le plus notable, et qui a eu quelque influence dans le choix de Claude Santelli, à choisir René Arrieu pour tenir ici le rôle du capitaine du submersible, outre ses talents de tragédiens, c’est fort probablement parce que l’acteur avait déjà endossé les traits et la personnalité de ce personnage, cela dès 1956, sur les planches, lors de la première de la pièce Nemo d’Alexandre Rivemale, sous la direction de Jean-Pierre Grenier.

A défaut de quelque moyen pour cette adaptation, la mort du capitaine Nemo n’est pas accompagnée par celle de l’île. Il n’y a donc pas d’urgence dans la fuite, mais sentant son existence s’éteindre, le maître du Nautilus demande à ceux qu’il a secouru, de le laisser seul dans son submersible qui deviendra son cercueil, ce qui était déjà quelque peu le cas, son abstinence à l’humanité en ayant fait un être qui n’attendait plus, en définitive, que cet ultime instant. Il aura pu toutefois réviser son jugement sur l’humanité, les naufragés lui ayant prouvé par leurs actes et pensées, que l’homme pouvait atteindre ce qu’il croyait perdu en eux.

Concernant le Nautilus, il est représenté par une maquette de forme cylindrique, assez simple, flottant à la surface de l’eau, dans un décor de grotte préfabriqué en studio, et filmé en direct. Lors d’un plan, on peut d’ailleurs apercevoir sur la paroi de la grotte, l’ombre d’un technicien faisant quelque mouvement. On notera également que lors de la visite dans le submersible, des poissons sont visibles au travers d’un hublot, ce qui semble être une légère erreur si l’on considère que le sous-marin ayant fait surface, ce hublot, selon sa situation, ne devrait plus être sous la ligne de flottaison. Mais ceci n’est en rien préjudiciable, d’autant que cela crée un petit effet des plus agréables. Petite originalité de la part du maquettiste, le Nautilus se voyait affublé à sa proue d’un éperon dont la forme faisait référence à celui que l’on trouvait sur la trière grecque, et sur certaines galères romaines qui en découlèrent. Cela lui conférait un léger aspect antique, ce qui convenait bien à un submersible baptisé d’un nom latin.



De la proue à la poupe

Malgré la dernière observation émise sur la proue de ce Nautilus, on peut toutefois avoir un doute sur son positionnement. En effet, si l'on observe la seconde scène où le sous-marin entre en submersion, on remarquera que cette manœuvre fait plonger le navire par l'extrémité se trouvant sur le coté droit de l'image, donc opposé à ce que nous qualifions de ressemblant à la proue d'une trière grecque. Quand un submersible naviguant en surface fait une plongée, au départ de cette manœuvre, celle-ci est accentuée à l'avant du bâtiment, ce qui de ce point de vue tendrait à voir la proue du Nautilus ici, sur le coté gauche de l'image. Toutefois, il faut remarquer également que le submersible est à l'arrêt, et qu'une submersion dans cet état se fait sensiblement active sur toute la longueur du sous-marin, ou tout du moins n'est pas aussi prononcée que dans cette scène où la maquette ''pique du nez'' un peu trop rapidement.

Notre première observation se basait subjectivement sur un certain point de vue esthétique. Cette seconde considération plus technique repose sur l'analyse de l'action du mouvement du submersible. Mais il faut aussi considérer pour cette dernière, que la maquette, conçue pour ces quelques secondes de présence à l'écran, n'était peut-être pas élaborée au point de reproduire comme il se devait une véritable submersion. De même, comme une grande partie du tournage, sa manipulation a peut-être été filmée en direct, ce qui excluait de refaire cette scène, même si le résultat du mouvement de la maquette n'était pas exactement celui escompté. Toutefois, si l'on se réfère à la prise de vue de la caméra à l'intérieur du Nautilus, et à la disposition de quelques éléments qui s'y trouvent, on peut effectivement avoir l'impression que l'avant du bâtiment est tourné vers la droite de l'image.

A l'opposé de ce que nous avons qualifié dans un premier temps de proue à gauche de l'image, et que nous avons rapproché de la trière grecque, ce qui est alors considéré comme la poupe semble présenter comme une sorte de gouvernail, ou tout du moins y ressemblant. De plus, cette extrémité du submersible se termine au niveau de sa forme par un pointu, ce qui est en général le cas de la poupe d'un sous-marin. Ce dernier élément apparaît tout de même de manière bien trop sommaire et furtif pour nous donner l'occasion de nous prononcer catégoriquement entre l'une ou l'autre partie. Esthétiquement, la proue ornée d'un avant à la référence antique à toutefois notre subjective préférence, ce qui n'est pas à prendre comme une conclusion, mais seulement comme une impression première qui demeure avant tout axée sur la forme.

Nos remerciements à Mr Didier Jaffrédo qui nous a fait observer ce détail des plus pertinents concernant cette submersion, et nous a plongé dans un océan de doute quand à notre première observation.



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